dimanche 25 août 2013

Stop impôt



L'université d'été du parti socialiste (ah mes souvenirs !) avait deux objectifs principaux : lancer une vaste campagne contre l'extrême droite, si menaçante pour les élections municipales (St-Quentin, ah ma douleur), redonner à Harlem Désir (que j'ai connu flamboyant en 1984) des habits de chef. Mais comme souvent en politique, rien ne se passe comme prévu et l'actualité nous rattrape. D'abord, la politique pénale et le débat Valls-Taubira se sont invités, paraît-il au profit de la seconde à l'applaudimètre. Ce n'est pas avec cet engin qu'on mesure le bien-fondé d'une ligne politique. Et puis, en tant que socialiste, j'applaudis toujours plus fort un socialiste qu'une non socialiste. Surtout, dès l'ouverture, il y a eu la question fiscale.

Je n'ai pas bien compris ce qu'a fait le ministre de l'écologie chez les écologistes. Au départ, comme beaucoup de monde, j'ai pensé que sa contribution climat-énergie était un nouvel impôt, parfaitement justifié par ailleurs : de toute part, on nous dit que l'avenir de la planète est menacé, que le climat se réchauffe dangereusement, que les ours polaires vont bientôt dériver sur des blocs de banquise, qu'il faut absolument modifier nos modes de consommation et de vie, sinon il y aura pour nos enfants péril en la demeure. Ca vaut bien un impôt en plus, non ? Y compris quand on est contre l'impôt, étant donné l'enjeu. La droite ne devrait rien trouver à en redire, puisqu'elle a tenté mais raté, avec sa taxe carbone (que j'avais défendue sur ce blog, vous vous en souvenez).

Sauf que la France n'est pas la planète entière et que notre pays souffre d'une autre surchauffe, fiscale celle-là, à laquelle les socialistes ne sont pas insensibles (moi le premier). Certes, la gauche, à la différence de la droite libérale, n'est pas l'ennemie de l'impôt : au contraire, elle le défend comme un instrument indispensable de redistribution des richesses et donc de justice sociale. Mais il ne faut pas abuser des bonnes choses : il y a un moment où trop c'est trop. Nous sommes entrés dans ce moment-là. Et puis, l'égalité fiscale est surtout valable pour l'impôt progressif sur le revenu ; la fiscalité au sens large (taxes de toute sorte, fiscalité locale) est souvent inégalitaire, et elle finit par devenir injustement confiscatoire. En tout cas, elle rogne sur le pouvoir d'achat. L'impôt, censé frapper la tête de la société, sape sa base.

Dans ce débat fiscal, les socialistes avaient acté cette surdose fiscale, en promettant d'arrêter là les frais. C'est pourquoi j'ai fait la grimace en entendant parler de cette contribution climat-énergie : une bonne idée ne fait pas forcément une bonne mesure politique. Je me suis dit que c'était pour faire plaisir aux écolos : mais pour ça, il y a des places, au gouvernement, au Parlement, n'importe où ailleurs, mais pas des impôts nouveaux. Alors, il y a eu rectificatif : ce ne sera pas un impôt nouveau, mais une reconfiguration de la fiscalité environnementale existante, qui ne va rien augmenter du tout. Ouh là là, il fallait le dire dès le départ, en rouge et souligné trois fois ! Franchement, une parole de ministre devant une assemblée politique, on se dit que l'annonce est nouvelle et importante, que ce n'est pas un simple réaménagement.

Ce matin, Jean-Marc Ayrault a remis de l'ordre dans les têtes. Le patron, après Dieu, a été comme toujours très bien, très clair : pas d'impôt nouveau, pas d'augmentation du niveau de prélèvements. Ouf ! Il a ajouté, mais il l'avait déjà dit : une seule ligne politique au gouvernement. J'espère que l'applaudimètre a fait un tabac. A Saint-Quentin, pour les municipales, j'ai aussi préconisé que la gauche s'engage solennellement à ne pas augmenter les impôts. Sinon, on aura l'air malin : Xavier Bertrand aura beau jeu de dire qu'il continuera à faire aussi bien, et même mieux, sans augmenter la fiscalité. Un homme qui promet ça, on ne peut que voter pour lui ! Alors attention : stop impôt, et le dire plus clairement que le ministre de l'écologie, qui est excellent, mais pas très bon communicant.

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