mercredi 7 août 2013

Par ici la rentrée



Quand je me suis installé dans l'Aisne en 1998, j'étais déjà socialiste. A ce titre, j'ai été invité, en septembre, à la "journée de rentrée fédérale". Je ne savais pas de quoi il s'agissait, je n'en avais jamais entendu parler dans la section d'où je venais, le XIXe arrondissement parisien. "Rentrée fédérale" me faisait penser à la réunion d'une instance judiciaire. En fait, c'était une sortie dans le département, du tourisme de syndicat d'initiative, pas très politique. Un autocar nous baladait d'une ruine classée monument historique à un sentier bucolique, pour se dégourdir les jambes. J'avais l'impression que le moment le plus important était celui où nous allions nous mettre les pieds sous la table. Mais avant, il fallait écouter les discours d'élus et de responsables que je ne connaissais pas encore : un méchant kir aidait à supporter des interventions souvent longuettes.

L'après-midi était terrible. Avec un gigot, un bordeaux et un kir royal dans l'estomac, le corps et la tête ne suivent plus. Ajoutez-y le soleil mauvais de septembre qui tape à travers les tôles de l'autocar et c'est l'enfer : j'ai fait le Chemin des Dames sans rien voir, à moitié endormi. Ni sexy, ni punchy, cette journée "fédérale" avait pourtant son charme. Elle me ramenait trente ans en arrière, lorsque gamin, j'accompagnais mes grands-parents dans les sorties en car du comité d'entreprise des retraités EDF-GDF du bas-Berry. C'était la même atmosphère, indéfinissable, qu'il faut avoir suivi en live pour la comprendre. Pour survivre à une telle expérience, il faut avoir un moral d'acier. Mais c'est ainsi qu'on forgeait les meilleurs socialistes, dans cette épreuve psychologique et morale qu'était la "rentrée fédérale", à côté de quoi l'initiation maçonnique est de la rigolade. Je peux aujourd'hui en parler en toute liberté, il y a prescription, les responsables ne sont plus là.

Pourquoi ce rappel inutile ? Parce que tout a changé ! L'équipe fédérale a été investie par des trentenaires qui font bouger les choses. En début octobre, le parti socialiste aura, comme dans la plupart des fédérations de France, une véritable Fête de la Rose. Exit la "journée de rentrée fédérale", ses autocars, ses ruines et son kir ! Ce sera le samedi 5 octobre, à Tergnier, sur la base nautique de la Frette. Il y aura un village avec des stands de toutes sortes, associatifs, gastronomiques, ludiques. Dans l'après-midi, Claude Gewerc, président de la Région, et Yves Daudigny, président du Département, viendront débattre des transports. Et puis, tenez-vous bien, à 18h00, Najat Vallaud-Belkacem en personne sera présente. Mais oui ! Plus besoin cette fois-ci du kir royal pour maintenir en éveil et soutenir l'attention !

La Fête de la Rose se terminera comme il se doit par un banquet républicain et, à 21h00, par un concert ouvert à de nombreux groupes, dont Black Coffee, du rock ternois qui décoiffe. L'inauguration à 13h30 se fera autour d'un apéritif thiérachien aux fruits rouges, nommé Folie Douce, très gouleyant, mais qui n'empêchera pas les socialistes de l'Aisne de demeurer sages, raisonnables et sociaux-démocrates.

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