jeudi 25 décembre 2014

Jésus autrement



Non, ce n'est pas ce que vous croyez : je ne vais pas m'amuser à blasphémer un jour de Noël, ni un autre jour, d'ailleurs. Je ne pratique pas le genre sacrilège ou profanateur. En revanche, je vous conseille vivement la lecture de ce hors-série du magazine Charlie hebdo, qui n'est pas du tout satirique, même si le dessin est amusant. Mais le contenu est tout ce qu'il y a de plus sérieux. Les textes sont tirés de la Pléiade, c'est vous dire.

Il s'agit, non pas des Evangiles officiels, canoniques, que nous connaissons bien, mais des apocryphes, non reconnus par l'Eglise. Vous croyez peut-être aussi que j'aggrave mon cas, en ce jour de la Nativité, m'appuyant sur une littérature hérétique. Pas du tout ! Ces écrits sont historiquement trop incertains pour que les chrétiens les aient retenus. Mais il n'est pas interdit, y compris chez les chrétiens, de les lire et de les méditer, pourvu qu'on n'en fasse pas un article de foi, une matière de dogme. C'est une approche symbolique et poétique de la naissance et de l'enfance du Christ, édifiante à sa façon, spirituellement profitable.

Bien sûr, ce numéro spécial de Charlie est préfacé par Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, qui sont mécréants, mais non moins savants. Et puis, dites-vous bien que les meilleurs interprètes de la religion peuvent être des athées, et pas forcément des croyants. Le plus beau film sur la vie de Jésus, L'Evangile selon saint Matthieu, a été réalisé par Pasolini, qui menait une existence pas très catholique. Le plus grand film théologique que je connaisse, La Voie Lactée, est dû à Luis Bunuel, qui se disait malicieusement "athée, grâce à Dieu !" Il y a plusieurs demeures dans la maison du Père : allez savoir si, paradoxalement, les agnostiques, les sceptiques et les athées n'ont pas la leur ...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Décidément le religieux est devenu votre quotidien .. Comment expliquez vous ce regain de besoin de spiritualité ??

Emmanuel Mousset a dit…

Bin, c'est aujourd'hui Noël ...

Erwan Blesbois a dit…

Pasolini qui fait une critique virulente de mai 68, 35 ans avant nos "néo réactionnaires" français, et qui prophétise le dogme libertaire qui va s'installer, qu'il qualifie lui de révolution consumériste, qui entraînera évidemment des ravages sur l'écosystème, qu'il soit social ou naturel ; et qui a été mené au nom du profit, même si ce motif, qui en est le fondement caché de cette "révolution", est tu, sous l'impulsion de la jeunesse bourgeoise et petite bourgeoise des pays occidentaux.