vendredi 14 février 2014

Au boulot les robots !




Il n'est pas interdit, même en période électorale, d'aborder des sujets de fond. Quel est le problème dont souffre Saint-Quentin ? La désindustrialisation, qui se traduit par un taux très élevé de chômage. Comment y remédier ? Voilà la seule question vraiment intéressante que devraient se poser les candidats aux élections municipales. Un petit livre, paru aux Editions du Quesne en septembre dernier, essaie de répondre, d'apporter des solutions. L'auteur est un jeune homme que j'ai rencontré lors du salon du livre de Noël à Saint-Quentin : il s'appelle Robin Rivaton, a fait Sciences po et a travaillé comme consultant. La préface est de Pierre André.

Saint-Quentin a connu deux révolutions techniques, qui ont conditionné son développement économique : le métier à tisser au XIXème siècle, la machine-outil au XXème siècle. Aujourd'hui, le textile a disparu et les effectifs de MBK ont fondu. Qu'est-ce qui peut les remplacer ? Le robonumérique, comme l'indique le titre de l'ouvrage ("Relancer notre industrie par les robots", en vignette). En photo de couverture, on reconnait le célèbre Nao, qui travaille à l'INSSET.

Mais les robots n'ont jamais eu bonne réputation : on les accuse volontiers de déshumaniser le travail et surtout de voler l'emploi aux hommes. La littérature de science-fiction a largement exploité ces craintes fantasmatiques. En réalité, il n'en est rien, et c'est même le contraire : grâce au robonumérique, le savoir-faire de l'ouvrier est revalorisé (la machine-outil l'astreignait à un travail répétitif et abrutissant) et chaque robot installé aboutit à la création de deux ou trois emplois nouveaux (d'ici cinq ans, sur tout le territoire national, 85 000 à 130 000 emplois sont envisageables). Depuis les années 80, la robotique industrielle n'est pour rien dans le chômage de masse.

La révolution robotique a l'avantage d'être très compétitive (8% depuis 2000 au niveau mondial), tout en maintenant en France le coût du travail. Elle permet de garder chez nous les sites industriels, et même d'attirer les entreprises étrangères. Les coûts de fabrication, d'installation et de fonctionnement sont en baisse et la rentabilité en hausse.

Le tableau serait idyllique s'il n'y avait pas une tache noire : la France a pris dans ce domaine énormément de retard, alors que la demande mondiale de robots progresse. Nous sommes à la traîne aussi bien dans l'usage que dans la production. Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a mis en place en mars dernier un plan robotique. Le livre de Robin Rivaton démontre magistralement l'importance stratégique de ce secteur économique et par quels moyens assurer son développement.

Je ne sais pas si Saint-Quentin, le mois prochain, restera une municipalité UMP ou deviendra socialiste. Mais il n'est pas impossible que d'ici quelques années, nous soyons une ville robonumérique ! En attendant, précipitez-vous sur la centaine de pages très denses et très stimulantes de l'ouvrage de Rivaton. Au boulot les robots !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je n'y crois pas du tout, Saint Quentin n'a plus d'avenir de développement industrielle.
Trop petite et mal placée, son avenir est celui d'une ville résidentielle, ou les salariés vont travailler sur Lille, Reims, Amiens , valenciennes, Paris.
Ce qui sauvera Saint Quentin ce sont des lignes ferroviaires directes et très rapides entres toutes ces grandes villes qui nous encerclent.
IL faut développer la qualité de vie, attirer les retraités des grandes villes, développer les services à la personne et protéger nos prix encore raisonnable des loyers et des terrains.
Dans le cas contraire le nombre d'habitant va continuer à décliner.
il faut faire de nos handicaps des atouts.

Emmanuel Mousset a dit…

Vision intéressante, mais je ne crois pas que Saint-Quentin ait le profil d'une ville résidentielle.