samedi 10 août 2013

Mes vacances à St-Quentin



A part quelques incursions parisiennes, je passe mes vacances à Saint-Quentin. En prévision de ma désignation à la tête de liste socialiste, j'avais prévu de rester, de commencer la campagne en occupant le creux de l'été, le vide médiatique, un peu à la façon de François Hollande (pas de Berry cette année !). Ca ne se fait pas, mais je ne pars pas pour autant, je n'aime pas trop de toute façon. Et puis, les vacances à Saint-Quentin, c'est formidable ! Pourquoi aller loin ? Je veux vous entretenir de mes sorties habituelles, vous donner peut-être à votre tour envie. Non pas les destinations traditionnelles, touristiques : Champs-Elysées, parc d'Isle, plage de l'Hôtel de Ville. Non, il y a des itinéraires plus originaux, trois principalement, à vous évoquer.

J'aime beaucoup la lecture. Lire en plein air, c'est agréable. Mais où ? Il ne faut pas être dérangé par le bruit des voitures, les cris des enfants, les allers et venues des passants. Bref, il faut un coin tranquille. Ce n'est pas si facile à trouver. J'en ai un de prédilection, à vous conseiller, inattendu, tant il est vrai qu'on n'y pense pas : le cimetière Saint-Jean ! Mais oui, c'est le calme assuré, sa fréquentation est rare durant l'été, les quelques personnes qui le visitent ne s'attardent pas. Petit inconvénient : pas d'herbe où s'allonger, pas d'arbre pour se protéger. Je recommande vivement le port du chapeau.

Le cimetière a beau être grand, vous n'avez guère de choix pour la lecture : il faut un siège, et il n'y en a pas, sauf un banc qui se trouve près du monument pyramidal, sur le plus haut point de la nécropole. En jouant avec le soleil, vous pouvez éventuellement profiter de son ombre. Un avantage : le point de vue assez joli sur les quartier Europe et Remicourt, pour ceux qui craindraient le voisinage pas très avenant des croix et des tombes, dont on fait vite abstraction. A cet endroit, avec un livre, vous êtes le roi du monde, le maître de la ville, vous éprouvez même, dans la solitude, au milieu du silence, un sentiment d'éternité.

Mais je ne me résous pas non plus à des vacances de misanthrope. J'aime la foule autant que l'isolement. Mais pas n'importe quelle foule, surtout pas celle des corps sur la plage ou dans l'eau. Il me faut des gens debout, normaux, en nombre et en mouvement. La terrasse d'un café de centre vile, c'est surfait. Ma préférence, à laquelle personne ne pense, c'est le buffet de la gare, qui ne sert généralement que lorsqu'on prend le train. C'est un tort.

D'abord, le café et les croissant y sont très bons. Ensuite, on peut y acheter et lire la presse, locale et nationale. Enfin, c'est un lieu d'observation et de rencontre unique en son genre. Le flux de circulation est passionnant. On y croise forcément des connaissances et un tas d'anonymes. Il y a toujours un peu de monde, même lorsque n'arrive ou ne part aucun train. Aller y prendre son petit déjeuner, c'est un moment délicieux dans une journée de vacances. J'apprécie tout particulièrement de regarder les tableaux désormais électroniques qui indiquent les destinations et les étapes : c'est quelque chose qui fait rêver. Tous ces gens qui vont et viennent, on se demande ce qu'ils font, vers quoi ils se dirigent ...

Enfin, il n'y a pas de vacances réussies sans une forme de shopping. Il faut bien acheter, consommer, c'est aussi un plaisir de la vie. Je n'aime pas du tout faire les boutiques, encore moins me rendre dans les grandes surfaces. Mais je me régale à fréquenter un espace d'achat auquel on ne pense pas : le dépôt Emmaüs, chemin de Lehaucourt, que vous pouvez faire avant ou après le moment de lecture à Saint-Jean, puisque c'est tout à côté. Il ne faut pas se laisser rebuter par des apparences d'entrepôt de ferrailleur ; en vérité, c'est une caverne d'Ali Baba.

Les idées de décoration pour la maison sont nombreuses et originales. Rares sont les besoins pratiques qui ne trouvent pas ici leur solution. Côté vêtements, une fois dépassées les appréhensions petites-bourgeoises (car certains grands et vrais bourgeois n'hésitent pas à franchir le pas, à s'encanailler), on peut dénicher de belles occasions, se construire si on veut un style. Mais le rayon de mon choix, que je connais par coeur, c'est celui des bouquins, très variés et très bien classés (ce n'est pas le cas dans tous les Emmaüs) : on peut tomber sur des perles rares, des titres oubliés, qu'on ne trouve même plus en librairie.

Quand vous aurez fait Saint-Jean, la gare et Emmaüs, vous serez comme moi : adieu vacances fatigantes et inutiles loin de Saint-Quentin, vous resterez ici. On est tellement mieux chez soi ! Il y a illusion à croire qu'on trouvera mieux ailleurs. Le bonheur est là où l'on est.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Le cimetière allemand sur la chaussée romaine est certainement un lieu plus propice aux méditations ... Ne serait ce que son aspect historique si symbolique ...

Anonyme a dit…

Et siroter une bière en terrasse sur la place de l'Hôtel de ville ? Un vrai petit plaisir !

Emmanuel Mousset a dit…

1- Dans un cimetière, je recherche le calme, propice à la méditation sur ce que je lis, pas sur ce que je vois. La mort en soi ne m'intéresse pas.

2- Je ne goûte qu'exceptionnellement aux plaisirs de l'alcool. Quand le soleil tape, pas besoin de l'alcool, qui tape aussi.

Anonyme a dit…

vous avez un handicape pour etre élu maire car vous n aimez pas les gens.
Vous aimez partager avec eux des idées mais le reste vous insupporte rapidement, les repas, les jeux, les manifestations sportives.... bref tous les loisirs de groupe.
c est respectable et je peux vous comprendre, mais l homme politique n a pas changé depuis Rome, il doit etre present aux jeux et aux agapes pour etre populaire et seduire ceux qui n aiment pas la politique.
chacun doit pouvoir s'identifier à celui qui postule pour les representer.
c est à la plage de st Quentin qu il faut etre pas au cimetiere...

Emmanuel Mousset a dit…

Ce n'est pas parce que j'aime les cimetières et que je n'aime pas le sport qu'il faut en déduire que je n'aime pas les gens ! Partager des idées avec eux, ce n'est pas une preuve d'amour ? Aimer les gens, c'est d'abord les respecter, pas chercher à les séduire en faisant n'importe quoi ou en les manipulant. Et puis, je suis un des rares socialistes saint-quentinois à participer à de nombreuses manifestations populaires, ce blog en atteste. Mais permettez-moi, pendant les vacances, dans ma vie strictement privér, de rechercher un peu de solitude et de recueillement.