mercredi 11 mai 2016
Vive le 49.3 !
C'est quoi, toute cette agitation contre le 49.3 ? Cet article de la Constitution fait partie des moyens légaux pour s'assurer que la politique du gouvernement puisse s'appliquer. Et l'on va parler maintenant d'un "coup de force" ? Depuis quand une disposition antirépublicaine serait-elle intégrée au texte sacré de la République ? C'est évidemment n'importe quoi ! Le 49.3, que cela plaise ou non, c'est la loi : à ce titre, son utilisation est parfaitement légitime. Ou alors, il faut proposer de changer la Constitution. Mais je ne vois pas un candidat à l'élection présidentielle déclencher l'enthousiasme des foules en proposant l'abrogation du 49.3.
Mais François Hollande lui-même, il y a quelques années, ne l'a-t-il pas critiqué ? Voilà une remarque d'enfant qui ne connaît rien à la politique, ou plutôt de faux naïf motivé par une vrai mauvaise foi. Oui, l'actuel président a contesté l'usage du 49.3 dans un cas bien précis, lorsqu'il était opposant, contre la droite alors au pouvoir. C'était son devoir. La politique est une guerre de mouvement, où les positions changent selon les circonstances : c'est ce qu'on appelle la tactique. Seules les convictions doivent demeurer fermes. Pour le reste, c'est un travail d'adaptation au terrain mouvant.
Le recours au 49.3 n'est pas une décision de principe : c'est une question d'opportunité. Quand un gouvernement ne trouve pas sa majorité, qu'une réforme lui semble indispensable à adopter, il dégaine son 49.3, et il a raison. L'opposition a également raison de vouloir faire obstruction, convaincue de son bon droit. Il n'y a donc aucune contradiction à défendre à un certain moment le 49.3 et à un autre de le déplorer. C'est la finalité politique qui importe, par le moyen institutionnel, qui n'a que la valeur qu'on lui donne dans un contexte toujours particulier et changeant.
Le fond de cette polémique, qui n'est pas mineure, c'est ni plus ni moins l'idée qu'on se fait de la démocratie : pour moi et pour n'importe quel républicain, c'est le règne de la majorité. Le véritable déni de démocratie vient des minoritaires qui, à défaut de convaincre la majorité du peuple, voudraient malgré tout, et pour cette raison, imposer leur loi à l'Assemblée. On les appelle frondeurs, je les appelle factieux. Ils représentent 10% des députés socialistes, ils voudraient imposer leur point de vue aux 90% : beau travail de démocrates !
Le Premier ministre et la ministre du Travail ont tenté de discuter avec eux, de passer un compromis : peine perdue, ce sont des obtus, factieux et sectaires. Ce qu'ils veulent, c'est faire plier le gouvernement, l'amener à renoncer à la loi travail. Mais que représentent-ils pour afficher ainsi une telle prétention ? Dans un congrès du Parti socialiste, ils feraient à tout casser 30%, et encore suis-je généreux dans le pronostic. Leur tentative d'une motion de censure trahit leur intention : faire tomber le gouvernement, l'amener à la démission, rien que ça. Dans cette objectif, les frondeurs sont aller racoler à l'Assemblée ce qu'il peut y avoir de plus antisocialiste sur les bancs de la gauche. Le PS doit bien sûr sanctionner les infidèles, qui ne font plus partie, de fait, de la majorité, qui ne peuvent plus, en toute logique, appartenir au Parti socialiste.
Dernier argument, tout aussi fallacieux que les autres : les factieux seraient l'expression du peuple de gauche, qui se lèverait contre la loi travail, dont ils seraient en quelque sorte le bras armé à l'Assemblée. Arrêtons avec cette légende de mauvais guérillero : un parlementaire ne navigue pas au gré des sondages, mais du mandat que lui a confié le peuple. Depuis 2012, une majorité de gauche siège à l'Assemblée. Elle a fixé dès le début des orientations politiques. Les députés doivent s'inscrire dans cette ligne, ou bien partir. Quant à "Nuit Debout", je ne sais pas très bien ce que c'est, politiquement parlant. A des élections législatives, d'éventuels candidats se présentant sous cette étiquette feraient probablement 2 à 3%. En matière de mouvement majoritaire, on fait mieux.
