vendredi 2 août 2013

Congé parental



Tous les Français souhaitent des réformes pour plus d'égalité, notamment entre les hommes et les femmes. Prenons le congé parental : plus personne ne défend l'idée réactionnaire que l'éducation des enfants est réservée à la seule mère. Nous trouvons normal et souhaitable que les tâches soient partagées, que le congé parental puisse être pris par l'un ou l'autre des parents, sans distinction de sexe. C'est une heureuse évolution des moeurs, qui fait l'unanimité.

Sauf que ce congé parental est utilisé presque exclusivement par les femmes ! Pourtant, elles n'y gagnent pas vraiment : au bout de trois ans, quand on a deux enfants, on ne retrouve pas si facilement une situation professionnelle. Et puis, les moeurs ont beau avoir changé, il y a des clichés qui ont la vie dure. Alors, il faut faire évoluer la loi, qui a déjà fait pas mal évoluer les mentalités. C'est ce que la ministre des Droits des Femmes, Najat Vallaud-Belkacem, propose : partager le congé parental entre homme et femme, puisque l'évolution ne se fait pas naturellement.

Pour un enfant, qui donne droit à six mois de congé, six mois supplémentaires seront au bénéfice de l'autre parent. Pour deux enfants, qui donnent droit à trois ans, il n'est pas possible de rajouter un temps de congé ; six mois reviennent donc au père, puisque c'est généralement la mère qui prend ce congé. Ainsi, l'égalité est-elle mieux assurée au sein du couple, entre l'homme et la femme. Voilà au moins une réforme qui peut susciter l'adhésion.

Mais vous n'y pensez pas ! Nous vivons dans une société qui résiste culturellement à toute réforme, quelle qu'elle soit, de droite ou de gauche, bien sûr à des degrés de résistance plus ou moins grands. Car je ne vois pas, ces quinze dernières années, une seule réforme d'envergure qui ait suscité un enthousiasme généralisé. La réforme en cours du congé parental n'échappe pas à la règle. De ce fait, je lis, dans L'Union d'aujourd'hui, page 9, un article intitulé : "Ils refusent la réforme du congé parental", avec en photo ... une dame, Raymonde Bortolo, présidente de l'association Jumeaux et plus 02, qui lance une pétition contre le projet gouvernemental. Que reproche-t-elle à cette réforme qui devrait au contraire la réjouir ? De réduire le congé parental !

Sur le coup, je ne comprends pas bien, je relis son argument et je saisis le raisonnement, qui est le suivant : les hommes n'ayant pas l'habitude de prendre un congé parental, ils vont par conséquent abandonner ces six mois, qui seront autant de temps en moins pour les femmes. Celles-ci devront se débrouiller pour faire garder leurs enfants, ce qui va leur coûter, ou bien accepter un emploi précaire pour continuer à les élever. Bref, une réforme qui devait avantager la femme la désavantage ! C'est ce qu'on appelle un effet pervers, puisque la bonne intention débouche sur un mauvais résultat.

A moins que ce ne soit le raisonnement de Raymonde Bortolo qui soit pervers : vrai en apparence, faux en réalité, c'est-à-dire un sophisme, volontaire ou pas. En effet, elle dénonce une conséquence qu'elle présuppose : trop facile ! comme disent les enfants. Au nom de quoi postule-t-elle que les hommes délaisseront leurs six mois de congé ? Elle se borne à projeter la situation actuelle sur la situation nouvelle. Mauvais raisonnement : la loi est faite précisément pour faire bouger les lignes, pas pour les prolonger.

Il faut envisager cette réforme non pas de façon statique, en se fixant sur ce qu'il en est aujourd'hui, mais de façon dynamique et prospective : les hommes s'approprieront ce nouveau droit, les femmes pousseront en ce sens, comme cela a toujours été le cas dans l'histoire de l'émancipation féminine. Au pire, si ça ne marche pas (ce que je ne crois pas), rien n'empêchera de revoir la loi, de la modifier : c'est le travail des parlementaires. Mais il est bon d'essayer, de mettre en place une réforme qui, sur le principe, convient à tous.

Madame Bortolo exprime, j'en suis certain, une crainte sincère. Mais le militant que je suis lui dit qu'on ne réforme pas un pays dans la crainte. Je ne doute pas que le pessimisme soit porteur d'une prudence légitime. Mais je ne pense pas qu'elle soit raisonnable. Si nos parents, nos grands-parents, toutes celles et ceux qui ont fait bouger la France avaient été pessimistes, la France n'aurait pas bougé du tout, et surtout pas la condition féminine. Prudence, oui, sûrement, mais confiance et enthousiasme ! Et pas de raisonnement sophistique ! L'histoire de notre pays prouve que, globalement, les choses avancent dans le bon sens. On appelle ça le progrès. Encore faut-il y croire !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

La reforme va faire gagner 450 millions d economie a l etat et la caf qui est quand meme l organisme specilise et je dirai experte dans ce domaine ne souhaite pas cette reforme puisque majoritairement elle va penaliser les familles. Elle affirme que se sera pour 70% des familles une perte, chiffre qui monte a 96% pour les familles dont le pere travaille dans une entreprise privee.. 100 % pour les familles dont le pere est travaillaur independant.
C est une reforme economique dans une politique de rigueur cache derriere une bonne intention sociale. On pouvait tres bien inciter les peres a prendre ce conge sans risquer de penaliser les familles en prevoyant que si le pere ne prend pas son conge, l enfant soit en age d etre scolarise en classe maternelle. C etait quand meme pas complique !

Emmanuel Mousset a dit…

Alors, si c'est "quand même pas compliqué", tout va bien ...