mercredi 5 février 2014

Entre réalisme et optimisme



La presse locale aime-t-elle Michel Garand ? La question se pose sérieusement, après deux papiers pas très positifs, l'un de Cyril Raineau il y a 15 jours dans le Courrier picard, l'autre de Samir Heddar hier, dans l'édito de L'Aisne nouvelle. En gros, et pour le dire brutalement, le premier reproche au candidat socialiste d'être mauvais, le second d'être absent. Quand on est socialiste et soutien de Michel Garand, il y a alors trois réactions possibles :

1- L'indifférence : la presse est peu lue, elle ne fait pas une élection, tout ça n'a aucune importance.

2- Le déni : la presse se trompe, nous trompe, elle est vendue à la droite.

3- La réflexion : la presse fait son métier, commente ce qu'elle ressent, elle est influente, il faut l'écouter.

Vous connaissez mon choix, toujours le même depuis toujours : prendre en considération ce que dit la presse, non pas forcément la suivre, mais au moins réfléchir avec elle, et répondre lorsqu'il le faut, ce que je vais essayer de faire.

Samir Heddar avance trois constats qui font, selon lui, que la gauche saint-quentinoise est "résignée" et "inaudible" :

a- "Michel Garand souffre d'un déficit de notoriété". Pierre André, avant de l'emporter en 1995, n'était pas énormément connu des Saint-Quentinois. Gilles Demailly, avant de devenir maire d'Amiens en 2008, n'était pas non plus très connu de la population. Je pourrais multiplier les exemples dans lesquels un "déficit de notoriété" n'interdit pas la victoire. A contrario, la notoriété n'est pas forcément un gage de réussite (là aussi, de nombreux exemples l'attestent). En politique, la notoriété découle surtout du fait d'être élu. Olivier Tournay, conseiller municipal et tête de liste PCF, part forcément avec une longueur d'avance. Chez les socialistes, il n'y a qu'Anne Ferreira, en tant que vice-présidente du Conseil régional de Picardie et ancienne députée européenne, qu'on peut créditer d'une certaine notoriété.

b- Michel Garand "aurait dû depuis longtemps s'imposer et s'exposer davantage". C'est un reproche ancien, qui remonte à une dizaine d'années, qui s'adresse à la gauche en général, depuis que le PS a perdu le siège de député, qu'il est donc moins visible politiquement. A quoi s'ajoute un problème récurrent de communication, domaine dans lequel la gauche locale n'a jamais été très à l'aise. A la différence d'Odette Grzegrzulka, Michel Garand est un héritier, pas un fondateur. Il doit gérer une situation qui lui est bien antérieure. Ca ne le condamne pas à l'échec, mais ça explique certaines difficultés actuelles.

c- "La division de la gauche". Là encore, elle n'est pas du fait de Michel Garand. Les communistes ont choisi l'autonomie, c'est leur droit, ce n'est pas forcément pénalisant pour la gauche, mais ça oblige le parti socialiste à prendre sur lui, à se montrer fort, offensif pour demeurer en tête et impulser une dynamique d'union.

Le métier de la presse est d'être réaliste, le devoir des militants politiques est d'être optimiste. Je vois trois données nouvelles qui peuvent changer le cours de la campagne dans les prochains jours et les prochaines semaines :

- La publication du programme : c'est fait (voir mon billet d'hier), Michel Garand va pouvoir maintenant se battre sur des idées, des projets, et non plus seulement s'en prendre à Xavier Bertrand.

- L'annonce de la liste : c'est pour très bientôt. Les noms de personnalités de la société civile, que les Saint-Quentinois pourront identifier et apprécier, joueront en faveur du candidat socialiste.

- Les réunions publiques : la première a eu lieu avant-hier, c'est donc un début. Mais c'est dans ce genre de mobilisation qu'une dynamique peut progressivement se constituer.

Et puis, dans la perspective de la victoire, il y a un dernier élément, un peu mystérieux, difficile à anticiper, très subjectif : une ambiance, un enthousiasme, une énergie personnelle du candidat, un élan collectif. Il faut que les Saint-Quentinois sentent qu'il y a à gauche un chef, des troupes, un espoir, un avenir, que les socialistes en veulent. Il reste 7 semaines pour le prouver.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Michel Garand ne sera pas élu, entre autres parce qu'au niveau national le gouvernement fait n'importe quoi.

C'est injuste, mais c'est comme ça. Les municipales et les européennes seront des élections sanctions pour le PS comme les élections intermédiaires l'ont été pour la droite en 2002-2007 puis en 2007-2012.

Emmanuel Mousset a dit…

Je vous laisse votre jugement sur le gouvernement. Une élection locale se joue localement. C'est pourquoi je pense que Michel Garand a ses chances.