vendredi 28 octobre 2016

Les petites phrases



En politique, les petites phrases sont très courues, mais ont mauvaise presse. C'est un tort. Elles ont leur part de vérité, beaucoup plus qu'un long discours. Prenez la fameuse "inversion de la courbe du chômage", que François Hollande a répétée, que tout le monde a retenue (c'est la définition même d'une petite phrase : alors que les paroles normalement s'envolent et s'oublient, on retient celle-ci). Cette petite phrase, dont le président avait fait la condition d'une nouvelle candidature, imprudemment selon certains, est en voie de se réaliser : 66 300 chômeurs de moins en septembre, une baisse de 2,5% depuis le début de l'année. Nous passons sous la barre symbolique (mais réelle) des 3,5 millions de chômeurs, c'est-à-dire de 10,1% à 9,6% de la population active. C'est la plus forte baisse mensuelle depuis ... 1996 (une petite phrase doit toujours être assortie de chiffres, pour faire plus sérieux).

Vous me direz : c'est très insuffisant, c'est provisoire, il faut attendre. Oui, bien sûr, mais les faits sont là : il y a des résultats. Il y en a un qui n'est pas convaincu, pas du tout, et qui y va à son tour de sa petite phrase. Non, ce n'est pas un homme de droite, mais de gauche, qui a même participé à cette politique gouvernementale qui donne ses premiers résultats : c'est Arnaud Montebourg. "L'échec est là", a-t-il dit hier. Drôle de façon de saluer le début d'inversion de la courbe. Lui aussi a ses chiffres : un million de chômeurs en plus depuis que François Hollande est président. A part ça, Montebourg n'est plus au gouvernement, mais toujours au Parti socialiste. Allez comprendre pourquoi ... En tout cas, l'appel au rassemblement de la gauche, lancé par Manuel Valls le week-end dernier, n'a pas eu d'effet sur l'ex-ministre de l'Economie.

Une autre petite phrase a été prononcée hier, sur un tout autre sujet. A peine une petite phrase, quelques mots seulement, que leur auteur a eu du mal à sortir de sa bouche. Nicolas Sarkozy, puisque c'est lui, à qui on demandait s'il voterait pour Hollande face à Le Pen au second tour, a laissé échapper difficilement un : "pas de gaieté de coeur". Mine de rien, c'est la fin de toute une stratégie qui renvoyait dos-à-dos PS et FN, que quelques hommes et femmes de droite avaient courageusement osé transgresser. Sarkozy rejoint le front républicain : bienvenue au club, dont j'ai ma carte depuis 2002, renouvelable à chaque scrutin, si besoin est. Montebourg et Sarkozy ont changé radicalement de point de vue dans un laps de temps très court ? Et alors, qu'est-ce que ça peut faire ? "Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis". Tiens, voilà encore une petite phrase, la préférée des imbéciles.


Pas de billet demain

13 commentaires:

Anonyme a dit…

Les petites phrases n'ont qu'un rôle politicien et de très court terme. Cependant la fameuse phrase de Hollande est plus qu'une petite phrase, elle est d'une totale imprudence politique qui se retourne contre son auteur. Vous oubliez qu'en septembre le chômage a augmenté de plus de 50 000. Donc la baisse réelle n'est que de 10000 ! Il lui reste à son "actif" 500 OOO chômeurs et une désindustrialisation certaine : près de 800 usines ont fermé et celle de Belfort en sursis le temps d'une campagne électorale.
Le choix de Sarkozy en faveur d'Hollande au cas très improbable de présence d'Hollande au second tour n'est pas une surprise: ils font partie d'une même oligarchie néolibérale et européiste. Ce ne sont que les 2 faces d'une même médaille.

