mardi 25 février 2014

Garand en grand



Michel Garand, tête de liste socialiste aux élections municipales à Saint-Quentin, a organisé hier soir sa troisième réunion de quartier, dans l'ex-MJC Pablo Neruda, à Europe. C'était l'occasion pour lui de reprendre, de développer et de préciser son programme. Parmi le public attentif, quelques personnes prenaient consciencieusement des notes et un monsieur au milieu filmait. L'intervention du candidat a duré trois quarts d'heure. En voici la teneur :

La réforme des rythmes scolaires n'est pas ce qui empêche une baisse des impôts (réponse à Xavier Bertrand, qui affirmait le contraire dans L'Aisne nouvelle de samedi). Il y a des aides de l'Etat et de la caisse d'allocations familiales : la Ville perçoit 103 euros par élève.

En matière d'emploi, la Ville de Saint-Quentin n'use pas suffisamment des clauses sociales dans les marchés publics (huit fois et demi moins que dans la moyenne des villes). Les contrats d'avenir ne sont pas utilisés.

Les impôts locaux ne doivent pas augmenter, même si les dotations d'Etat diminue.

Le projet municipal sera financé à moyens constants, mais par redéploiement des attributions. Ainsi, la subvention annuelle de MATELE (800 000 euros) ou celle du gala de boxe (500 000 euros) seront utilisées autrement.

Les transports publics seront gratuits pour les personnes âgées, et la gratuité pour tous n'est pas à terme exclue, comme dans certaines villes.

La zone franche, qui s'arrêtera à la fin de l'année (mais les exonérations continueront pendant 9 ans), a déplacé les activités plus qu'elle n'en a créé de nouvelles. Elle a entraîné des inégalités entre les quartiers et désertifié le centre-ville (28 professions libérales avant la création de la ZF, un seul médecin aujourd'hui). L'animation du centre en a été affectée. Les zones sensibles seront retravaillées, une galerie commerçante créée et les halles modernisées.

Un espace de compétitivité, dans le quartier Europe, soutiendra financièrement les projets des jeunes, afin de susciter de l'activité (5 000 à 10 000 euros ).

Les associations seront aidées, d'abord par la réfection des bâtiments où elles se réunissent (salle Foucauld, par exemple, datant des années 60). Le transport des enfants participant à des manifestations sportives aux alentours sera assuré par des véhicules municipaux (8-9 places), mis à disposition. Le coût sera défalqué de la subvention.

En réponse à Xavier Bertrand qui, dans L'Aisne nouvelle, avait proposé de nouvelles formes de démocratie locale, notamment un changement dans le fonctionnement du conseil municipal, le maintien en l'état a été réaffirmé (pas de participation du public). En revanche, un forum annuel du monde économique et associatif sera organisé.

L'art et la culture seront favorisés, en particulier par la création d'un festival des arts de la rue et, pourquoi pas, un festival de l'accordéon. La plage de l'Hôtel de Ville et le village de Noël seront préservés, et une grande animation par saison sera proposée dans le centre-ville. Une Cité des sciences et de la découverte permettra de valoriser l'histoire des techniques liée à Saint-Quentin. En revanche, le projet d'une Silicon Valley de la robotique numérique, jugé trop prétentieux, n'est pas retenu (c'est un projet défendu par Pierre André et Xavier Bertrand). Le robot Nao ne doit pas être pris comme modèle, parce qu'il n'est pas propre à Saint-Quentin.

L'intervention de Michel Garand a été suivie de réactions du public :

Jean-Pierre Lançon, actuel chef de file de l'opposition municipale, est intervenu plusieurs fois, en s'excusant d'intervenir plusieurs fois. Il a d'abord dénoncé la précipitation dans laquelle la subvention avait été accordée à MATELE (avant mars 2013, pour ne pas entrer dans les comptes de campagne). Il considère que les 500 000 euros versés à l'association de Pascal Cordier pour les événements culturels et sportifs doivent être repris, la Municipalité faisant mieux et à moindre coût. Le budget communication, qui s'élève à 1,3 millions d'euros, pourrait être baissé de moitié, l'économie étant par exemple reversée aux écoles. Jean-Pierre Lançon a qualifié le petit robot Nao de "piège à cons de Pierre André" et a ironisé sur sa vision planétaire, en estimant qu'il ne fallait pas faire rêver les gens avec du faux. Il a parodié Xavier Bertrand en se levant, serrant la main à quelqu'un et embrassant une autre personne, en prononçant cette formule : "J'te la prends, j'te la s'coue, j't'embrasse", censée caricaturer la propension du maire à saluer ses administrés. Sur la communication, il a lancé un retentissant "J'm'en fous que Saint-Quentin soit connu à Paris", et concluant par un définitif "Il est mal barré" (Xavier Bertrand, pour sa réélection).

Laurent Elie (MRC) est revenu sur la Silicon Valley, en remarquant qu'il avait fallu 16 années pour la mettre en place aux Etats-Unis, s'étonnant que la droite ne l'ait pas fait en 18 ans de pouvoir.

Stéphane Andurand a fait une analogie entre la mairie de Saint-Quentin et une entreprise dont le patron serait souvent absent, et qui ne pourrait donc pas fonctionner. Michel Garand a rappelé une règle de management : "on ne dirige pas de loin".

Christophe a dénoncé Intervilles, l'arrivée du Tour de France, la BUL, estimant que les gens avaient besoin de travail, pas de divertissement. Il a regretté aussi le parking payant de l'hôpital.

Pascal a souligné la tristesse des quartiers de la ville, la dévitalisation du quartier Europe et le quartier de Vermand, devenu "zone de non droit".

Jean-Robert Boutreux (PRG) a estimé que Saint-Quentin n'avait pas d'image, pas de rayonnement national et international, et que les Saint-Quentinois n'étaient pas fiers de leur ville.

Mourad s'est inquiété de la montée d'un FN décomplexé, qui distribue en plein jour dans le quartier Europe, alors qu'autrefois il s'y prenait très tôt le matin ou tard le soir. Il craint une explosion sociale.

Michel Garand, revenant sur la communication, déplore la brochure distribuée maintenant pour annoncer les manifestations du centenaire 1914-1918, alors que la guerre n'a été déclenchée que le 4 août. C'est selon lui une opération de propagande en faveur de l'équipe municipale.

Le candidat tête de liste a conclu la rencontre par une condamnation ferme du Front national, qualifié de "national-socialiste".

Une toute dernière question est venue de la salle, posée par Yann : quand tu seras maire, as-tu aussi l'intention de devenir président de la République ? Le candidat a fait une moue factice et répondu : non, mais j'aimerais bien me présenter à la présidence de l'Europe. La réunion s'est terminée sur cette boutade.

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