dimanche 30 octobre 2016

L'héritier, l'alternatif et l'autonome



Un livre qui menace l'avenir du chef de l'Etat, compromet sa candidature présidentielle, perturbe ses propres partisans, c'est du jamais vu. François Hollande peut-il surmonter cette épreuve ? Il en a vu d'autres ... Qu'en restera-t-il dans quelques semaines ? Quel événement aura chassé l'événement ? Un récent sondage donnait 5% de Français satisfaits de la politique gouvernementale (j'en suis, même si, macronien, j'aimerais qu'Hollande aille plus loin). Mais quel homme ou quel bilan politiques satisfont aujourd'hui nos compatriotes, à part les morts et le souvenir qu'ils laissent, qui ont toujours la cote, puisqu'on ne les reverra plus ? Les hollandais qui arguent des 3% de départ du candidat Hollande en 2011 pourtant se trompent : comparaison n'est jamais raison, un candidat qui veut être président n'est pas analogue à un président qui veut redevenir candidat.

En attendant, trois autres candidats sont, officiellement ou non, sur la ligne de départ : Valls, Montebourg et Macron. Trois stratégies différentes :

1- la stratégie légitimiste. Manuels Valls se prépare à être candidat à la présidentielle, si François Hollande ne l'est pas. C'est la stratégie de la continuité, du passage de relais, de l'héritage et de l'héritier. Elle a pour elle la fidélité et la cohérence : soutien au président, défense de sa politique. Sa position de Premier ministre le conduit à cette stratégie. Mais elle a contre elle d'être conditionnelle. C'est Rocard en 1980, qui tient à être candidat, à condition que Mitterrand ne le soit pas. On a vu la suite ... La politique ne se fait pas sous condition, mais à partir de choix. Et puis, Valls candidat à la place et à la suite de Hollande, adoubé par lui, il y aura un transfert d'impopularité. De toute façon, je n'y crois pas : Hollande sera candidat, il n'a rien à perdre et tout homme politique tient à défendre son bilan, en espérant gagner. Alors, en cas d'échec, Valls sera marginalisé et retrouvera, au sein du Parti socialiste, l'influence très restreinte du social-libéralisme.

2- La stratégie alternative. C'est celle d'Arnaud Montebourg, en rupture avec la politique gouvernementale. C'est une stratégie de la différenciation. Elle serait crédible et payante si Montebourg n'avait pas participé au gouvernement, n'était pas impliqué dans ses choix initiaux, qui n'ont pas fondamentalement variés. D'autant que Montebourg n'est pas parti de son propre chef, sur un désaccord précis, mais a été congédié pour une bourde vinicole. Le pire de cette stratégie est de s'inscrire dans la procédure des primaires. Montebourg a pourtant hésité, et ce doute est en soi révélateur. Participer à la primaire, c'est s'engager à soutenir le gagnant : si c'est Hollande, nous savons bien que Montebourg ne fera pas campagne pour lui, puisqu'il condamne désormais sa politique. Et si c'est Montebourg qui l'emporte, imagine-t-on le chef de l'Etat se ranger à ses côtés ? C'est complètement farfelu. La vérité, c'est que les primaires socialistes, qui étaient la dernière fois une machine à gagner, sont devenues cette fois une machine à perdre. Quand Hollande devra s'expliquer avec ses pires contradicteurs après la droite, Filoche et Lienemann, la séquence sera forcément surréaliste et contre-productive pour la gauche.

