mercredi 5 octobre 2016

Rien ne pourra nous arrêter



Hier soir à Strasbourg, Emmanuel Macron a dévoilé les premières propositions issues de son porte-à-porte de l'été. Le thème retenu était "la vie engagée", c'est-à-dire la rénovation du système politique, dont on sent bien aujourd'hui la nécessité et même l'urgence. Trois pistes :

- L'instauration d'une part de proportionnelle au Parlement. La gauche en a souvent parlé, mais elle ne l'a faite qu'une fois, en 1986, mesure annulée ensuite par la droite. La proportionnelle, c'est tout simplement la démocratie, dont le principe majeur est la représentation, qui doit être la plus juste possible. L'extrême droite entrera à l'Assemblée nationale ? Et alors, elle y est déjà ! Le problème est en amont : la lutte contre le FN, à quoi la gauche hélas a renoncé et à quoi il faut revenir, là aussi.

- La limitation du nombre et de la durée des mandats. C'est également un point sensible de la démocratie et une aspiration très forte de l'opinion. François Hollande y a répondu en partie, mais il faut aller beaucoup plus loin. C'est l'une des conditions de la rénovation de la classe politique, qui ne peut plus reposer sur les mêmes, se reproduisant en quelque sorte de génération en génération.

- L'instauration du bilan de mandat. C'est une idée qui m'est chère, qui devrait aller de soi : tout élu en charge d'un exécutif devrait se soumettre à l'examen de ce qu'il a fait (ou pas fait). L'élection ne peut plus être la panacée. Si je ne suis pas trop favorable à la démocratie dite participative, le contrôle citoyen me semble en revanche nécessaire. Etre élu et n'avoir de comptes à rendre à personne durant tout son mandat, se contentant du verdict du prochain scrutin, ça ne va plus. Pour le bilan de mandat du chef de l'Etat, Emmanuel Macron propose un comité de citoyen tiré au sort. Le champ des commissions d'enquête parlementaires serait élargi, les ministres pourraient être auditionnés par les députés. Aujourd'hui, les politiques sont confrontés aux questions des citoyens dans des shows télévisés qui me déplaisent. L'idée est pourtant bonne, mais dans un cadre institutionnel, à l'abri du spectacle médiatique.

En marge de son meeting, Emmanuel Macron a répondu à la critique de Manuel Valls sur sa conception de la laïcité : non, celle-ci ne peut pas se réduire à des interdits, à une conception fermée, autoritaire et antireligieuse. Depuis une dizaine d'années, nous assistons à un incroyable détournement de la laïcité au profit de l'extrême droite, qui en a fait une idée liberticide et islamophobe, alors que l'authentique laïcité est tout le contraire.

Une dernière chose : à tous ceux qui laissent croire malhonnêtement que Macron ne serait ni de droite ni de gauche (en vue de l'isoler politiquement), son positionnement hier a été très clair, les critiques ont visé Nicolas Sarkozy et Alain Juppé (qui, quelques jours auparavant, ne l'avaient pas épargné, oubliant leurs propres turpitudes au sommet de l'Etat). Il n'empêche que bien des débats politiques d'aujourd'hui échappent au clivage gauche/droite (mais sans le faire disparaître) et qu'il est bon que des personnes de gauche et de droite travaillent ensemble, dans la mesure du possible et autant que la cohérence le leur permet.

Hier, Macron a monté la première marche. La deuxième, ce sera le 11 octobre, au Mans, sur "la vie quotidienne", les questions économiques et sociales. La troisième, le 18 octobre, sur "la vie ensemble", l'intégration, à Montpellier. Et puis après, peut-être, sûrement, le haut du podium ? Emmanuel Macron a terminé hier soir sur cette phrase, dans l'enthousiasme et la détermination : rien ne pourra nous arrêter.

8 commentaires:

Maxime a dit…

Des citoyens lambda juger le Président de la République à la fin de son mandat? Quelle idée ridicule! Le Français moyen ne comprend rien à l'économie, à la diplomatie ou à la géopolitique...