Philippe a dit…

Baisse du chômage … elle est bien bonne !
Il faut vraiment mais alors vraiment relativiser ... les résultats !
Je suis plutôt favorable aux données "grossières" du style :
courbes sur plusieurs années et surtout en les croisant des inscriptions pour se faire une idée de l'évolution de la paupérisation.
en banques alimentaires
en restos du cœur
en exonération des impôts sur le revenu
en admission à la CMU (couverture maladie universelle)
en nombre de repas et d'admission en centres d'hébergement comme à St Q "Cordier"
Certainement pas les stats de pôle emplois et prédécesseurs type ANPE etc. qui sont bidonnées depuis des années par tous les gouvernements successifs.
Généralement les politiciens annoncent les chiffres du chômage en utilisant les catégories qui leur sont les plus favorables.Si le chômage augmente un peu sur l'ensemble des catégories, mais diminue sur la seule catégorie A, ils annonceront que le chômage baisse … mensonge !
On peut aussi jouer en incluant ou en incluant pas l''outre-mer.
Etc.
On peut exclure des « dossiers » et les ré-inclure 3 semaines plus tard
Les médias se font largement l'écho de ces présentations politiques tronquées/truquées et les remettent rarement en cause.

Anonyme a dit…

Ah les 35 heures ... ça vous oblige à des arrêts ....

Emmanuel Mousset a dit…

Non, c'est au contraire un surcroit de travail (l'Education nationale n'est jamais passée aux 35 heures) qui m'oblige à ralentir sur le blog.

Erwan Blesbois a dit…

Je croyais que tu n'aimais pas les chiffres, mais en réalité quand ils vont dans ton sens, tu ne te prives pas de les citer avec jubilation. Même si le chômage baissait de façon durable et spectaculaire, ce qui est encore loin d'être le cas, l'ensemble du système conduirait de la même façon au chaos, puis à la ruine finale, et à une catastrophe anthropologique majeure : économique, morale et sociale. Car le système en réalité repose sur la mise au service de l'économie, de l'humain ; alors que tout le monde est d'accord pour dire au contraire que l'économie devrait être au service de l'humain. Il faudrait remettre au cœur de la société, la tendresse de la mère, l'autorité du père, du maître, du professeur, du curé, rabbin, imam... l'autorité de la culture sur l'économie. Comme le dit Souchon "on avance, mais on n'a pas assez d'essence pour faire la route dans l'autre sens...". Donc on accepte comme des moutons que l'on tond, la perte totale du sens, notre propre déclin, puis notre ruine collective finale inéluctable. "De toute façon, on a pas l'choix !", "faut faire tourner la machine", disent ceux qui préfèrent obéir à une morale de moutons, plutôt que de réfléchir par eux-mêmes : ils préfèrent obéir plutôt que de réaliser qu'ils sont manipulés par les pervers qui dirigent leurs Etats et leurs économies. Le système libéral libertaire encourage les pervers, or un pervers cela n'aime pas la culture, car cela remet en question son autorité de fauve (de loup), et donc son pouvoir de manipulation sur les "moutons". L'idéologie bobo libérale économiquement (fondée sur le dogme de l'égoïsme, de la réussite dont on a fait une valeur morale), multiculturaliste éthiquement (on nous apprend petit, à préférer l'Autre à soi-même) : double discours paradoxal, amour de soi pour le fric, rejet de soi pour la culture ; nous a déjà conduit à un énorme déclin culturel ; et a vocation à nous entraîner dans un genre de schizophrénie collective. Où d'un côté on nous demande un super égoïsme (pour l'argent, le sexe, l'estime de soi), et de l'autre une générosité surhumaine (pour l'Autre). La France ne s'assume plus, ni aucune de ses valeurs qui avaient fait sa grandeur, et préfère s'en remettre à l'Autre pour ce qui concerne la suite de son destin : on a déjà commencé à donner les clefs de la "maison France", aux immigrés, puis migrants et autres clandestins, voire réfugiés (énorme culpabilisation collective, organisée par nos médias). "Dans la culture" proclament nos élites, "ce qui nous intéresse, c'est l'Autre", et de jeter le bébé avec l'eau du bain, et de sous-entendre qu'au fond toute la culture occidentale avait un fond raciste : c'est pour cela que je dis que les multiculturalistes sont totalement déculturés, mais cela ne les empêche pas de réussir dans la vie, bien au contraire ! Bobos crachant sur leur culture, mais jamais sur un billet de cinq euros ! Je revendique l'amour de Soi, avant celui du fric (amour propre) et de l'Autre (amour propre encore finalement : l'amour de l'Autre servant de caution morale idéologique à tous les crimes commis sur Soi ; ses parents, ses enfants, sa culture) : Soi c'est sa culture, déjà sérieusement entamée par les ravages du capitalisme depuis 300 ans, lents au début, exponentiellement rapides aujourd'hui, sérieusement accélérés et accompagnés par l'Esprit de 68.

