mardi 9 décembre 2014

Le dimanche au boulot ?



Claude François nous promettait "le lundi au soleil". Avec Emmanuel Macron, c'est le dimanche au boulot, au coeur de son projet de loi présenté demain en conseil des ministres. Et alors ? J'ai travaillé pendant 5 ans, de 1988 à 1993, presque chaque dimanche, la nuit, agent de sécurité dans le groupe d'assurances GPA, à côté de la gare Montparnasse, à Paris. On me l'a proposé, j'ai dit oui, je m'y suis fait. Les vacations étaient de 12 heures, 19h00 jusqu'à 7h00 du matin. J'étais payé au SMIC, mais j'avais droit à des repos compensateurs. Le projet Macron ne me scandalise donc pas.

Mais ce n'est pas mon expérience personnelle qui m'y fait adhérer, c'est ma réflexion politique : ce projet n'a absolument rien de scandaleux, contrairement à ce que laisse croire l'aile gauche du PS (dont il est de plus en plus évident qu'elle veut l'échec du gouvernement et prépare une alternative à l'actuelle ligne social-démocrate). Il y a 5 bonnes raisons de défendre la loi Macron :

1- Passer de 5 à 12 dimanches autorisés à travailler, ce n'est tout de même pas le bout du monde ! Dans plusieurs grandes villes européennes, c'est pratiquement toute l'année que les commerces peuvent ouvrir. Si les adversaires du projet étaient cohérents avec eux-mêmes, ils demanderaient à ce que les 5 actuels dimanches possiblement travaillés n'y soient plus du tout autorisés.

2- Cette autorisation de travail dominical ne concerne que certaines zones touristiques, dont on comprend parfaitement que l'activité commerciale est surtout importante le dimanche.

3- Les mairies décideront ou non de cette ouverture des commerces le dimanche. Les élus locaux sont les mieux placés pour savoir si cette décision est favorable ou pas au dynamisme de leur ville. On peut compter sur eux.

4- Ce travail le dimanche sera strictement volontaire. Qu'on ne raconte pas que les salariés se sentiront obligés : c'est un argument fallacieux. On ne ferait rien du tout si on le suivait. La vérité, c'est qu'un droit est un droit : les salariés qui ne veulent pas travailler le dimanche ne travailleront pas le dimanche, point.

5- Le travail dominical ouvrira à des compensations, encore en discussion. Ce ne sera donc pas un travail comme dans la semaine.

Au nom du progrès social, certains veulent sanctuariser le dimanche, qui est vaqué depuis le moyen âge, qui considérait ce jour comme celui du Seigneur. Mais le progrès social n'est pas quelque chose de figé : drôle de gauche que celle qui est aveugle aux évolutions de la société ! Il n'y a que les chrétiens qui seraient légitimement en droit de se plaindre. Mais ils savent, à la lecture de l'Evangile, que la croyance est une affaire de foi, pas de loi.

1 commentaire:

D. a dit…

Il me semble que le travail dominical existe en bonne et due forme de façon autorisée depuis longtemps. Les ouvriers en 3 X 8 passent régulièrement des dimanches au boulot. Je connais aussi plusieurs ouvriers qui ne travaillent que du vendredi au dimanche tard dans la nuit. Cela dit, ne pas travailler le dimanche est venu du fait de libérer le peuple de ses servitudes pour qu'il puisse honorer Dieu de même que ne pas aller à l'école le jeudi (puis à partir des années '70 le mercredi) est venu du fait de libérer les élèves de leurs obligations scolaires pour qu'ils puissent (éventuellement quand même et non pas obligatoirement) suivre les cours de religion. Néanmoins, tout cela étant noté, qu'il s'agisse de "produire en ateliers ou en bureaux" ou de "servir dans les commerces ou les bureaux" il ne serait pas inintéressant de voir l'état et les entités territoriales proposer à leur tour des horaires d'ouvertures dominicales pour les personnels fonctionnarisés. Ce ne serait à mon sens pas plus choquant que de voir travailler le dimanche seulement des ouvriers et des employés du commerce.