mercredi 12 février 2014

Il n'y a qu'une seule politique



En ce début de campagne des élections municipales, l'aile gauche du parti socialiste vient de publier une tribune dans laquelle elle affiche son désaccord avec la politique gouvernementale. Ce texte est notamment signé par Anne Ferreira, membre du Bureau national du PS, c'est-à-dire la plus haute instance dirigeante du parti.

Le titre même suffit à me faire condamner la démarche : "Il n'y a pas qu'une seule politique possible". Mais si, il n'y a qu'une seule politique possible : celle du candidat Hollande en 2012, voulue par les Français à travers leur vote majoritaire, appliquée depuis lors par le gouvernement. Dans le parti, surtout à l'approche d'une élection, il n'y a qu'une seule politique à défendre, une seule politique possible ou concevable.

Un parti politique n'est pas un club de pensée où l'on disserte théoriquement sur des politiques "possibles" : c'est une organisation militante qui soutient son gouvernement et sa ligne politique. Quand viendra le temps du congrès, des motions seront déposées, discutées et adoptées. En attendant, il faut se battre contre les adversaires, pas discutailler entre nous.

Je retiens quatre points dans ce texte présenté par l'aile gauche :

1- Le rejet du pacte de responsabilité, qui est pourtant un acte fondateur de la politique gouvernementale. Les 30 milliards d'euros d'exonérations aux entreprises sont nécessaires pour relancer l'emploi. L'aile gauche doute, n'y croit pas, s'inquiète. Pas moi : la baisse des charges et du coût du travail est un élément important pour favoriser la création d'emplois. Et si la droite dit la même chose, ça ne me dérange pas, je n'en éprouve aucun complexe : ce qui compte, ce sont les résultats, et pas de chercher à se définir ou à se distinguer par rapport aux autres.

2- La critique des 50 milliards d'économies dans la Fonction publique. Pourtant, qui peut croire qu'on peut laisser filer la dépense, se creuser les déficits ? On ne défend pas le "modèle social français" en ne prenant pas à bras le corps le problème de son financement, qui sape les bases de son existence même. Oui, il y a des économies à faire, un peu partout, il y a des abus, des gaspillages, des dépenses inutiles : au nom de quoi la gauche ne s'y attaquerait pas ?

3- Le texte de l'aile gauche demande à ce que le parti socialiste soit "le relais des aspirations mais aussi des mécontentements". Non, notre parti n'a pas à être la voiture-balai de tout ce qui traîne dans la société. Nous n'avons pas à être le réceptacle, la chambre d'écho et encore moins d'enregistrement de toutes les contestations possibles et imaginables. Le parti socialiste doit être une voix, pas essentiellement une oreille. On ne va tout de même pas être le "relais" des bonnets rouges ou des anti-Hollande !

4- Le texte préconise le rassemblement de la gauche, jusqu'au PCF et à Jean-Luc Mélenchon. Certes, l'union c'est très bien, c'est même indispensable, mais ça ne doit pas devenir une ritournelle qui tourne sur elle-même, à vide : de fait, Mélenchon condamne violemment la politique du gouvernement et les dirigeants du parti socialiste. Je le déplore, je préférerais qu'il en soit autrement, mais ça ne m'empêche pas non plus de dormir, ni ne me gâte l'appétit. Je prends les choses telles qu'elles sont : la désunion n'est pas le fait du PS, mais du Parti de Gauche, et dans une moindre mesure du PCF, qui ont fait d'autres choix politiques que les nôtres, qui ont pris leurs responsabilités. Ce sera, comme toujours en démocratie, aux électeurs de juger.

Je comprends les hésitations, les réticences et les critiques de mes camarades de l'aile gauche. Le fond du problème, c'est qu'ils ne sont pas de culture social-démocrate, alors que la politique du gouvernement est social-démocrate. Ils le vivent mal, c'est logique. Mais quand on ne se sent pas bien quelque part, on en tire les conséquences. Le pire, c'est le ressentiment, la haine de soi, en être sans en être.

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