Emmanuel Mousset a dit…

Je suis comme tout le monde : il m'arrive de faire mumuse avec les chiffres, mais rarement, et en toute conscience.

Anonyme a dit…

@ Erwan Blesbois,
Mai 68 où l'étape obligée pour le triomphe du libéralisme économique et du capitalisme financier cf la critique de Mai 68 par Régis debray.. La critique radicale de toute autorité leur a ouvert la voie et donc il n'est pas étonnant de voir certains meneurs de Mai 68 être les hérauts de ce système ( entre autres Daniel Cohn-Bendit) où c'est chacun pour soi (l'individualisme) et donc que les plus faibles ne sont plus protégés de la violence de l'économie libérale et laissés pour compte à leur propre sort. Il ne faut pas s'étonner que lorsque la gauche gouvernementale est plus soucieuse des banques, du patronat, de la finance dans le cadre d'une économie mondialisée que du sort du peuple, des perdants du système néolibéral avec l'alibi européen ce dernier l'abandonne et, que ce sont uniquement les classes supérieures et moyennes-supérieures qui votent socialiste, s'abstienne de voter dans un premier temps puis vote pour un FN qui lui promet des protections que les partis censés le défendre ne fait plus. Dans ces conditions toute rhétorique anti-FN est stérile, ne vous en déplaise, Monsieur Mousset. Il faudrait vous remettre en question.

Emmanuel Mousset a dit…

Je ne remettrai certainement pas en question ma lutte de toujours contre le FN. Comme vous ne remettrez sans doute pas en question le soutien que vous lui apportez.

Philippe a dit…

"Je ne remettrai certainement pas en question ma lutte de toujours contre le FN. Comme vous ne remettrez sans doute pas en question le soutien que vous lui apportez."
L'incompréhension entre les citoyens et les politiciens vient sans doute de ce que les premiers pensent que les politiciens sont là pour servir. Mais les politiciens pensent être là pour se servir.
Les citoyens, du moins, nuance, parmi eux ceux qui se déplacent pour voter, se détournent des politiciens qui, à leur avis, ne les servent plus. Les plus cyniques de ces derniers, les plus « gradés », n'y avaient d'ailleurs jamais pensé …
Dans ce contexte général désabusé, je ne vois pas pourquoi, si je n'ai rien de mieux à faire, je n'irais pas voter FN !
D'autant plus que moralement je pense plus juste de voter pour un parti politique qui est depuis toujours hostile aux guerres contre les pays musulmans que pour des partis qui les bombardent depuis plus de 20 ans pour plaire à l'Empire Américain.
Ceci dit ce parti, le FN, n'a aucune chance d’accéder au pouvoir tant la puissance de frappe médiatique qui lui est hostile, médias parfois propriétés de holdings entre autres marchands d'armes, est … écrasante.

Emmanuel Mousset a dit…

Vous avez raison : il faut ne rien avoir de mieux à faire pour voter FN. C'est-à-dire s'emmerder ferme dans la vie.

Philippe a dit…

Voter pour des bisounours en France qui sont de fait des va-t-en guerre dans les pays musulmans, est-ce mieux ???

Emmanuel Mousset a dit…

Soyez logique : un bisounours ne peut pas être un va-t-en guerre.

Philippe a dit…

La logique manque aux politiciens français (sauf Chirac pour l'Irak)
qui gouvernent depuis Mitterrand ... pas à moi ... sur ce sujet.