vendredi 30 août 2013

Questions pour des champions



C'est le week-end de la rentrée politique, dans l'Aisne à la foire aux fromages de La Capelle, à Saint-Quentin dans plusieurs manifestations très différentes : le défilé de la Saint-Fiacre, la présentation des prochaines expositions à Saint-Jacques, les cérémonies patriotiques autour de la Libération de la Ville et, lundi, la grande braderie. Que ces événements soient festifs, culturels, historiques ou populaires, les candidats aux élections municipales seront présents, c'est certain. A six mois du scrutin, ce sera l'occasion de prendre la température, de mesurer l'enthousiasme, d'évaluer la capacité de mobilisation, d'observer l'habileté médiatique, d'apprécier le sens du contact de nos candidats.

Je ne sais plus qui donnait cette définition minimaliste de la politique : "dire des choses à des gens". Oui, je crois que c'est exactement ça : la politique, c'est aller vers les autres et leur parler, ce qui suppose d'avoir quelque chose à leur dire qui retienne leur attention. C'est une volonté, un art, un métier, sûrement un plaisir, quelquefois une passion qu'on aura donc le loisir de tester ce week-end auprès de nos postulants au fauteuil de maire.

Les deux favoris, de droite et de gauche, ont chacun leur difficulté dans cet exercice de style. Xavier Bertrand, dès ce week-end et dans les prochains mois, risque d'être fort entouré par tous ceux qui aspirent à conserver leur place ou à en obtenir une. La droite va souffrir de l'excès. Sur sa liste, les places seront chères et les sacrifices inévitables. Il va donc falloir que les candidats putatifs jouent des coudes, se fassent remarquer, se posent en personnage indispensables, incontournables. Déjà bien entouré, Xavier Bertrand risque littéralement d'être étouffé par les solliciteurs. Il n'y a pas de roi sans sa cour, mais là, dans l'agitation, l'empressement, les allégeances démonstratives et la multitude des prétendants, ce sera la basse-cour.

A gauche, la difficulté sera inverse : non pas l'excès, mais le défaut. A sa première sortie publique, lors du jazz aux Champs-Elysées, le Courrier picard avait épinglé Michel Garand : tout seul, pas entouré. Détail qui tue, mauvaise image, vite rattrapée, vite corrigée : pour les cérémonies du 14 juillet et du Vel' d'Hiv', Michel avait sa suite, comme les mariés ont leur traîne (autre définition de la politique, de moi cette fois : faire de la politique, c'est être suivi, au sens moral comme au sens physique du terme). Même le secrétaire de section de Saint-Quentin, actuel chef de file de l'opposition, qu'on voit rarement dans ce genre de manifestations, s'était déplacé. Il faut maintenir tenir six mois de campagne, puis six ans dans la majorité ou dans l'opposition. Quel métier !

De cette rentrée de nos politiques, les journalistes vont être les témoins et observateurs scrupuleux, comptant les présents et les absents, regardant ce qui va se faire, écoutant ce qui va se dire, pour notre intérêt et notre plus grand plaisir de lecteurs. S'ils n'étaient pas là, que saurions-nous ? Rien du tout, il faudrait se contenter des tracts et discours officiels, et attendre le résultat de l'élection (qui est le juge ultime, définitif et absolu en démocratie). Si j'étais journaliste, je poserais quatre questions à nos champions :

1- Xavier Bertrand (UMP) : va-t-il se représenter, oui ou non ? Quand la loi sur le non cumul des mandats sera adoptée, que choisira-t-il entre maire et député ?

2- Olivier Tournay (PCF) : la liste "ouverte" qu'il dit vouloir constituer inclura-t-elle ou non l'extrême gauche, ses trois actuels élus municipaux et des représentants du Front de gauche ?

3- Michel Aurigny (POI) : présentera-t-il sa propre liste, comme en 2001, et fera-t-il alliance avec ceux qui lui sont politiquement proches, le NPA et LO ?

4- Nora Ahmed-Ali (EELV) : en tant qu'élue et responsable écologiste, s'oriente-t-elle vers une union avec le PS dès le premier tour ?

Voilà quelques questions simples, précises et déterminantes auxquelles nos élus pourraient répondre, en ce week-end de rentrée. Ne le doivent-ils pas aux citoyens électeurs ?

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Si j etais journaliste je m attaquerai au candidat fn pour etre utile a la republique. Il faut faire parler le candidat pour mieux casser ses arguments et demontrer la betise dangereuse de son programme.
A la prochaine election le danger viens de la. Leur tactique est a l opposer de ce que vous recommandez. Le candidat s efface derriere le logo, pour laissez les citoyens fantasmer.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Le métier de journaliste n'est pas d'attaquer mais d'informer.

2- En revanche, le PS doit être en pointe dans la lutte contre le FN.

3- Ma tactique est d'assumer l'engagement socialiste, mais au service d'un projet local.

Marie a dit…

et toi Emmanuel seras tu troisième sur la liste du PS? je dis troisième pour respecter la parité ; après tout, tu as été candidat à l'investiture mais surtout tu es un acteur, animateur, personne publique par tes engagements et les manifestations culturelles que tu animes dans notre ville, qui hélas n'a pas beaucoup comme toi.
Ils ne seront pas très intelligents les socialistes si ils ne te proposent pas ça, mais toi accepteras tu?

Emmanuel Mousset a dit…

J'ai répondu à cette question dès le soir du scrutin, et même avant, puisque je m'étais imposé une règle : si je ne fais que quelques voix, c'est-à-dire si je ne représente rien parmi les socialistes, il est logique que je ne figure pas sur la liste. Mes engagements publics sont indépendants de tout ça.