lundi 22 décembre 2014

L'ascension de Freddy



Le Courrier picard présente, dans son édition d'aujourd'hui, les candidats UMP aux prochaines élections départementales dans le Saint-Quentinois (à l'exception du canton de Bohain, encore à pourvoir). Trois remarques : d'abord, leur proximité avec Xavier Bertrand (jusqu'à sa directrice de cabinet, Orane Gobert), confirmation, s'il le fallait, que c'est bien lui le patron. Ensuite, le choix des élus, puisque tous, sans exception, le sont déjà (pour des élections cantonales, c'est un choix pertinent). Enfin, la prime à la jeunesse et à la notoriété (plusieurs sont très jeunes, tous sont plus ou moins connus de la population, présents depuis pas mal de temps). Manifestement, l'UMP désigne des candidats qui ont déjà fait leurs preuves, qui ont une activité publique, qui sont engagés dans la vie locale.

Le cas d'école, et la seule petite surprise, c'est Freddy Grzeziczak dans le canton sud. Rien ne prédisposait à ce que ce soit lui : à droite, il a dû y avoir concurrence. La dernière fois, c'était Alexis Grandin, qui aurait légitimement pu rempiler. Cette fois-ci, on pouvait penser que Jean-Marc Weber, le nouveau maire de Gauchy, était le mieux placé. D'autant que Freddy n'est même pas UMP, et n'appartient plus à aucun parti ! C'est plutôt un homme seul, au sens où il n'a jamais été entouré d'une équipe militante très nombreuse, pas issu d'un appareil (c'était déjà le cas il y a 15 ans, lorsqu'il était au MRC de Jean-Pierre Chevènement). Son ascension politique n'est donc pas le résultat d'un rapport de force qui jouerait quantitativement en sa faveur. A droite, ils sont un certain nombre à le jalouser. Quoi qu'il fasse, aux yeux de beaucoup, Freddy garde l'image d'un homme qui vient de la gauche. Qu'est-ce qui explique sa réussite ?

D'abord, il y a le jeu des circonstances. En 2008, le parti socialiste est profondément divisé, sans leader, égaré dans une aventure sans lendemain avec l'extrême gauche (la suite des événements le confirmera). Dans un tel contexte, Freddy Grzeziczak sent que la gauche est morte pour longtemps. De son côté, Pierre André, qui lui aussi a compris l'état catastrophique de la gauche, en profite pour récupérer ceux qui sont prêts à franchir le Rubicon, dont Freddy. Si la gauche avait été forte, unie, dotée d'un véritable leader et en capacité de l'emporter, il n'aurait probablement pas rompu avec elle, il serait encore aujourd'hui au MRC.

Ensuite, il y a la personnalité de Freddy. Après 2001 et 2002, les échecs de la gauche aux élections municipales et législatives, il va occuper le terrain médiatique, la scène publique, où le parti socialiste n'intervient plus. Il va se faire connaître ainsi, occuper un vide à une époque où aucune autre figure, à gauche, n'émerge. C'est une constante en politique : on ne tire sa force que de la faiblesse des autres, concurrents ou adversaires. Et puis, Freddy a le contact facile, l'air sympathique. Il parle à tout le monde, veille à ne se fâcher avec personne : tout ça compte, quand les clivages idéologiques deviennent très secondaires.

Bien sûr, Freddy pourrait pâtir de l'image du "traître", de l'opportuniste, de l'homme de gauche qui rallie la droite pour son propre compte. Mais comme il ne l'a pas fait en cours de mandat, une fois élu, comme c'est un choix strictement personnel, on lui en tient moins rigueur (voir mon billet de samedi, "Psychologie du traître"). Surtout, une trahison s'oublie vite en politique, où un événement en chasse un autre, où l'essentiel est d'avancer, pas de ressasser le passé. Regardez Nicolas Sarkozy : il est passé, dans les années 1990-2000, au sein de son parti, de l'image de traître à celle de sauveur. Alors ...