Qu'on me comprenne bien : l'opposition à la loi travail est légitime, il est normal en démocratie qu'on conteste le pouvoir en place, qu'on propose une autre politique. Mais ce qui n'est pas normal, ce qui est inacceptable et même scandaleux, c'est que des minoritaires cherchent à s'imposer à tout prix, et surtout que des socialistes se retournent contre leur propre parti et le gouvernement qu'ils sont censés défendre et soutenir. Heureusement que le 49.3 est là pour remettre de l'ordre et de la cohérence dans les rangs et dans les têtes.
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18 commentaires:
Même si je suis pour la loi travail, ce 49-3 m'ennuie.
Lorsque Villepin a utilisé le 49-3 en 2006, j'étais furieux. Tout comme F. Hollande.
J'étais furieux contre le 49-3 en lui-même, pas seulement contre ce foutu C.P.E.
Alors oui, le 49-3 est une arme, mais j'aurais voulu que la majorité que je soutiens n'utilise pas certaines armes. J'y croyais moi en le discours d'Hollande en 2006 contre le 49-3.
J'suis p'tetre un bisounours de la politique.
Non, vous n'êtes pas un bisounours : vous êtes un "furieux".
Belle démonstration, Monsieur Mousset, que ce projet de loi qui ne pouvait rallier une majorité de voix au palais Bourbon est bien celui d'une minorité de fait.
Cette minorité impose donc par l'artifice du 49-3 son projet contre une majorité d'opposants désunis. Cette désunion fera qu'aucune motion de censure, qu'il n'y en ait qu'une ou qu'il y en ait plusieurs, ne sera votée mais pas que la loi est bien accueillie.
Dura lex, sed lex.
Votre réaction est intéressante : vous me faites dire le contraire de ce que j'ai dit (les minoritaires veulent imposer leur loi). Et ce que vous appelez "majorité" n'en est pas une. Comme dans le roman "1984" d'Orwell, vous retournez le sens des mots pour leur faire dire le contraire. "Big brother", c'est vous ! Quand la réalité dérange, on modifie le langage. Soyez d'un avis opposé au mien, ça ne me dérange pas, c'est la démocratie. Mais ayez l'honnêteté de rapporter mon avis tel qu'il est.
Vive le 49-3 ? Ou vive le coup d'état permanent ? Celui d'une majorité à bout de souffle ? Les ambiguïtés d'un parti qui se dit socialiste et fait une politique libérale que reniera pas la droite revenue au pouvoir en 2017. Les électeurs préféreront l'original à la copie. Vous voterez une nouvelle fois à droite pour Monsieur Droit dans ses bottes en 1995.
Vos opposants que vous traitez avec la délicatesse d'un intolérant comme le catalan coléreux et autoritaire "obtus, sectaire, factieux" sont majoritaires dans le pays, et au PS, plus en tout cas que Monsieur 5% de la primaire socialiste de 2011.
Si les opposants à la ligne libérale de Valls-Macron-Hollande étaient courageux, rigoureux, fermes,et déterminés, à votre ligne droitière, ils voteraient la motion de censure de la droite. Vous comme eux sont en train de prendre l'habitude de voter pour la droite. Si Martien Aubry et ses partisans n'étaient pas de velléitaires il y aurait eu le dépôt d'une motion de censure de gauche du gouvernement. La droite par esprit d'opposition pourrait aider par réalisme, comme celui que vous exprimez à propos de l'usage du 49-3, l'opposition de gauche au gouvernement en votant sa motion de censure. Cette dernière est plus en phase, que cela vous plaise ou non, avec l'électorat de gauche, mais pas celui qui est séduit par Macron.
