mardi 4 février 2014

Revue de détail



Une réunion politique, ce n'est pas seulement des discours, un contenu, mais des tas de détails, d'anecdotes que personne ne voit et que mon oeil américain repère. Hier soir, en arrivant à la réunion de Michel Garand, dans la mairie-annexe rue de Ham, le panneau d'affichage à l'entrée de la salle était barré d'affiches ... du PCF : la faucille et le marteau, c'est aussi chez les camarades la colle et le pinceau ! En sortant, tout à la fin, le panneau était couvert d'affiches socialistes, comme un miracle.

A l'intérieur, Michel Garand ressemble à un député, mais le vrai, Emeric Bréhier, est en jean, tenue décontractée, sans cravate. A la table, pas de traditionnelle brochette des puissances invitantes : Arnaud Battefort, Stéphane Bizeau, Jacques Héry, Jean-Pierre Lançon, Jean-Luc Letombe, Michel Garand, tous présents sur le carton. Garand, Bréhier, Bizeau, trois à la tribune, c'est bien, ça suffit, et le public ne craint donc pas les discours à répétition.

En pro, Bréhier se lève pour parler et tout de suite, c'est frappant, sa voix et ses gestes me font penser à quelqu'un, mais je ne sais pas immédiatement qui, et puis ça me revient : Vincent Peillon ! Le secrétaire national à l'éducation a les mêmes intonations, une prononciation mouillée de certains mots, des mouvements de mains qui rappellent le ministre ! Le mimétisme en politique, c'est dingue. Il commence par une allusion au Courrier picard, sans le nommer, qui l'avait qualifié, dans ses échos de campagne, de "tête peu connue" : le camarade du national n'a pas trop aimé, mais il ne fait pas la tête, il garde le sourire (un pro, je vous dis).

Les trois intervenants, y compris l'invité, sont concis, ce qui est rare dans l'Aisne, où les discours politiques sont parfois affreusement longs. Dans la salle, au début, certains hésitent entre écouter les orateurs et lire le programme municipal qu'on vient de leur distribuer, et qui forcément attise la curiosité (je choisis personnellement la seconde solution). En cours de soirée, il y a parfois des paupières qui se ferment, mais je ne sais pas si c'est de fatigue ou de concentration. Quelques personnes prennent, sérieusement, des notes. D'autres ont gardé leurs manteaux, comme ces élèves en classe pressés de partir, ou alors des gens qui n'ont pas très chaud.

Dans ce genre de réunion, le premier rang est toujours intéressant à observer. Quelqu'un de normal, n'importe où, ne se met jamais spontanément au premier rang. Pour s'y asseoir, il faut le vouloir ou y être invité. Ce sont les plus politiques qui s'installent à cet endroit (d'où il est difficile pourtant de partir discrètement). Mais le fond de salle est tout aussi intéressant à observer. Deux jeunes gens, autour d'une table, à l'écart, comme s'ils ne faisaient pas partie de la réunion, s'affairent au dessus d'un ordinateur : des assistants d'Emeric Bréhier ? Non loin, très visibles, les deux seuls à rester debout : Jacques Héry, n°3 sur la liste municipale, et Stéphane Andurand, n°5, discutent (mais de quoi ?), surveillent (mais quoi ?).

Très vite, le public est invité à poser des questions ou à faire des commentaires. Jean-Robert Boutreux, du PRG, quitte la salle à plusieurs reprises. Comme il est le seul, on ne voit que lui : ce n'est pas l'appel de la prostate, mais du portable. Jean-Pierre Lançon, secrétaire de section, se lève pour prendre la parole (les autres intervenants restent assis). Sa forte voix capte très vite l'attention. Il fait un tour sur lui-même, comme un derviche tourneur, jette un coup d'oeil du côté des journalistes, qui ne sont plus là. Tout à la fin, à la limite de la clôture de séance, Jacques et Stéphane semblent en compétition pour dire un dernier mot. Jacques débute en disant qu'il veut "rebondir sur Jean-Pierre Lançon", ce qui déclenche les rires (dans ma tête, je les imagine en sumos ou bibendums).

Quand c'est terminé, que Michel Garand a à peine fini de conclure, des gens déjà se lèvent et ne tardent pas à partir. Aucun pot de l'amitié ne les retient. Moi-même, je file (j'ai l'habitude de cette réaction : maintenant, c'est comme ça, les gens ont des tas d'autres choses à faire). Pourquoi vous livrer tous ces détails inutiles, amusants ou dérisoires ? Parce que s'ils n'étaient pas là, s'ils ne me distrayaient pas, est-ce que je consacrerais deux heures de mon existence à écouter des discours et des interventions que je connais par coeur ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

25Ne trouvez vous pas un peu triste qu'il n'y ait pas eu plus de monde à cette premiere réunion de campagne ?

Emmanuel Mousset a dit…

Je ne suis jamais triste en politique ; je prends les choses telles qu'elles sont. Et puis, les chiffres de participation, c'est très relatif. Enfin, ce n'est qu'une première réunion.