3- La stratégie autonome. C'est celle dans laquelle Emmanuel Macron a décidé de s'engager. Il est le seul maître de son calendrier, il n'assortit sa candidature d'aucune condition, il ne dépend de personne. Sa ligne directrice, ce sont les convictions. Macron ne se définit pas par rapport au gouvernement ou au Parti socialiste, mais par rapport à son projet. Il n'est pas dans la réaction et le calcul, mais dans la proposition et l'action. Il ne s'agit pas pour lui de s'opposer au gouvernement (Montebourg) ou de reprendre sa politique (Valls), mais de montrer qu'on peut aller beaucoup plus loin à partir de ce qui a déjà été fait. Je crois que c'est la stratégie la plus favorable, tournée vers l'avenir (indépendamment des idées défendues par Macron, qu'on partage ou pas). Elle a pourtant, elle aussi, ses limites et ses difficultés : le risque de l'isolement, de se mettre tout le monde à dos, le soutien d'aucun parti. Mais l'essentiel n'est-il pas d'initier une démarche qui rencontre l'assentiment d'une partie de la population ? Pour le reste, nous verrons bien.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Je pense que les 3 personnes cites ne soient victimes à des degrés divers du discrédit qui frappe le président sortant non seulement pour des raisons de personnes mais aussi pour avoir participé aux mêmes gouvernements sous l'égide du président Hollande. Ce dernier est d'autant plus touché qu'il n'a pas compris la fonction présidentielle en effet il ne suffit pas d'être un président "normal", il est resté le premier secrétaire du parti socialiste et se comporte comme un commentateur de sa propre action par sa complaisance de ses déclarations aux journalistes.
Après Hollande il est normal que le premier ministre Valls ne soit le plus atteint puisque c'est son gouvernement et son bilan qui sont aussi très contestés, Montebourg et Macron ont fait partie des gouvernements de la présidence Hollande dont ils sont comptables, ils ont beau s'en démarquer rien n'y fait pour leur permettre de sauver la gauche gouvernementale d'un échec politique historique l'an prochain. En effet c'est aussi largement les politiques mises en oeuvre qui leur est reproché comme je l'ai, à de nombreuses reprises, énoncé ici, de faire la même politique que la droite. Les candidats et rivaux d'Hollande feraient-ils une politique si différente de lui? Rien ne permet d'en douter. Ils restent dans le même cadre d'une Europe et d'une mondialisation néolibérales.
Même si nous n'en sommes qu'au début de la campagne électorale je pense qu'Hollande aura le plus grand mal à remonter la pente d'une impopularité jamais vue sous la Vè. Le plus sage, s'il veut rendre service à la gauche gouvernementale serait de renoncer à ce représenter. Autrement il l'entrainera dans sa chute. Manuel Valls est mal placé pour se poser en rassembleur des socialistes après en avoir été si longtemps le plus grand diviseur et même avoir été le théoricien d'une fracture irréparable entre les gauches. Montebourg et Macron peuvent être le moindre mal pour la gauche gouvernementale, ce dernier s'étant déclaré non socialiste a une assise politique plus faible dans la mesure où il n'a pas de vraie expérience politique, ni de formation politique crédible et représentative de sa sensibilité politique qui est si floue, si improbable, plus médiatique qu'autre chose. Vous omettez de signaler la candidature de Benoit Hamon, ex-ministre de Valls, mais sa personnalité et son programme supposé sont bien flous, ne se distinguent beaucoup des autres?
En ce moment le seul candidat qui semble surnager du discrédit qui frappe à gauche c'est Jean-Luc Mélenchon de par son opposition constante envers Hollande et sa politique. Il est en train d'évoluer vers un patriotisme de gauche après sa rupture d'avec un Front de gauche, cet assemblage de partis et mouvements politiques aux intérêts et comportement divergents d'où leurs échecs électoraux. Il semble tirer quelques conséquences de son échec relatif de 2012 mais nul ne sait jusqu'où il ira et donc si sa mue en cours peut lui donner une crédibilité actuelle supérieure et suffisante pour devancer le candidat de la gauche gouvernementale, néolibérale comme la droite, voire le troisième homme de cette campagne électorale. Qui sait être présent au second tour si le vieux Macron de droite, Juppé, s'effondrait victime d'une popularité artificielle, sondagière comme Balladur en 1995, et autres Barre, Rocard, Delors, et de l'action hostile du perdant de la primaire de la droite et du centre.

Emmanuel Mousset a dit…

1- La candidature d'Hamon est marginale.

2- Le "patriotisme de gauche" de Mélenchon ? Drôle d'expression, pour qualifier un révolutionnaire internationaliste.

Le futur a dit…

Heu, Mélenchon un "révolutionnaire internationaliste ?" Je ne suis pas du tout d'accord. Le NPA oui, LO oui, ils sont révolutionnaires internationalistes, mais Mélenchon en est loin, très loin. Pas vraiment révolutionnaire, et surtout pas internationaliste.
Il a quand même osé dire plus ou moins que les travailleurs étrangers venaient voler le pain des français à cause de la législation Européenne.
Pas très internationaliste !

Anonyme a dit…

En ce qui concerne Mélenchon il faut vous mettre à jour pour constater son évolution certes récente mais incontestable ce qui en fait son intérêt.

