lundi 5 août 2013

Nos ancêtres les étrangers



Il y a de multiples façons d'être de gauche, une diversité de choix économiques et sociaux. Mais il y a un point commun que j'ai toujours ressenti, qui est très fort en moi : c'est la défense des étrangers, l'idée que ce sont des populations victimes et exploitées, le rejet absolu de toute xénophobie, nationalisme et racisme. Je sais que la droite, encore heureux, n'est pas insensible à ce point de vue, qui me semble cependant plus prégnant à gauche.

J'ai encore eu la confirmation de cette façon de voir samedi, en visitant un lieu que je ne connaissais que de nom, le musée de l'histoire de l'immigration, à Paris (voir billet d'avant-hier). Je vous recommande le déplacement. Voici quelques informations que j'ai retenues et qui sont nécessaires à la réflexion politique actuelle :

1- Jusqu'en 1945, l'immigration n'est pas vraiment contrôlée, les étrangers vont et viennent à leur guise sur le territoire national. La France a besoin de main-d'oeuvre, personne n'y trouve à redire. Pourtant, dans les années 30, à cause de la xénophobie ambiante, des restrictions sont à l'ordre du jour.

2- C'est seulement après la Seconde guerre mondiale que se met en place une politique de l'immigration, dans le but de rationaliser économiquement les flux. La droite et la gauche s'accordent dans cet objectif. Mais jusqu'au début des années 70, l'appel aux immigrés est fréquent, aussi bien de la part du gouvernement que du patronat. La gestion des entrées est très libérale.

3- A cette époque, les trois-quart des immigrés portugais s'installent illégalement en France, sans que cela ne soulève de protestations. La distinction entre une immigration légale (tolérée) et clandestine (condamnée) est récente. Pendant longtemps, il va de soi qu'un immigré est quelqu'un qui fuit son pays pour tenter sa chance en France, venir y travailler. La question de la légalité est secondaire et ne pose pas vraiment de problème.

4- Bien que la France soit alors ouverte, que l'immigration prouve son utilité économique, il a constamment existé dans notre pays une culture xénophobe, largement irrationnelle, qui ignore ce que l'étranger apporte mais le rejette pour ce qu'il est, tout simplement autre, différent. Des menaces imaginaires se développent, des phobies prospèrent. Un magazine catholique comme Le Pèlerin, que nous connaissons bien aujourd'hui, qui défend maintenant des positions modérées, était il y a un siècle fortement xénophobe, particulièrement antisémite. Cette xénophobie prospérait dans des milieux privilégiés, artistiques : beaucoup de dessinateurs de grand talent se lancaient dans cette veine infecte.

5- L'économie nationale, sa croissance, ses villes, ses rues, ses technologies doivent beaucoup au travail des immigrés, qui ont vécu longtemps dans des conditions déplorables. La nostalgie des Trente Glorieuses, c'est le gargarisme des classes moyennes. En vérité, l'époque était détestable pour les immigrés, qui habitaient dans d'infâmes taudis, des bidonvilles dignes du Tiers-Monde. Leurs enfants et leurs petits-enfants vivent un peu mieux mais n'ont pas de boulot et guère d'avenir : qu'on ne s'étonne pas quand ils mettent le feu, même si les moralistes ont raison de dire que ce n'est pas bien ... !

4 commentaires:

Anonyme a dit…

En tant que souteneur de la politique de hollande, soutenez-vous aussi la politique anti-Roms de manuel valls, vous, qui vous autoproclamez défenseur des étrangers ?

Emmanuel Mousset a dit…

Oui, je soutiens la politique de Valls. Mais vous vous trompez : elle n'est pas anti-Roms. Vous devez confondre avec Nicolas Sarkozy.

Anonyme a dit…

le gauche est tres attachée à la lute contre toutes les formes de discriminations sauf quand il faut presenter des candidats aux elections, c est dingue comme les élus de gauche sont aussi blanc que ceux de droite.
la gauche à encore bien du travail à faire pour mettre un peu de couleur dans ses rangs.
le monde politique ne serait il pas un peu raciste ?

Emmanuel Mousset a dit…

Vous êtes injuste, d'énormes progrès ont été faits, à droite comme à gauche d'ailleurs.