lundi 1 décembre 2014

Crachats et baisers



Avez-vous vu Nicolas Sarkozy et Xavier Bertrand à la télé aujourd'hui ? Le tout nouveau président de l'UMP, fraîchement élu, recevait à domicile, au siège du parti. Il consultait, comme on dit en politique. Qui ? Les gens qui comptent dans son entourage, notamment les candidats déclarés à la primaire, dont Xavier Bertrand. Voilà donc la raison de leur rencontre.

Qu'est-ce qui m'intéresse, qu'est-ce qui me fascine ? L'un et l'autre se détestent. Sarkozy a dit récemment tout le mal qu'il pensait de Bertrand : "nul", "petit assureur", ingrat, traître, à qui il promettait carrément le martyre, les mines de sel, le bagne ou quelque horreur dans ce genre-là. Bertrand, dans sa riposte, a accusé Sarkozy de n'aimer personne d'autre que lui. Mais aujourd'hui, ils se parlent, ils se serrent la main : à la télé, on dirait les retrouvailles entre deux copains. Sarkozy surtout se montre chaleureux, il caresse presque son adversaire, lui met la main sur l'épaule, le touche, l'enlace. Sarkozy est quelqu'un qui touche beaucoup. C'est peut-être ça le secret du succès en politique : serrer des mains et toucher, être très tactile.

Ma première réaction, devant l'écran, est évidemment négative : hypocrisie, cinéma, arrangement de dernière minute. Mais c'est le lot de la politique. Moi-même, j'ai observé ça, à gauche, au niveau local : on se crache à la gueule et, après, on s'embrasse sur la bouche. Où est la sincérité ? Nulle part, ni dans le crachat, ni dans le baiser : il n'y a que des intérêts, qui varient selon les circonstances, copains aujourd'hui, ennemis demain, à nouveau copains quand ce sera nécessaire, et ennemis quand il le faudra. Voilà la politique, voilà pourquoi je suis incapable d'en faire : mon erreur, c'est ma constance et ma cohérence, dans mes amours comme dans mes haines. Je suis fidèle et rancunier, je ne sais pas faire risette et ravaler mon venin. Nicolas Sarkozy et Xavier Bertrand savent très bien.

Qui a raison, qui a tort ? Ils ont raison et j'ai tort. Car que demande-t-on en politique ? Pas la sincérité, mais l'efficacité. Peu importe l'hypocrisie, pourvu qu'il y ait le rassemblement de tous les talents en vue de la victoire. Et Sarkozy comme Bertrand n'en manquent pas, de talents, au niveau où ils sont arrivés. Crachat un jour, baiser le lendemain, amis ou ennemis, l'essentiel est dans ce qu'on fait, l'important est d'avancer. C'est la grande vertu de la politique, qu'on ne trouve pas toujours dans la vie ordinaire : on passe très vite l'éponge, on pense à autre chose, parce que les énergies sont tendues vers le pouvoir. Chez les grands de la politique, les querelles personnelles s'oublient aussi rapidement qu'elles apparaissent. En revanche, les nains de la politique traînent leurs reproches, cultivent leur bile, ressassent leur haine et se détruisent eux-mêmes.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Vous feriez mieux de travailler pour les cantonales ... Le PC est en marche ... Le FN en embuscade de tradition , la DROITE cogite mais des têtes sont déjà connues ... Et le PS sans doute dans une recherche de consensus dans les courants et les contre - courants ...