jeudi 27 février 2014

Les 44



La liste de Michel Garand, tête de liste socialiste aux élections municipales, est connue depuis hier soir. C'est la 4e liste validée sur Saint-Quentin (après le PCF, le FN et LO, en attendant celle de Xavier Bertrand). L'analyse est difficile : la comparaison avec les listes précédentes n'est pas forcément pertinentes, puisqu'il y avait alors union de la gauche (pour trouver une situation comparable, il faudrait remonter à 1995, la liste présentée par Maurice Vatin, mais c'est un peu loin). Et puis, une liste est le résultat de toute une série de contraintes (la parité, les choix personnels de chacun, ...) qui ne rendent pas facile une lecture politique.

Enfin, les absences ont parfois autant de signification que les présences, et la place dans la hiérarchie de la liste n'est pas négligeable. De plus, étant moi-même juge et partie, connaissant bien le milieu, il me manque le regard distancié et beaucoup plus objectif du journaliste. C'est pourquoi je rédige ce billet avec beaucoup de prudence, sachant tout de même que l'annonce de la liste socialiste et de ses alliés est l'événement politique du jour. C'est pourquoi, une fois n'est pas coutume, je ne lirai pas tout de suite la presse locale, j'attendrai d'avoir exposé mon propre point de vue avant de commenter, dans un prochain billet, les réactions.

Ce qui est d'abord politiquement marquant, c'est que le carré de tête, les quatre noms après celui de Michel Garand, est purement socialiste, avec pour la première fois une forte présence de l'appareil fédéral, dans les personnes de Jacques Héry (secrétaire fédéral chargé des élections) et de Stéphane Andurand (premier secrétaire fédéral-adjoint). Logique : c'est ce soutien de la Fédération qui a permis la désignation massive de Michel Garand. Mais il faut ajouter (comme quoi tout est relatif) que par le passé, les Saint-Quentinois étaient assez peu représentés au sein de l'appareil fédéral, et pas à des postes stratégiques.

La première non socialiste sur la liste arrive en 6e position : il s'agit de Nora Ahmed-Ali, qui fait donc figure, au titre de EELV, d'alliée privilégiée. C'est la récompense d'une grande persévérance, puisque Nora était déjà présente en 2001 sur la liste d'Odette Grzegrzulka, en première position chez les écologistes. Toujours chez les alliés, Laurent Elie, auparavant maire-adjoint de Jeantes, en Thiérache, représente le MRC. Normalement, la liste doit contenir des membres du PRG, mais je ne les ai pas identifiés, ce parti n'ayant plus depuis longtemps d'activités publiques dans la ville.

En ce qui concerne la représentation des courants internes au PS, le trait le plus saillant est l'effacement de l'aile gauche, dont les deux figures les plus emblématiques, Jean-Pierre Lançon et Anne Ferreira, ne jouent plus de rôle prépondérant, de par leur position sur la liste. De même, du côté cette fois des absents, il n'y a pas de retour des socialistes "historiques" : Maurice Vatin, ancien conseiller régional, Denis Lefèvre, ancien président du district (l'actuelle agglomération) ou Yvonne Bou (ancienne maire-adjointe), des noms qui résonnent encore dans la mémoire politique locale. Absence aussi d'une figure régionale de l'écologie, Michèle Cahu, pourtant Saint-Quentinoise. Mais difficile d'en tirer des conclusions politiquement signifiantes ...

D'autres absences, cette fois de personnalités de gauche du monde associatif, sont à signaler : Christian Vilport, président des Jardins ouvriers, Jocelyne Nardi, présidente de l'ASTI (Association de solidarité avec les travailleurs immigrés), Laurent Valentin, de JSC (basket-ball). Mais tout le monde ne peut pas non plus figurer sur la liste, il faut forcément faire des choix. L'impression générale, en comparaison avec les listes passées, est celle d'un large renouvellement : beaucoup de noms nouveaux, du moins dans l'engagement public, ce qui n'est pas plus mal.

Je ne suis pas certain que les Saint-Quentinois soient sensibles aux nuances et subtilités purement politiques de la liste. En la parcourant, je crois qu'une seule question sera posée par eux : y a-t-il des gens connus (la fameuse "société civile") ? Ce n'est pas vraiment l'étiquette politique des uns et des autres qui est déterminante (c'est une liste de gauche, point), mais plutôt la notoriété, la présence dans la vie locale.

De ce point de vue, quelques têtes émergent : Fabien Polak, le jeune et dynamique patron du restaurant Le Troubadour, Yann Bouvart, ancien proviseur du lycée Condorcet, Mathilde Goffart-Rigaud, qui en tant qu'animatrice fédérale du MJS (Mouvement des jeunes socialistes) s'était fait connaître l'été dernier en contestant la suppression des bourses étudiantes par le Conseil général de l'Aisne, Jean-Philippe Daumont, responsable de l'association d'éducation populaire des Eclaireurs et Eclaireuses de France (des scouts laïques), Geneviève Rozier, qui apparaît régulièrement dans la presse locale (dernier article en date, le Courrier picard d'avant-hier) à propos du mur de sa cour, pour lequel elle est en conflit (ancien) avec les autorités locales.

Je pense que la présentation publique des membres de la liste nous permettra d'en savoir plus sur les uns et les autres. Désormais, de par leur engagement électoral, ils deviennent des personnages publics, et demain conseillers d'opposition ou maires-adjoints pour certains, selon les résultats de l'élection. Mon absence de cette liste ne signifie aucune distance ni réticence : j'ai seulement voulu respecter le vote des adhérents. Aux 44, je souhaite une campagne dynamique et persuasive, avec au final la plus belle récompense qu'on peut avoir quand on fait de la politique : la victoire.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Si les militants socialistes n'ont pas voulu du militant Mousset pour les conduire,
la tête de liste aurait pu faire appel au responsable associatif Mousset au titre de la société civile.

Emmanuel Mousset a dit…

Le problème, c'est que je ne suis pas comme le pudding : on ne peut pas me découper en tranches, la part associative et la part politique. En prendre un morceau, c'est avaler tout le gâteau, qui n'est pas au goût de tout le monde.