vendredi 9 août 2013

Clochemerle-sur-Aisne



Il y a des jours, à Saint-Quentin, où l'on aurait presque honte d'être de gauche. Hier encore, dans la presse locale, et depuis plusieurs jours, s'étalent des divisions syndicales. Non pas pour de nobles et légitimes motifs idéologiques, par exemple entre organisations réformistes et organisations plus radicales, mais pour des histoires de Clochemerle : la CGT des employés municipaux accusent SUD d'enregistrer et de diffuser illégalement le contenu de réunions paritaires, SUD accuse la CGT de manipulation à quelques mois des élections professionnelles, les autonomes prennent fait et cause pour les cégétistes, FO écrit au maire pour qu'il soit en quelque sorte un juge de paix.

Ce serait comique si ce n'était pas triste : Xavier Bertrand va devoir départager des sections syndicales qui s'affrontent ! Les époux Gayraud, à la tête de SUD, sont des figures locales et ont du répondant. Mais la CGT et ses alliés occasionnels ne se laissent pas non plus faire. Se rendent-ils compte, les uns et les autres, que l'effet médiatique est désastreux ? On sent, derrière tout ça, des règlements de compte, des conflits personnels. L'image qui est donnée du syndicalisme est déplorable. Vu de l'extérieur, on n'y comprend pas grand chose. On se dit bien sûr que SUD exagère, qu'on ne divulgue pas des informations à l'insu des gens. Mais ce qui reste, ce sont ces affrontements dérisoires, très éloignés des intérêts des salariés. Le syndicalisme, ce n'est tout de même pas fait pour ce que nous en montre ce spectacle !

J'en parle parce que cette affaire n'est pas purement syndicale ; elle a des conséquences politiques. La mairie est l'un des plus gros employeurs de la Ville. Le poids électoral des employés municipaux est important. Beaucoup d'entre eux ont connu la Municipalité de gauche, ont parfois été recrutés par elle. Même si les syndicats sont indépendants, leur histoire est liée à celle de la gauche, nationale et locale. Ce conflit déplorable qui éclate en plein été n'est pas anodin, ni sans effet sur ce qu'on peut appeler la mouvance de gauche. Les divisions syndicales augurent mal de l'unité politique. La bonne santé de la gauche ou de la droite ne se limite pas à leurs partis respectifs mais aussi à leurs relais dans l'opinion. A Saint-Quentin, et c'est ancien, la désunion à gauche est une maladie, à laquelle on ne fait même plus attention tellement on y est habitué, dont on finit par ne plus mesurer l'impact. L'anomalie devient normale, plus personne ne songe à s'en plaindre. Pour ma part, je m'en offusque. J'ai parlé de honte, mot très fort, au début de ce billet. Mais il y a vraiment de quoi !

Est-ce que j'ai une solution à proposer ? Directement, non : c'est une tâche qui revient aux premiers concernés, aux syndicats. Mais je crois que ce climat délétère est aussi entretenu par une ambiance générale qui résulte, à gauche, d'une absence de cadres, de références, d'arbitrages et de perspectives. Dans les villes où la gauche est forte, rassemblée, pleine d'espoir, une dynamique d'ensemble se crée, qui dépasse très largement les partis politiques pour entraîner le camp progressiste, dans l'unité, vers la victoire. C'est pourquoi les militants politiques ont indirectement leur part de responsabilité dans la situation. A Saint-Quentin, j'en parlais dans le billet d'hier, il y a pourtant quelques signes positifs, encore modestes mais réels, et puis aussi, hélas, des rechutes condamnables.

A la place qui est la mienne, je ne peux être qu'une sorte de lanceur d'alertes, même si j'aurais souhaité le rôle plus ambitieux de leader. Le pire serait de se voiler la face ou de se taire. Il faut en juger sur le moyen et le long terme, pour reprendre un peu espoir : le chemin parcouru par les socialistes, en seulement quelques semaines, est énorme, et même inespéré. Puisse l'ensemble de la gauche, ses partis et ses syndicats, suivre la même voie. Au PS, Clochemerle c'est fini (mais je touche quand même du bois ...) ; aux syndicats des agents municipaux d'en finir à leur tour, d'arrêter leur guéguerre.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

cgt , fo, sud sont des syndicats d'extreme gauche, c est à dire anticapitaliste, contre l'économie de marché
ils seront toujours des combattants de la sociale democratie, ils ne seront jamais des alliés du parti socialiste.
les querelles entre eux montre bien qu ils sont incapable de mediation et de negociations,ca tourne toujours rapidement à l'affrontement entre eux comme avec le patronat ou l etat.
il n y a pas à avoir honte, ils sont proche du front de gauche ou du npa mais ce ne sont pas des allies du parti socialiste.

Emmanuel Mousset a dit…

Non, je ne crois pas que les territoriaux de SUD soient de dangereux révolutionnaires, à Saint-Quentin en tout cas. La social-démocratie, tout le monde la critique, et puis on y revient. C'est comme la gamelle du chien.