lundi 3 février 2014

La fin d'une erreur



Il l'annonce sur son blog et le Courrier picard le confirme dans son édition de samedi : Stéphane Monnoyer, c'est fini. Celui qui a tant fait parler de lui, dans la presse et jusque sur ce blog, ne sera pas présent dans les élections municipales, ne fera pas partie de la liste socialiste. Depuis plusieurs mois, il collait à Michel Garand, la tête de liste, lui faisait profiter de son entregent, des poignées de main et des bises qu'il distribuait dans son sillage ; mais en même temps, il le plombait, le tout Saint-Quentin politique s'amusant d'un compagnonnage pied-nickelesque, peu crédible pour un candidat au poste de maire. On ne saura jamais quel conseiller de génie aura poussé Monnoyer dans les pattes de Michel, mais en matière de maladresse, c'est particulièrement réussi.

A la limite, c'est un vrai mystère : comment un militant issu de l'extrême droite villiériste, en transit par l'UMP et le MoDem, a-t-il pu avoir un certain crédit, jusqu'au flirt prononcé, auprès de socialistes ? L'affaire remonte à quelques années. Stéphane Monnoyer avait fondé une association à vocation culturelle, Ciné-Muses, en faisant entrer bon nombre de socialistes pour remplir les rangs, à la bonne école des adhésions bidons. Une seule manifestation a eu lieu, d'ailleurs assez réussie, puis plus rien depuis. Mais Stéphane Monnoyer, à cette occasion, se faisait des copains à gauche. En juin 2012, pour les législatives, il allait plus loin en soutenant Anne Ferreira, qui le lui rendait bien, en citant son nom publiquement, en saluant sa présence lors de la venue de Marie-Noëlle Lienemann à Saint-Quentin. Stéphane était aux anges : s'entendre évoqué dans un meeting, en présence d'une personnalité nationale, c'est un must en politique, la reconnaissance, un quasi-adoubement.

Ce n'étaient encore que des préliminaires, un signe important mais pas complètement impliquant. C'est en décembre 2012 que le rapprochement devenait plus concluant. Sous le titre évocateur "Ferreira attire Monnoyer sur son rocher", L'Aisne Nouvelle du 17 décembre 2012 révélait qu'une rencontre avait eu lieu entre la vice-présidente du Conseil régional de Picardie, alors candidate pressentie pour les municipales, et l'ex-MoDem. Aux dires de ce dernier, il serait présent sur la liste socialiste, exigeait une position éligible et réclamait même, en cas de victoire, le poste d'adjoint à la culture. La presse essayait de joindre Anne et les responsables locaux du PS : personne ne démentait les affirmations de Monnoyer. La partie était trop belle pour lui, l'avenir lui souriait, et la photo de L'Aisne Nouvelle confirmait cette radieuse satisfaction. On remarque donc que l'affaire Monnoyer, qui finit ces jours-ci, a commencé il n'y a pas mal de temps.

Pourquoi Stéphane Monnoyer abandonne-t-il des fréquentations si prometteuses ? Il l'écrit sur son blog : il voulait faire partie du haut de liste, on ne lui a proposé que le milieu, la 20e place. Drôle de réaction de sa part : la 20e place, ce n'est pas mal du tout quand on ne représente rien. Il aurait dû au contraire s'en satisfaire, en être heureux ! C'est même une proposition généreuse que celle-là. Evidemment, en cas de défaite, on retourne dans l'ombre. Mais j'espère que Monnoyer, au moins, croyait en la victoire ?

Stéphane a voulu annoncer au monde entier et à la presse locale qu'il était dépité, que c'était scandaleux, qu'on l'avait trahi, etc, etc. Un journaliste l'a écouté, l'ex plein de choses a cru qu'il allait retrouver sa gloire médiatique d'antan ... en vain. Du coup, à la fin de son billet sur son blog, il se demande s'il n'y a pas eu des "pressions", son point-presse ayant été ignoré à la publication : pauvre Stéphane ! Croit-il donc être si important, si dangereux que la presse locale puisse consentir à une censure demandée par on ne sait qui ?

Dans cette affaire, de qui Stéphane Monnoyer est-il victime ? De ses nouveaux amis qui sont rapidement devenus ses nouveaux adversaires ? Ou plutôt de ses propres illusions ? Une place sur une liste, ça ne se demande pas, c'est la tête de liste qui propose et qui décide. Et puis, un engagement politique ne dépend pas d'une place qu'on obtient quelque part, mais de convictions qu'on défend pendant longtemps. Stéphane est jeune, il a beaucoup de temps devant lui : qu'il commence par se poser, qu'il se choisisse un parti ; qu'ensuite, il fasse ses preuves, par exemple dans le domaine associatif, puisque c'est son centre d'intérêts ; qu'il s'astreigne à rédiger chaque jour son blog, qu'il fasse des propositions et des analyses, c'est un bon exercice.

Et si un jour les dieux de la politique, très capricieux, sont avec lui, Stéphane se fera de vrais amis et trouvera naturellement sa place quelque part, sans avoir à forcer. En attendant, qu'il renonce à son stupide et contradictoire vote blanc, qu'il réaffirme en toute cohérence son soutien à Michel Garand, qu'il fasse contre mauvaise fortune bon coeur en participant ce soir à la première réunion publique du candidat socialiste, sur les rythmes scolaires : l'élégance, l'indifférence et la constance, il n'y a que ça de vrai, en politique comme dans la vie. La fin d'une erreur, bien gérée, peut être le début et l'espoir d'une réussite.

Aucun commentaire: