mardi 16 décembre 2014

La DSP, par principe



Le conseil municipal d'hier soir a essentiellement débattu de la DSP, délégation de service public, c'est-à-dire l'attribution de la gestion de certaines manifestations, surtout sportives, à des entreprises privées. A Saint-Quentin, c'est jusqu'à présent la société de Pascal Cordier qui a obtenu le contrat. J'ai toujours défendu dans son principe cette procédure, qui est utilisée dans de nombreuses municipalités socialistes. Toutes les activités sportives ou culturelles ne peuvent pas être organisées par une municipalité. Pour des raisons d'efficacité, de baisse des tarifs, de rentabilité, de savoir faire, il est légitime de s'adresser à des professionnels. Les services municipaux ou les associations ne peuvent pas tout faire. Dans notre ville, les uns et les autres sont déjà très pris.

Une fois ce principe posé, il reste à procéder à des choix, mesurer avec pertinence ce qui doit être traité par le service public et ce qui est confié au secteur marchand. Olivier Tournay, élu communiste, rejette toute délégation de service public, en cohérence avec sa philosophie politique, qui n'est pas la mienne. La précédente opposition, où les socialistes composaient avec l'extrême gauche, refusait également la DSP. La nouvelle opposition socialiste, par la voix de son chef de file Michel Garand, avait exposé, dans l'un des premiers conseils municipaux de cette mandature, une position tout à fait conforme au réformisme qui est le mien et celui du PS : se distinguant alors d'Olivier Tournay, Michel Garand n'avait pas écarté par principe la DSP, mais demandé à ce qu'une réflexion soit menée sur son application. C'était parfait.

Hier soir, par la voix de Carole Berlemont (Michel Garand étant absent), la position a changé du tout au tout, pour s'aligner peu ou prou sur Olivier Tournay : rejet de la DSP ! C'est incompréhensible et inacceptable. Si le parti socialiste à Saint-Quentin veut être crédible, s'il veut retrouver le soutien des électeurs, il faut qu'il se prépare à gérer la ville, à montrer qu'il en a les capacités, qu'il est en mesure d'exercer les responsabilités. Olivier Tournay n'a pas ce souci : il est dans une logique protestataire, qui ne s'embarrasse pas des questions d'intendance. Comment pourrions-nous promettre aux Saint-Quentinois la municipalisation des activités, ou bien les faire assumer par les seules associations ? Ca me semble impossible, irréaliste, relevant plus de l'idéologie que du discernement politique. Je n'ai vraiment pas envie de revoir les dérives et les régressions dont nous avons souffert à gauche pendant six ans, privant le parti socialiste de présenter localement une alternative sérieuse. Avec Michel Garand, je pensais que la page avait été définitivement tournée ...

Ceci dit, je dois aussi avoir l'honnêteté de reconnaître qu'Olivier Tournay a été hier très bon dans son rôle de conseiller municipal d'opposition : il est à l'aise, sait intervenir sans lire son papier, a de la répartie, travaille ses sujets et met à plusieurs reprises Xavier Bertrand en difficulté, ce qui est un exploit qui mérite félicitations. Je ne lui trouve qu'un seul défaut, mais de taille : il n'est pas socialiste ! Sur la DSP, ses remarques et ses questions sont judicieuses, utiles au débat, mais elles ne me font pas changer d'avis sur le principe : il est bon qu'une municipalité ait recours, quand c'est nécessaire, à cette possibilité.

La séquence s'est terminée de façon surréaliste, et même grotesque, au moment de désigner les membres de la commission chargée d'examiner les candidatures et les offres pour la DSP. Olivier Tournay, certain de ne pas être élu, n'avait pas postulé. Xavier Bertrand l'a fait changer d'avis, en lui promettant de voter personnellement pour lui ! Problème : il fallait à Olivier un suppléant, mais il est le seul communiste. Qu'à cela ne tienne, Xavier Bertrand lui en a trouvé un, son voisin, Jacques Héry, socialiste, qui a accepté, tout en disant qu'il ne voterait pas pour lui ! (et pour cause : le PS présentait Michel Garand). Il y a d'ailleurs incohérence à contester le principe de la DSP et à siéger volontairement dans une commission chargée de sa mise en oeuvre. Résultat du vote : Olivier Tournay a eu ses deux voix ! Je me demande ce que les spectateurs ont pu comprendre à ce tissu d'absurdités. Si Xavier Bertrand avait voulu ridiculiser l'opposition pour faire oublier les banderilles que lui plantait Olivier Tournay, il ne s'y serait pas pris autrement ...

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