jeudi 22 août 2013

Vive Valls !



Manuel Valls est depuis quelques jours au coeur de la polémique, critiqué de toute part, y compris par certains camarades socialistes. Je dis stop : qu'on l'aime ou pas, qu'on soit d'accord avec lui ou non, il est le ministre le plus populaire du gouvernement. Alors, quand on est socialiste, on se réjouit : vive Valls ! Ou bien c'est qu'on est devenu politiquement fou, aussi fou que se donner le moins bon candidat à une élection (ce qui arrive parfois) !

Mais je sais que l'argument ne suffit pas, qu'il faut répondre aux reproches et critiques les uns après les autres. Valls en ferait trop, se montrerait partout, se baladerait à l'excès dans les médias ? Mais ça fait partie du job de ministre ! C'est un bon communicant, qui s'en plaindra ? Ah si, je vois : les mauvais communicants, ceux qu'on ne voit nulle part. Récemment, je suis tombé sur une photo de ministre dont je ne connaissais ni le nom, ni la tête (je ne dévoilerai pas, par pitié, son identité, d'autant que je l'ai déjà oubliée !). On ne va tout de même pas regretter que Valls passe trop souvent à la télé !

Bien sûr, il y a ses idées, qui froissent parfois les consciences de gauche. Mais quelles idées ? Donnez-moi une seule idée de Valls qui ne soit pas aussi celle de Hollande et de tout le gouvernement. Ne perdez pas votre temps à chercher, vous ne trouverez pas. Manuel Valls est un bel exemple de solidarité gouvernementale. On ne peut pas en dire autant de tous les ministres. Ce n'est pas lui que vous entendrez critiquer le budget ou une mesure gouvernementale.

Cet été, il y a certes eu son différend avec Christiane Taubira. Mais l'Intérieur et la Justice ont chacun leur point de vue sur la politique pénale, respectivement légitime. Il y a eu échange de courriers, pas destiné à être rendu public, et c'est le Premier ministre et le chef de l'Etat qui arbitreront. Le cas de figure est normal et traditionnel. Sous Mitterrand, entre Defferre et Badinter, on a déjà connu ça. L'important est que les deux ministres se rangent derrière la conclusion présidentielle. Valls a prévenu, et c'est l'essentiel : il n'y a pas de désaccord politique fondamental avec Taubira.

Et puis, il y a eu ce séminaire de rentrée, où Manuel Valls aurait choqué par sa remise en cause du regroupement familial et son interrogation sur la compatibilité entre l'Islam et la démocratie. Mettons les bruits de couloir de côté : qu'a répondu le ministre à ces accusations ? Qu'on l'avait mal compris, que ses propos avaient été déformés. Ce sont des choses qui arrivent. Mais basta, l'affaire est close puisque Valls dément. En ce qui me concerne, aucun problème : je suis entièrement favorable au regroupement familial, droit humain élémentaire qu'on doit à Giscard d'Estaing, et je sais, d'expérience historique, que la religion musulmane est autant compatible avec la République que la religion catholique, malgré une coexistence qui n'a pas toujours été facile.

Alors, où est le problème Valls ? Nulle part, seulement dans la tête des esprits chagrins. C'est une question d'image : on n'imagine pas un homme de gauche en défenseur de l'ordre, de l'autorité, de la sécurité et des lois. Ce en quoi on a tort : Valls fait tout simplement son boulot, qui ne peut pas être autre chose que défendre rigoureusement l'ordre, l'autorité, la sécurité et les lois. Quand on a de la mémoire, on se souvient que le "problème" était le même avec Jean-Pierre Chevènement en son temps.

Non, Valls ne sourit pas, il serre les mâchoires, met le menton en avant, jette des regards de policier inquiet, a les cheveux noir corbeau et tient un discours martial : c'est le métier qui veut ça, une superposition de Javert et de Clémenceau. Un ministre de l'Intérieur doit physiquement montrer qu'il est le premier flic de France. Manuel Valls le fait très bien, tant mieux. Alors, soutenons-le sans réserve, applaudissons-le sans retenue (je m'adresse à la gauche, bien sûr). Reprenez avec moi : vive Valls !

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