lundi 26 août 2013

Une ville de gauche



La dernière édition de L'Aisne Nouvelle est allée chercher un drôle de personnage, un socialiste saint-quentinois inconnu des socialistes saint-quentinois, Théo Chino, dont le nom ne me dit strictement rien. Alors que nous espérons donner un maire de gauche à Saint-Quentin, le camarade en question veut carrément ravir la municipalité de New-York ! Et même chez nous, Théo n'est pas sans ambition, mais "personne ne m'a sollicité", dit-il en souriant. Ah bon : c'est un socialiste du genre attentiste, qui espère qu'on vienne le chercher. Pourquoi pas chercher à s'imposer ? Quand on veut croquer la Grosse Pomme, on ne craint pas la cité des Pastels (à mon tour de dire des choses en souriant). A.W., qui l'a interrogé, en conclut que le PS a peut-être son candidat pour les municipales de 2020 !

Attention, Théo Chino est quelqu'un de sérieux : il a été candidat aux primaires socialistes pour les sénatoriales et a fait partie aux législatives de l'équipe de la candidate socialiste (dans les élections concernant les Français de l'étranger). Il est même revenu des Etats-Unis pour participer à l'université d'été de La Rochelle, ce qui prouve son degré d'engagement. Mais songe-t-il à un avenir politique à Saint-Quentin ? Car il est toujours inscrit sur les listes électorales de notre ville ! Pour le moment, son militantisme consiste "à ce que les 200 Saint-Quentinois de l'étranger toujours inscrits sur les listes électorales à Saint-Quentin aillent voter en 2014". Je suppose qu'il les incite à voter PS, et pas UMP ! Théo est donc un agent électoral très précieux pour les socialistes locaux : 200 voix, c'est plus qu'il en aurait fallu à Anne Ferreira pour dépasser Xavier Bertrand dans la ville de Saint-Quentin, aux législatives de l'an dernier. Théo le bien nommé serait-il notre sauveur, ayant entre ses mains les clés de la victoire ?

Une remarque de sa part vient cependant freiner ma ferveur : "J'aimerais que le PS l'emporte [aux prochaines élections municipales] mais je pense que Saint-Quentin est davantage à droite qu'à gauche". Autant dire qu'il ne croit pas en une victoire socialiste ... Mais là, le camarade Théo se trompe. Son exil américain lui aura troublé la mémoire et le jugement. Il est vrai qu'il n'est pas le seul. Je me souviens, lors de la claque des dernières cantonales qui avait réédité à l'échelle locale le 21 avril 2002, d'une socialiste, Saint-Quentinoise de très longue date, me disant que le résultat n'était pas trop surprenant puisque "Saint-Quentin n'est pas pas une ville de gauche" ! J'étais abasourdi : comment la mémoire peut-elle être à ce point infidèle ? J'ai immédiatement cité le nom de Le Meur, député-maire communiste, mais rien n'y a fait : dans l'esprit de la camarade, Saint-Quentin, à part quelques années presque accidentelles, était quasiment une ville de droite. 18 ans de présence et de victoires continues de l'UMP ont fini par effacer le passé de gauche ! (pas dans toutes les têtes, heureusement)

A Théo Chino et à ces camarades oublieux de leur propre histoire, j'affirme au contraire, en dépit des apparences, que Saint-Quentin est davantage à gauche qu'à droite, pour trois raisons principales :

1- Une raison historique : par le passé, la gauche a régulièrement gagné les élections locales. La ville a même été une municipalité communiste, ce qui n'est pas rien. La séquence 1995-2013, où la droite domine, est exceptionnelle et inédite. Mais elle ne fait pas de Saint-Quentin, loin de là, une ville de droite.

2- Une raison électorale : lors des élections nationales, les Saint-Quentinois votent largement à gauche, par exemple aux dernières présidentielles. Mais lorsque le scrutin est local, ils votent à droite. L'an dernier, ils ont choisi massivement François Hollande, mais à la législative, ils ont préféré de peu Xavier Bertrand. Saint-Quentin est l'exemple d'une ville de gauche qui vote localement à droite ( il arrive que des villes de droite votent localement à gauche, Lyon par exemple).

3- Une raison sociologique (qui est la plus puissante) : Saint-Quentin, pour faire simple, est une ville ouvrière, une ville pauvre, durement et durablement touchée par la crise économique. De ce point de vue, elle est une ville propice à la gauche. Les villes fondamentalement de droite sont bourgeoises, Neuilly, Bordeaux, Lyon.

Il faut donc le clamer haut et fort avant que ne commence vraiment la campagne des municipales : Saint-Quentin est une ville de gauche ! Elle l'est historiquement, électoralement, sociologiquement, il ne dépend que de la gauche qu'elle le soit politiquement. En faisant quoi ? Je laisse le dernier mot à l'invité de ce billet, Théo Chino : "Maintenant, c'est au PS d'être à la hauteur afin de convaincre les habitants".

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J espere qu on aura pendant la campagne la visite du 1er ministre ou d un membre tres important du gouvernement pour soutenir la candidature locale.
les st quentinois ont besoin de sentir que le candidat de gauche a des soutiens à Paris, qu il pourra réussir à obtenir des aides pour notre commune.
Sans appui, avec un candidat quasi inconnu des citoyens, je ne voit pas comment nous pourrions gagner.

Milou le fox-terrier. a dit…

Les villes de droite sont souvent bourgeoises, mais pas forcément.

Beaucoup de villages picards et de villes moyennes d'Alsace ou du Sud-Est sont dirigées depuis des décennies par la droite - que ce soit sous l'étiquette UMP ou Divers Droite.

Je pense que Saint-Quentin était une ville de gauche, mais elle est devenue de droite car Le Meur a beaucoup déçu et n'a jamais modernisé la ville.