lundi 16 février 2015

Etre présent



On peut définir l'action politique de différentes façons. Mais la définition a minima, c'est la simple présence dans la vie publique, les événements nationaux ou l'actualité locale. C'est l'exercice à plein temps de son mandat quand les électeurs vous en ont confié la charge, c'est la rencontre et l'écoute de ses concitoyens. Mais la présence la plus importante, préalable à toutes les autres, c'est de faire acte de candidature aux élections, c'est se présenter devant le suffrage universel, qui est le ferment de la démocratie.

Cette présence dans les élections mérite ce soir d'être rappelée, à l'heure où les listes départementales sont closes depuis 16h00 (nous connaîtrons demain dans la presse les titulaires et suppléants des différentes formations). Les petits partis n'ont pas les moyens logistiques et humains d'être partout présents. Ils sont dans une logique de témoignage, qui ne recherche pas vraiment la victoire. En revanche, les grands partis, en particulier les partis de gouvernement, se font un point d'honneur à présenter des candidats dans chaque canton.

C'est ce qu'a soutenu avec force Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du parti socialiste, le dimanche 1er février, à Paris, lors du rassemblement des secrétaires de section, auquel tout adhérent pouvait participer. Je le cite :

Les Premiers fédéraux font tout pour que nous ayons des candidats dans tous les départements et dans tous les cantons. Je sais qu'il reste encore quelques cantons sans candidats, très peu nombreux. Mon objectif : faire en sorte qu'au soir du dépôt des candidatures, le seul parti de France qui ait des candidats dans tous les cantons, sans exception, soit le parti socialiste. Cela participe de notre représentativité. Cette question de la présence des socialistes dans tous les cantons est essentielle.

Si Jean-Christophe Cambadélis insiste autant sur la présence socialiste dans tous les cantons "sans exception", c'est pour trois raisons fondamentales :

1- Etre présent, c'est confirmer son statut de parti de gouvernement, prouver qu'on a le sens des responsabilités. C'est défendre sur le terrain la politique nationale et les réformes en cours. C'est participer au débat public et s'opposer à la droite. Avoir des candidats, c'est pour un grand parti une question de crédibilité.

2- Etre présent, c'est mobiliser son électorat, lui donner l'occasion d'exprimer son soutien par son vote. L'absence à une élection est dramatique : les électeurs socialistes ne s'y retrouvent plus, sont plongés dans l'embarras, doivent accorder leur suffrage à des candidats qui ne sont pas socialistes ou bien s'abstenir. Le parti, par cette absence, y perd en crédibilité, en confiance et forcément en voix pour la prochaine fois. Un électorat se fidélise par une présence systématique à chaque scrutin, si possible avec une constance dans les candidatures, pour ne pas dérouter les électeurs avec des têtes nouvelles. Aucun argument ne peut déroger à cette règle (sauf bien sûr un soutien clair et nette, justifié et négocié à un autre candidat, pour des raisons tactiques ; mais les élections départementales n'entrent pas dans ce cadre, puisque son système de listes à quatre candidats permet l'union). Ne pas présenter de candidat, c'est compromettre de futurs victoires.

3- Etre présent, c'est un devoir dans la lutte contre l'extrême droite. Le PS est le parti le mieux placé à gauche pour mener ce combat, parce qu'il est le parti le plus puissant. Il se doit de ramener vers lui l'électorat populaire tenté et gagné par le Front national. De ce point de vue, son comportement doit être exemplaire. Laisser à d'autres le soin de mener ce combat, c'est non seulement un signe d'impuissance, un aveu de faiblesse, c'est une forme de lâcheté, doublée d'inconscience. Etre absent, c'est encourager l'électorat fragilisé à se réfugier dans le vote d'extrême droite, c'est renforcer le Front national.

Nous verrons bien demain si Jean-Christophe Cambadélis aura atteint son objectif : des candidats socialistes dans chaque canton de France. C'est une question de logique, de fierté et d'efficacité. Il n'y a que des socialistes qui peuvent porter les couleurs du parti socialiste. Et puis, finalement, être présent, c'est être vivant, c'est exister, en politique sans doute plus qu'ailleurs.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est bien de s'intéresser à la politique sous l'angle des partis politiques.
A l'étage au-dessus il y a LE Politique.
Qu'y voit-on ?
Des sociétés du 21ème siècle qui ont intégrées dans leurs gènes l'évidence qu'il n'y aura plus assez de postes de travail pour donner du travail à tous les humains.
Dans cette situation les élites de beaucoup de pays se dirigent sans le dire vers des sociétés à deux vitesses.
En ce qui nous concerne ce sera plutôt le modèle brésilien ou du moins un clone approximatif de ce modèle …
Une élite blanche ou si pas blanche hors sol (mondialisée dans son comportement et ses préoccupations) et d'autre part une masse de pauvres blancs, d'immigrés naturalisés ou pas etc.
Pour maintenir l'ordre une police équipée intervenant surtout pour que les élites ne soient gênées dans leur vie.
Bien entendu comme au Brésil cette évolution sera niée.

Anonyme a dit…

NB
« Les élites » au sens d'héritiers détenteurs d'un capital économique ET culturel permettant d’accéder au réseau des admissibles à la gouvernance des sociétés actuelles. Club moins ouvert qu'il y a un demi siècle dans la mesure où l'ascenseur républicain est devenu payant.

Anonyme a dit…

Dans le cadre évoqué par les deux premiers commentaires le choix d'un parti politique (domaine de la politique politicienne) devient accessoire/sans intérêt pour la majorité des citoyens.