lundi 2 février 2015

Voter républicain



Nous saurons demain soir quelle consigne de vote donnera l'UMP pour le second tour de l'élection législative partielle dans le Doubs. Nicolas Sarkozy, qui en est le patron, se grandirait en appelant à faire barrage à la candidate d'extrême droite. Ce ne sera pas voter socialiste, mais voter républicain. A l'heure où le FN est devenu le premier parti de France (momentanément j'espère), il y a urgence. Socialiste, j'ai voté deux fois à droite dans ma vie, dans des seconds tours, lors d'une présidentielle et d'une cantonale, à chaque fois pour faire barrage au Front national. Pourtant, celui-ci avait peu de chance de l'emporter, et j'aurais pu me réfugier dans une tranquille abstention. Mais non : on ne transige pas avec les principes ; aucune voix ne doit encourager, même indirectement, le vote d'extrême droite.

Je ne parle pas de front républicain, c'est une expression trop lyrique, trop polémique, et excessive. Je demande seulement à ce qu'on défende, naturellement, les valeurs de la République, que le FN conteste. Qu'on ne me dise pas, vicieusement, que je fais ainsi le jeu du Front national, en accréditant l'idée d'une UMPS : je ne me définis jamais par rapport au slogan faux, mensonger et provocateur de l'extrême droite. Quant à vouloir laisser les électeurs libres de leur choix, c'est une belle hypocrisie et une parfaite lâcheté : un grand parti de gouvernement prend ses responsabilité et se positionne clairement. Le ni ni est une bêtise. Les consignes de vote ne suppriment d'ailleurs nullement la liberté des électeurs, qui demeure pleine et entière en République. L'UDI a rapidement pris une décision exemplaire. Espérons que l'UMP fera de même. Jouer avec le feu, surtout quand la maison commence à brûler, c'est trop grave.

De ce premier tour, on a retenu la qualification du candidat socialiste, annoncé battu. Je suis certes soulagé, mais pas non plus réjoui : le PS perd énormément de voix et l'extrême droite arrive nettement en tête dans une terre de gauche. Ce que je retiens surtout de ce scrutin, c'est qu'une gauche divisée (elle avait cinq candidats) n'est pas forcément condamnée à la défaite (l'union, bien sûr, serait préférable). Je ne crois pas trop à un effet Charlie, difficilement mesurable. En revanche, le candidat socialiste était bien implanté, affichait un bon profil et a fait une bonne campagne. A la télévision, il était éclatant que le candidat UMP était moins bon.

Nous entrons dans une vie politique où le choix des citoyens se porte plus, dans des élections de proximité, sur des personnes que sur des lignes politiques (qu'on s'en réjouisse ou qu'on le déplore). On ne verra plus guère, maintenant, ce qui était assez fréquent autrefois : des candidats médiocres se faire élire quasi mécaniquement, portés par des vagues nationales. C'est d'ailleurs tant mieux, cela incitera les états-majors politiques à se donner des candidats de qualité, et par là même à renouveler la classe politique, qui en a bien besoin, tout parti confondu. Car l'extrême droite fait aussi son vinaigre de cette situation. En attendant, dimanche prochain, votons républicain.

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