jeudi 28 mai 2015

Yes or no, oui ou non



David Cameron, qui vient récemment d'être réélu en Grande-Bretagne, est un habile politique. En proposant un référendum sur le maintien de son pays dans l'Union européenne, il répond aux attentes de son peuple, qu'il met devant ses responsabilités. Il est bien beau de critiquer l'Europe, tout d'ailleurs est critiquable. Mais il y a un moment où il faut assumer, faire des choix, aller au bout de ce qu'on pense et de ce qu'on croit vouloir : oui ou non, les Anglais veulent-ils continuer de participer à la construction européenne, ou bien s'en détacher et vivre leur propre vie, de leur côté ? Habile politique aussi, parce que Cameron en profite pour s'adresser aux Européens, faire pression sur eux, exercer un petit chantage : nous restons, à condition que vous changiez. Et pour le libéral Cameron, l'Europe est trop socialiste, elle doit devenir plus libérale.

Au moins, les choses sont claires. L'initiative de Cameron a le mérite, involontaire, de la pédagogie : L'Union européenne, contrairement à ce que prétendent les anti-européens, n'est pas la prison des peuples ; ses institutions ne surplombent pas les nations, ne leur imposent rien que celles-ci au préalable n'aient accepté. Les Anglais veulent partir ? Qu'ils partent, si tel est leur choix, même si je ne le souhaite pas. Mais au moins la situation aura été clarifiée. La surprise n'est pas totale : les Anglais, à la différence des Français et des Allemands, n'ont jamais été fondamentalement européens. Culturellement, historiquement et géographiquement, ils sont tournés vers l'Amérique. Tant mieux pour eux. Mais qu'ils ne comptent pas sur nous pour déconstruire l'Europe, la réduire à une zone de libre-échange, revenir sur les transferts de souveraineté. Je suis bien sûr pour une Europe fédérale et socialiste.

Parce que l'Europe est démocratique, qu'elle impose rien à ses Etats-membres, je suis favorable à ce que les Français, comme les Anglais, soient mis au pied du mur, qu'à leur tour ils disent clairement oui ou non à l'Europe. Car nous aussi, si nous le voulons, nous pouvons rompre avec l'Union. Politiquement, ce référendum serait le bienvenu. Jusqu'à présent, nous défendons l'Europe par ses causes (la paix, l'unité) : il faudrait aborder la question européenne par ses conséquences, dans la perspective de la rupture. Les forces politiques seraient amenées à se déterminer précisément, à cesser toute ambiguïté ou hypocrisie sur l'Europe : les soi-disant eurosceptiques de droite et les partisans de gauche d'une prétendue autre Europe seraient bien obligés de se prononcer sur l'Europe telle qu'elle existe (parce qu'on ne fait pas de politique sur des ressentiments ou des rêves).

Le référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen a donné lieu à l'un des débats les plus équivoques et les plus malhonnêtes auxquels j'ai pu assister dans la vie politique. La seule vraie question européenne, c'est celle du malin Cameron : l'Europe, on y reste ou on en sort. Tant que le peuple français ne se sera pas prononcé là-dessus, le débat sera pipé, l'avenir de l'Europe incertain. En être sans en être, c'est-à-dire faire semblant, c'est la pire des positions en politique. Les pseudo-européens sont nombreux ; il faut les faire sortir du bois. Après, la France pourra suivre son destin, égoïstement national ou généreusement européen.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous justifiez de quelle manière qu'un destin égoïste serait français alors qu'un destin généreux serait européen ?
Une telle assertion préjuge que tout serait déjà écrit quelque part... Une terrible leçon de finalisme et un bon sujet pour le baccalauréat...
Il n'y a pas de destin, il n'y a que l'avenir.

Anonyme a dit…

Messieurs les ANGLAIS , tirez les premiers !!

Erwan Blesbois a dit…

Plus l'Angleterre sera forte plus l'Europe sera faible, il en a toujours été ainsi historiquement. Il faudrait que l'Ecosse puis le Pays de Galles, sortent du Royaume-Uni et rejoignent l'Europe, l'Angleterre en ressortirait considérablement affaiblie et cela laisserait un boulevard pour l'Europe. Historiquement cela serait une revanche pour la France et pour l'Allemagne. Quant à la Russie il faudrait qu'elle se décide à rejoindre l'Europe ; avec ses ressources naturelles, l'Europe pourrait devenir réellement la première puissance économique mondiale.

Emmanuel Mousset a dit…

C'est surtout l'Europe qui devrait décider de se rapprocher de la Russie, au lieu de la rejeter.

Anonyme a dit…

On peut toujours rêver , la perfide ALBION est en pleine manœuvre mais pourquoi, quant à POUTINE pensez vous vraiment que en portant la guerre un peu partout à ses frontières on puissent envisager une coopération de qualité !!!
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Emmanuel Mousset a dit…

Si nos frontières étaient menacées, nous y porterions nous aussi la guerre, en toute légitimité.