Philippe a dit…

Macron le « siphonneur »
Ségolène Royale n'a pas encore crié au plagiat ?
Mais … pourtant … c'est un plagiat éhonté de "Désirs d'Avenir" de 2006 !!! qui lui-même n'était pas sorti de nulle part !
La démocratie participative !!!!!! dont se moquaient DSK sex-addict, Fafa l'Endormi et … en coulisses le capitaine de pédalo …
Au fait qui roulait pour DSK à l'époque des primaires militantes socialistes auprès des sections du PS dans le « coin » de St Q ? Devinez !

Philippe a dit…

Pour un individu, quelque soit son niveau scolaire et universitaire il est impossible d’être omniscient et performant dans tous les domaines des activités professionnelles, scientifiques et sociales voire internationales à la fois.
Devant cette difficulté, les forcément inaptes qui dirigent une société complexe, gèrent du flou.
Plus précisèrent :
On prend une décision comprenant une très grande amplitude d’incertitude.
Cette incertitude se dissipe sous formes de manifestations des effets pervers non anticipés car méconnus des décideurs.
Cette décision provoque très souvent des crises soit immédiates soit décalées dans le domaine concerné.
On gère la crise immédiate par l’envoi de CRS puis puisque au final la décision au contact du réel s’avère être une connerie, au moins partielle, on rétro-pédale.
On gère la crise décalée en la faisant payer par les citoyens soit en aggravant leur situation sociale ou en augmentant taxes ou impôts.
Telle est actuellement la technique de gouvernance des élites.
On prend une décision dans le flou, on gère des crises provoquées par inaptitude.
Un citoyen lambda ne serait pas mieux, pas moins, armé qu’un énarque.
Commençons par quelque chose de simple, par exemple, la proportionnelle intégrale pour les législatives.
Elle aurait une vertu importante qui serait celle de faire réfléchir avant les décisions parlementaires. Créer des majorités par consensus demande plus de travail de réflexion que de jouer les godillots pour un capitaine de pédalos ou un agité du bocal ou un spécialiste des coup de menton.
Là je crois que Macron en a parlé après beaucoup d’autres dans le passé … toujours enterré après les élections ...

Anonyme a dit…

Rien ne pourra nous arrêter, dites-vous? Connaissez-vous le principe de réalité ? Face au vide sidéral que représente Macron, il y aura un moment où la réalité s'imposera: il ne propose que d'accentuer et aggraver toutes les politiques néolibérales néfastes en vigueur depuis 35 ans. Macron me fait penser à ces personnages de dessins animés qui, emportés par leur élan surfent sur le vide puis s'effondrent lorsqu'ils s'aperçoivent de la situation. Si jeune et déjà si vieux dans sa tête.
Votre exemple de la proportionnelle au Parlement (Assemblée nationale et Sénat) ouvrira un boulevard au FN que vous prétendez ne pas aimer mais dont vous êtes un allié objectif, un idiot utile. Tant il est vrai que vous avez besoin d'un diable comme le FN pour exhiber à peu de frais comme depuis 30 ans une posture morale totalement inefficace et stérile.

Emmanuel Mousset a dit…

Bon, vous n'aimez pas Macron, c'est clair. Mais c'est sans importance : rien ne pourra nous arrêter, quand même !

Philippe a dit…

La proportionnelle va fermer la voie de l’oisiveté parlementaire et ouvrir celle du travail et de la responsabilité parlementaire.
Concernant le FN
Le FN est un mélange de courants politiques, le mot initial « front » signifie rassemblement de diverses chapelles de droite nombreuses qui se sont entendues pour construire un parti politique.
Le FN n’est pas un bloc homogène c’est un mélange de souverainistes et d’identitaires.
Le clivage s’accentue de jour en jour entre l’idéologie de JMLP et celle de MLP, entre ceux qui sont plus identitaires que souverainistes et ceux qui sont l’inverse.
La proportionnelle intégrale aura pour effet de mettre à jour toutes les contradictions …
Le groupe FN au Palais Bourbon montrera vite ses contradictions internes et il m’étonnerait qu’il n’est pas à son tour en son sein un puissant sous groupe contestant la ligne officielle qui ne plaira forcément pas aux uns ou aux autres.

C a dit…

"Bon, vous n'aimez pas Macron,"
S'agit-il d'aimer ou d'élire quelqu'un lors de la présidentielle ?
Ou est-il question de choisir entre des programmes ?

Emmanuel Mousset a dit…

Les deux, mon capitaine.