mardi 26 mai 2015

Une gauche alternative et citoyenne



La progression de Podemos et des Indignés aux élections locales de dimanche en Espagne, tout comme la victoire de Syriza il y a quelques semaines en Grèce, interrogent la gauche française. Dans les deux cas, nous n'avons pas affaire à la résurgence de l'extrême gauche traditionnelle, du courant communiste ou révolutionnaire : c'est bien à une nouvelle forme de mobilisation, progressiste, à laquelle nous assistons. Notre gauche nationale, y compris et surtout social-démocrate, doit en tirer des leçons pour son propre compte.

D'abord, je ne crois pas que nous assistions, en Espagne ou en Grèce, à une poussée à proprement parler radicale. Il s'agit plutôt de l'aspiration à quelque chose de nouveau, à quoi ne répondent pas ou plus les partis de gauche traditionnels. C'est l'opposition entre la gauche des citoyens et la gauche des appareils. En Europe, la gauche classique qui résiste encore, qui demeure assez bien implantée, qui est beaucoup moins contestée, c'est la social-démocratie historique.

PS en France, PASOK en Grèce et PSOE en Espagne ont longtemps défendu un socialisme traditionnel et se trouvent aujourd'hui débordés par une gauche alternative, qui remet en cause le bipartisme réformistes/conservateurs. Sauf en France, où le parti socialiste rencontre certes des difficultés à exister sur le terrain, à être représentatif de la population, notamment des jeunes et des classes populaires ; mais, à la différence de l'Espagne et de la Grèce, aucune force importante à sa gauche ne le menace, ne lui fait concurrence : le Front de gauche a fait long feu, Jean-Luc Mélenchon ne parvient pas à capitaliser ses succès électoraux, le PCF continue tout doucement de s'éteindre. C'est que le PS a su chez nous opter pour une ligne clairement social-démocrate, qui gouverne le pays et garde sa capacité d'attraction et sa crédibilité politique. En Angleterre, la gauche a perdu récemment les élections en se battant sur une ligne assez proche de l'ancien travaillisme, s'écartant du social-libéralisme de Tony Blair (qui avait pourtant en son temps assuré son succès).

Ce qu'il faut retenir, c'est que les vieux partis socialistes sont à bout de souffle (le PASOK grec ne représente plus que 5% des électeurs !). Le parti socialiste français n'en est heureusement pas là, mais il doit transformer ses structures s'il ne veut pas progressivement devenir la SFIO de notre temps, vieillissante, sclérosée, renfermée. La direction nationale en a parfaitement conscience et tente de réformer. En tout cas, la social-démocratie doit favoriser le rajeunissement et le renouvellement de ses cadres, personnel et organisation, en s'inspirant de ce qui se passe ailleurs en Europe. Après tout, Podemos et Syriza sont des mouvements assez comparables, toutes choses égalent par ailleurs, à ce qu'était en France le PSU dans les années 60, auquel le PS a su s'ouvrir dans les années 70. C'est aussi le rôle que pourraient jouer aujourd'hui les écologistes, s'ils n'étaient pas si divisés, s'ils ne reproduisaient pas en pire les vieilles structures partisanes. L'avenir de la gauche dépendra de l'émergence de cette gauche alternative et citoyenne, qui existe sociologiquement en France, comme en Espagne et en Grèce, mais qui n'a pas encore trouvé sa formulation politique. J'espère qu'elle se fera avec le PS, si possible dans le PS, mais surtout pas contre le PS.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

pour info à relativiser ... relativement

http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-nouailhac/nouailhac-trotskistes-un-jour-trotskistes-toujours-27-05-2015-1931363_2428.php#xtor=CS3-190

Emmanuel Mousset a dit…

Bof, c'est comme les francs-maçons : ils sont partout et nulle part, la droite en a peur et ça ne rapporte pas une voix aux élections.

Anonyme a dit…

La franc-maçonnerie donne des outils symboliques pour pratiquer la sculpture de soi (comme dirait Onfray) mais n'indique aucun chemin pour y parvenir ni aucun modèle de ce soi (à chacun d'exercer son libre chois), ceci dans le cadre d'une activité de petits groupes qu'ils appellent "loges"
En conséquence la FM rassemble des personnes qui dans le cadre étroit des appartenances politiciennes (boutiques appelées "partis politiques") appartiennent à toutes couleurs quand elles en ont une !
"ça ne rapporte pas une voix aux élections" je sens comme un reproche ...... ou une déception ...... !
Evidemment les francs maçons eux mêmes ne vont pas forcèment voter pour celui d'entre eux qui fait de la politique politicienne. Les électeurs non maçons sont sous l'influence des extrêmes extrêmes droites et extrême gauches qui dans le passé stigmatisaient les francs maçons, sans compter l'Eglise catholique qui les excommunie ...
Bref la FM n'a rien à voir avec la politique politicienne mais éventuellement avec "le politique" au sens noble, de bien commun, bref se préoccuper de la vie de la cité en quittant les orripeaux politiciens

Emmanuel Mousset a dit…

Ni reproche, ni déception, simplement un constat, qui va à l'encontre du préjugé ordinaire d'une maçonnerie qui exercerait une influence politique majeure.