vendredi 1 juillet 2011

Les orphelins ont un père.

Je n'aime pas en politique la métaphore du lien biologique. Un parti n'est pas une "famille", un leader n'est pas un "père" dont les militants seraient les "fils" et "filles". Les socialistes sont des camarades, pas des "frères". Et je ne parle même pas de celles et ceux qui passent de la métaphore à la réalité, en mettant en avant leurs enfants ou leurs parents, se décernant ainsi des prix de vertu socialiste non par conviction mais par filiation.

Pourquoi vous dire ça ? Parce que je suis agacé lorsqu'on présente les strauss-kahniens comme des "orphelins". DSK n'est pas, n'a jamais été notre "père", même spirituel, mais une référence, le représentant d'un courant de pensée et un possible candidat, un chef éventuellement mais pas un papa. "Orphelin" est donc un terme idiot. D'autant que les strauss-kahniens ont rapidement fait d'autres choix, en ordre dispersé, comme il était prévisible.

Cambadélis soutient Aubry, prolongeant les alliances du congrès de Reims. Destot et les anciens rocardiens aussi, ce qui m'a un peu surpris : à Reims, ils s'étaient rapprochés de Delanoë, en partisan d'un socialisme moderne. Moscovici s'est prononcé en faveur de Hollande, sans grande surprise : si Camba est avant tout dans une démarche tactique (on n'est pas ex-lambertiste pour rien !), Mosco a toujours privilégié la démarche intellectuelle. Michèle Sabban, proche de Mosco, a rallié Valls, tandis que Le Guen, proche de Camba, a rejoint Royal. Il n'y a que Montebourg qui n'ait attiré aucun strauss-kahnien, ce qui là aussi est rigoureusement logique.

Mais allez savoir si le rebondissement dans l'affaire DSK ne va pas bouleverser à nouveau le jeu politique ! En ce qui me concerne, c'est le strauss-kahnien le plus théoricien, Moscovici, qui entraîne mon adhésion. Il a évité l'erreur d'une candidature personnelle, identitaire, héritière de DSK. A Reims, je ne l'avais pas suivi chez Delanoë, parce qu'il me semblait nécessaire de poursuivre le chemin au sein du noyau historique du strauss-kahnisme, Camba, Borgel, Mazetier, Kalfon, en hésitant quand même un peu. L'idée d'alors, c'était Aubry au parti, Strauss à l'Elysée. Pourquoi pas, malgré le petit côté démocrate-chrétien de Martine et ses ambiguïtés envers l'aile gauche. Aujourd'hui, tout ça est fini, sauf si le retour de DSK redistribuait les cartes !

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