Erwan Blesbois a dit…

Pour l'instant je me contente d'essayer de sortir de ma "maladie", mais la vie n'est-elle pas une maladie ? Et de ressentir les choses de l'intérieur pour ce qui est de changer ou d'évoluer ou de "bouger", non je ne bougerai certainement pas. Mais l'Histoire de l'humanité est tellement courte, Platon et Socrate et même Moïse et Abraham sont au fond si proches, nous sommes presque contemporains de nos plus lointains ancêtres historiques. Pour ce qui est de la Préhistoire, là il y a vraiment une notion de temps, de durée... avons-nous des choses en commun avec nos plus lointains ancêtres comme les Australopithèques ? Oui certainement et là nous plongeons dans la part d'inconscient de l'esprit humain. Il est fort probable que l'humanité n'arrive jamais à s'arracher à sa préhistoire, il est probable qu'elle y retourne, aucune vie consciente d'elle-même n'étant capable de ne pas s'autodétruire : la souffrance ressentie est trop grande et la conscience aspire à son propre sommeil. Le mouvement, le changement sont des illusions, puisque ce que l'on retient de l'Histoire est sa part d'atemporalité et non ce qu'elle produit de "nouveau", qui n'est toujours que faire du neuf avec du vieux, de l'ancien relooké, sa part d'atemporalité étant ses productions artistiques géniales, qui nous font peut-être renouer avec nos plus lointains ancêtres primitifs, voire avec les amibes. L'humanité aspire au propre sommeil de sa conscience, grâce à l'avènement de l'intelligence artificielle qui replongera la conscience humaine dans les ténèbres de la préhistoire, et même jusqu'aux toutes premières formes de vie cellulaires, dans une forme de coma éternel. L'Histoire humaine de l'invention de l'écriture à son apocalypse, aura été un accident au service d'une autre forme de vie consciente, plus parfaite, éternelle peut-être, qui se rapproche de la définition de dieu, par les premiers philosophes, l'intelligence artificielle. Donc toutes NOS GESTICULATIONS POLITIQUES (enfin j'en viens au sujet qui intéresse nos lecteurs) ont peut-être un sens qui n'est pas celui de l'intérêt général ou du bonheur de l'espèce humaine. L'espèce humaine historisée, ne croit plus en elle-même, elle voudrait se décharger de son fardeau et faire confiance à de nouvelle idoles. Ce sont aujourd'hui les réfugiés ou migrants les nouvelles idoles ; mais demain ce besoin d'idole prendra sans doute d'autres formes, tant le besoin de changement et de faire du neuf avec du vieux, devient plus présent avec la modernité. Espérons !

Philippe a dit…

En 2017 il restera face à face politiciens et hommes d’État ! Notre décadence en Europe Occidentale et aux US va s’accélérer !
Il me semble qu'en « Occident » et pour quelques années nous sommes au creux de la vague au niveau qualitatif en politique.
Il nous reste en ce moment des politiciens et très très peu d'hommes ou de femmes d’État.
Hommes ou femmes d’État avec ce que ce concept charrie de richesses intellectuelles pour les individus concernés mais aussi de dogmatisme, d'excès, de raideur, de cynisme dans l'application de la « raison d’État » etc.
Bref que l'on aime ou n'aime pas, peu importe, il y a, à mon avis :
d'un côté des politiciens combinards mous sans squelette intellectuel pour les tenir debout Hollande, Merkel, Obama, à venir Clinton ... Juppé etc. élus par des électorats désabusés et minés par l'absentéisme
et en face des hommes d’État portés par des nationalismes populaires déchaînes Poutine, Erdogan qui vont bouffer tout vifs nos politiciens.

P a dit…

Poutine et Erdogan, hommes d'état ?
Et pas un peu dictateurs sur les bords ?
Des Erdogan et des Poutine, il en pousserait tant que vous voulez chez nous si le terreau y était favorable à l'éclosion de dictateurs.
Les populations russes et turques ne sont pas sur le plan citoyenneté au même niveau que chez nous.
D'où l'éclosion de tels matamores.
Pour que ça arrive chez nous, il faudrait d'abord un cataclysme sidérant la population.
Cela peut arriver mais ce n'est pas encore le moment quand même.
L'absentéisme récurrent n'est pas une raison pour croire que la population n'est pas citoyenne chez nous.
Bref pour en revenir au sujet de votre texte, pour être homme d'état, il faut d'abord passer par la case homme politique et donc politicien. Et avant d'être politique, il faut passer par la case citoyenneté.

Philippe a dit…

"au même niveau que chez nous"
Que dire devant un tel sentiment de supériorité sur les autres peuples ?
Le coq est vraiment notre emblème !