Contre Marine Le Pen, je voterai républicain, comme je l'ai toujours fait. En quoi ça vous dérange ?
Votre obsession anti-FN est votre ultime argument d'une légèreté significative d'une capitulation intellectuelle comme votre ralliement au libéralisme économique de la droite. De plus vous méconnaissez, comme bien des choses, votre propre électorat.
A chacun ses obsessions. La mienne ne me semble ni indigne, ni inutile. Quant à mon ignorance, je suis prêt à la confesser humblement, surtout devant vous, qui semblez une lumière.
Les électeurs en 2017 nous départageront.
Nous sommes d'accord.
Surtout n'oubliez pas que vous avez perdu toutes les élections depuis 2012. Vous croyez, peut-être aux miracles. Etant donné le champs de ruines de la majorité parlementaire. On ne gagne jamais lorsque son camp politique est aussi divisé qu'aujourd'hui.
Il est d'évidence, Monsieur Mousset, que tout comme DSK, EM, FH et (entre autres capitulards dont MS et le pseudo-commissaire européen jadis et même naguère ministre de FH), vous avez viré votre cuti.
Et en politique, c'est comme pour la cuti, on vire, sans s'en rendre compte...
Vous avez déjà voté pour la droite au moins à deux reprises, il n'y a, comme chacun le sait, que le premier pas qui coûte, alors, vous continuerez insensiblement ou sensiblement quand vos yeux se seront déssillés.
Et ce ne sont pas les palinodies des pseudo-frondeurs qui iront à la soupe comme disait Charles de Gaulle, qui modifieront le sens de l'histoire.
L'histoire des "has been".
Oui, je persiste votre ignorance ou plutôt votre cécité volontaire comme la servitude volontaire si bien décrite par La Boétie en sont temps. Vous êtes bien oublieux que notamment qu'en mars 2014 votre parti a largement perdu es élections municipales, puis l'an suivant la déroute pour les élections départementales où en une seule fois votre parti a perdu 15 ans e progrès électoraux, en décembre 2015 vous avez perdu toute représentation politique dans les "Gross régions" du Nord-Pasdecalais-Picardie et de Paca où votre parti était tout puissant. Sans compter l'habituelle raclée aux élections européennes de mai 2014.
Vous étiez strausskhanien avec le succès que l'on sait.
Puissent de tels rappels vous ouvrir les yeux !
On dirait que vous avez une propension à faire les mauvais choix politiques en raison de vos erreurs d'analyse, de méconnaissance de l'électorat de gauche.
Ce n'est peut être pas « sale » ni interdit de préférer « Démocratie » à « République » et « valeurs démocratiques » à « valeurs républicaines ».
A l'avant-dernier commentaire :
Détrompez-vous, Hollande a bien des chances de remporter la prochaine élection. Aux précédents scrutins, le PS a plutôt bien résisté. Un seul parti a vraiment échoué : le FN ; il n'a rien gagné du tout.
Hollande, s'il y va, c'est qu'il aura estimé qu'il peut gagner le droit de se représenter au second tour. Tout son jeu est là : il va au 2ème tour ? Il gagne.
Mais donc encore faudra t-il passer le 1er tour.
S'il croit réussir ce 1er tour, il se présentera.
S'il voit qu'il va rester sur le carreau de ce 1er tour, il renoncera à se présenter et alors, là, c'est sûr, le président poussera Macron à braver le corps électoral pour que la présidence reste à quelqu'un se déclarant de gauche, ce qui est à démontrer autrement qu'avec des lois Macron, El Kohmri ou Notre.
Et si Macron l'emporte, Valls ne sera jamais locataire à l'Elysée. Si Macron n'est pas le prochain président, il y aura déchirure entre Valls et Macron alors qu'ils sont si proches dans leurs conceptions de diriger l'état.
Vous compliquez les choses. La politique est plus simple que ça.
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