vendredi 22 mai 2015

Le congrès est fini



Je l'avais écrit il y a quelques semaines : le congrès du Parti socialiste est clos avant même d'avoir commencé. Le vote sur les motions d'hier l'a confirmé. Quand la gauche est au pouvoir, le réflexe de soutien au gouvernement joue à plein. Et puis, l'aile gauche, avec Christian Paul, s'est donné un mauvais candidat, qui a permis à la motion majoritaire de faire un score plus important que prévu. Quand Martine Aubry a décidé de la rallier, c'en était terminé pour les minoritaires. Enfin, comme l'a répété Jean-Christophe Cambadélis aujourd'hui sur BFM-TV, "le Parti socialiste est social-démocrate", et ceux qui ne le sont pas ont été nombreux à le quitter ces trois dernières années.

Christian Paul, en bon battu, a soutenu qu'il était quand même un peu gagnant : "nous avons réveillé un PS en sommeil depuis trois ans". Et les Etats-Généraux du projet, qui ont eu lieu il y a quelques mois, c'était roupiller ? Si Paul a réveillé des socialistes, ce sont les sociaux-démocrates qui sont allés voter pour lui faire barrage. De ce point de vue, il aura été d'une redoutable efficacité. Ce matin sur RTL, il a tiré les leçons de son aventure : il faut "tourner la page de la fronde parlementaire". Il a joué, il n'a pas gagné, il rend les armes : c'est la bonne nouvelle de ce non événement qu'est le congrès. Mais ça n'empêchera pas Paul de se présenter au poste de premier secrétaire : en politique, les plus belles batailles sont celles qu'on a perdues d'avance.

Le seul désagrément du vote d'hier soir, c'est le taux de participation : près d'un adhérent sur deux ne s'est pas déplacé. Ce n'est pas un phénomène nouveau, mais c'est toujours stupéfiant : quand on cotise à un parti, c'est qu'on a une conscience politique supérieure à la moyenne des citoyens. Quand on vous donne la parole, vous la prenez, vous vous exprimez. Sinon, à quoi bon appartenir à un parti politique ? Autant rester simple sympathisant. Comment les responsables politiques peuvent-ils se plaindre de l'abstention aux élections locales et nationales, appeler à lutter contre elle, lorsque leurs propres troupes, dans un scrutin interne, ne les suivent pas ? La moindre des choses quand on est membre volontaire et motivé d'une organisation politique, c'est d'aller voter. Si les militants ne donnent pas l'exemple, qui le fera ?

Oui, le congrès socialiste est terminé, son patron est connu, sa ligne est fixée. Mais tout n'est pas tout à fait terminé : il reste à se partager les postes et fonctions du haut en bas de l'appareil, des structures nationales au bureau des sections, en passant par les instances fédérales. Politiquement, ça ne changera rien. Mais les uns et les autres y trouveront une multitude de niches qui sont autant de petits pouvoirs qui pèseront le jour où il faudra décider des investitures personnelles aux prochaines élections. C'est la parabole des miettes lancées sous la table aux petits chiens, dans l'Evangile selon saint Matthieu, 15, 26-27.

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