Mais Freddy Grzeziczak n'aurait pas connu une telle ascension, jusqu'à devenir aujourd'hui candidat soutenu par l'UMP aux élections départementales, s'il n'avait pas eu la confiance de Xavier Bertrand. Entre eux, le courant passe, c'est évident. Je ne crois pas non plus que la psychologie soit déterminante. La bonne image de Freddy, c'est qu'il fait le job, qu'il a maintenant du métier, qu'il se sent très à l'aise dans son rôle d'élu, parce que, par dessus tout, il aime ça, que les gens le voient et l'apprécient pour ça. Freddy a cette envie, cette ambition, ce plaisir qui ne suffisent pas à la réussite, mais qui sont quand même des conditions nécessaires. Dans son travail d'adjoint aux affaires sociales, il est parvenu à s'imposer, à devenir président départemental des CCAS et vice-président national : ce n'est pas rien.

A-t-il des convictions ? Avant de répondre, je crois qu'il faut relativiser la question, et le rôle des convictions en politique : les autres en ont-ils beaucoup plus que lui ? Freddy a sûrement une ligne directrice, qui est celle du gaullisme social, anti-européen, qu'il avait déjà chez Chevènement, qu'il a poursuivi chez Dupont-Aignan, qu'il retrouve auprès de Xavier Bertrand et du "Nouveau Siècle". La décision que je salue, la ligne rouge qu'il n'a pas franchie, c'est lorsque "Debout la République" s'est rapproché du FN et qu'il a alors rompu avec ce parti.

Jusqu'où ira l'ascension de Freddy Gzreziczak ? Conseiller départemental dans trois mois ? Tout dépendra de l'attitude de la gauche, si elle est unie ou pas, dynamique ou non. Dans les cantons nord et centre, c'est largement joué d'avance. Il faut donc que le PS mette le paquet sur le sud, à conserver à tout prix. Freddy, soutenu par la droite mais ayant une image de gauche, va troubler le jeu, c'est sûr. C'est pourquoi la gauche devra redoubler d'efforts. Ses candidats ? Jean-Claude Capelle est le sortant, présent depuis très longtemps : c'est donc lui qui doit être réinvesti, au nom de toute la gauche. Sa partenaire ne peut être que socialiste, puisque lui est IDG (Initiative démocratique de gauche). L'idéal serait Anne Ferreira, son titre de vice-présidente du Conseil régional de Picardie ayant du poids. A défaut, une conseillère municipale PS de Saint-Quentin. Le combat sera rude, mais il mérite d'être mené.


Pas de billet demain.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir Monsieur Mousset,

Vous vous trompez sur deux points :

- 1)Bertrand a voulu se débarrasser de Grandin qu'il déteste.

- 2) Contrairement à ce que vous pensez Freddy à toujours été soutenu par l'UMP, même s'il n'en a pas l'étiquette.

Qui subventionne sa campagne ? Il ne la finance pas sur ses deniers personnels!!!

Il arrive de faire des erreurs Monsieur Mousset.

Bien à vous,

Jean-François Delasseau

Anonyme a dit…

L'ascension , la pentecôte , pâques, vous êtes très connotation religieuse ...
Quand pensez vous canoniser FREDDY ???

Anonyme a dit…

UNE TRÈS BONNE NOUVELLE POUR JEAN CLAUDE CAPELLE ET LE CANDIDAT DU FRONT NATIONAL
EN EFFET L INVESTITURE DE CE PERSONNAGE NI DE GAUCHE NI DE DROITE!!! SUR LE CANTON SUD EST UNE AUBAINE .CE CANDIDAT DE LA DROITE LOCALE A UNE TRÈS MAUVAISE IMAGE AUPRÈS DES ÉLECTEURS DU CANTON SUD
JEAN PIERRE BRIFFAUT

Anonyme a dit…

OUI on peut s'inquiéter de la stratégie du FN surtout si ils débauchent le fameux candidat perpétuel anti TOUT de cette bourgade de banlieue ...

Anonyme a dit…


« Plus on s’élève et plus dure sera la chute. »

Proverbe chinois qui pourrait bien être un jour PROVERBE PICARD !!!