mardi 2 décembre 2014

Les secrets de la réussite



Je me suis précipité ce matin sur L'Aisne nouvelle : Pascale Gruny répondait à une interview, ce qui est exceptionnel, inédit. Je me suis dit qu'on allait apprendre des choses, d'autant que le titre était prometteur : "Pascale Gruny fend l'armure". Surtout, mon engouement avait une raison très personnelle : vous le savez, mes ambitions politiques sont contrariées, alors que je ne réussis pas trop mal tout ce que je fais ailleurs. Je me demande parfois si ce n'est pas de ma faute, si je m'y prends vraiment comme il faudrait. Or, Pascale Gruny est un modèle de réussite en politique : elle a monté doucement tous les échelons, conseillère municipale, adjointe au maire, députée nationale, députée européenne, aujourd'hui sénatrice. Quel palmarès ! S'il y a une personne à Saint-Quentin qui peut me donner des leçons en matière de politique, c'est bien elle. J'ai donc été très attentif à cet article, et je n'ai pas été déçu. Voilà ce que j'en ai retenu :

"J'ai peur des journalistes", avoue Pascale Gruny. Ca commence très mal pour moi, qui adore les journalistes et la presse. En même temps, elle a peut-être raison : pour réussir, il ne faut pas trop s'exposer. Le journal met en avant "sa capacité à n'indisposer personne, parce que fidèle à son mutisme médiatique". Là aussi, c'est raté en ce qui me concerne : j'irrite pas mal de gens. Pourtant, dans une société d'hyper-communication, avoir peur des journalistes, quand on est une femme politique, ça fait bizarre.

Mais Pascale Gruny est-elle une femme politique ? Ma question peut paraître stupide, mais ce sont ses déclarations qui m'amènent à m'interroger : "c'est le mot politique qui m'ennuie", se désole-t-elle. Alors que ce mot, chez moi, m'enthousiasme, me fait rêver : la politique, faire de la politique, c'est beau, c'est noble, c'est exaltant. Comment peut-on récuser le mot (et par là même, écarter la chose) ? D'autant que le mot de politique est irremplaçable ! Mais Pascale Gruny, aussi surprenant cela soit-il, ne semble pas l'aimer. A la limite, si on la poussait, elle dirait sûrement qu'elle ne fait pas de politique ...

C'est comme son adhésion à l'UMP, en 2009 : "parce qu'on me l'a demandé", dit-elle en semblant s'excuser. Et si on ne lui avait pas demandé ? Elle aurait tout aussi bien pu adhérer à l'UDI, révèle-t-elle, parce qu'elle a une fibre sociale et centriste. Quelle différence avec mon propre engagement ! J'ai adhéré au PS en 1995, après réflexion, et volontairement, sans être sollicité par personne. J'en suis très fier, j'ai choisi mon parti, par pure conviction, sans être influencé par qui que ce soit. C'était le parti socialiste, lui seul et rien d'autre. Mais voilà : j'ai tout raté, et Pascale Gruny a tout réussi.

Comment a-t-elle réussi ? En ne faisant rien du tout ! Pas d'anticipation, pas de préparation, mais, à chaque étape, sans qu'elle force, les hasards, les opportunités, les rencontres lui ont été favorables. On prétend que pour réussir en politique, il faut une volonté de fer, une ambition féroce et, par dessus tout, être un tueur. Faux, archi-faux, si l'on en croit le parcours de Pascale Gruny, qui n'a jamais fait de mal à une mouche, qui a toujours obtenu sans jamais rien désirer. C'est le démenti le plus catégorique aux lieux communs qui sont répétés sur la réussite en politique. J'en suis baba.

Qu'est-ce que j'en conclus ? Si je veux désormais réussir en politique, il faut que je prenne trois résolutions :

1- Cesser toute activité médiatique : fermer ce blog, ne plus rédiger de chronique dans "Saint-Quentin Mag", renoncer à toute manifestation publique, arrêter de faire parler de moi.

2- Ne plus parler de politique, ne plus mettre en avant que je suis socialiste, ne provoquer aucune polémique.

3- Ne plus me présenter à aucune élection interne au PS, ne plus me préparer ostensiblement à être tête de liste pour les élections municipales, candidat aux élections cantonales ou secrétaire de section.

A ces trois conditions, que m'inspire le parcours de Pascale Gruny, j'aurais peut-être à mon tour quelques petites chances de réussir. Mais cesser toute activité publique, ne plus parler de politique et n'être candidat à rien, vous croyez que je vais pouvoir y arriver ?

4 commentaires:

Emmanuel Mousset a dit…

Le ton, le vocabulaire et le contenu de votre commentaire ressemblent à un prêche. Moralement ou psychologiquement, vous avez peut-être raison. Mais mon propos était strictement politique, et vous n'en dites rien. Sur l' "insignifiance" de mes activités publiques, je vous trouve un peu sévère.

Erwan Blesbois a dit…

Tu n'as pas eu de chance, c'est tout. Tu as toutes les qualités nécessaires, manque peut-être un mariage, des enfants, des problème d'homme normal, de classe moyenne. Mais la chance peut encore tourner. Avant out il faut inspirer confiance et aimer les gens, surtout ceux de la classe moyenne.

Emmanuel Mousset a dit…

Jamais, Erwan, jamais ! Clodo, prolo, bourge, aristo, tant que tu voudras ... mais un "moyen" fier de l'être, jamais !

D. a dit…

"C'est aux fruits qu'on reconnaît l'arbre" alors il sera difficile de dire de quel bois est constituée la nouvelle sénatrice qui va du train qu'elle peut et non pas qu'elle veut. Opportuniste, c'est une vraie profession sans foi. Quant à vous comparer à elle... Guère de choses vous sont communes mise à part votre humanité qui ne fait de doute ni pour l'une ni pour l'autre : des braves gens... Mais est-ce suffisant en politique ?