mercredi 27 mai 2015

Retour au Panthéon



C'est l'un de mes monuments de Paris, et même de toute la France, préférés. Quand je remonte la rue Soufflot pour m'y rendre, je fais parfois des rencontres inattendues, qui n'ont rien à voir avec les morts, mais avec les vivants (voir mon billet du 8 mai : J'aime Paris au mois de Mai). Régulièrement, je fais visiter à des groupes le Panthéon, à travers une déambulation historique, esthétique et philosophique. Cet après-midi, François Hollande va y accueillir solennellement quatre grands Résistants.

La gauche et le Panthéon sont intimement liés. La droite bien sûr peut y célébrer, mais c'est toute de même plutôt la famille et la tradition de l'autre camp. La Réaction et l'Eglise n'ont jamais vu d'un très bon oeil cet ancien édifice religieux transformé en temple laïque de la République et de ses Grands Hommes. Tout au long du XIXe siècle, droite et gauche, monarchistes et républicains se sont disputés le bâtiment, dans lequel cohabitent aujourd'hui plusieurs traditions, dans un ensemble assez baroque.

Le Panthéon, beaucoup d'entre nous l'ont découvert ou redécouvert en 1981, lorsqu'un autre socialiste, un autre François s'y est fait littéralement couronner. Même en République, l'élection ne suffit pas : il faut le sacre. C'est bien joli d'être mandaté par le peuple, mais il faut aussi recevoir l'onction suprême des Grands Ancêtres. Je me souviens bien sûr de cette remontée de la rue Soufflot par les leaders socialistes, bras dessus bras dessous, de la peur des patrons et du petit peuple de droite, qui n'en menaient pas large, qui croyaient leur fin venue. Il n'y avait pas de quoi, pourtant !

Je commence toujours mes visites du Panthéon en me faisant une gueule et une voix à la Malraux, en récitant, sur les marches, son discours à Jean Moulin, lors du transfert de ses cendres. Si l'on veut comprendre le Panthéon, il faut lire ce texte, et mieux encore, l'entendre. André Malraux a été communiste puis gaulliste : on ne saurait mieux résumer l'esprit du Panthéon en un seul homme. J'espère que cet après-midi, mon cher François, dans son discours, sera à la hauteur de l'événement. Je n'en doute pas.

3 commentaires:

C a dit…

"Aux grands hommes..."
Et pourquoi rien "Aux petits hommes..." ?
Y avait-il des grands hommes il y a 2 ou 300 millions d'années ?
Qu'en sera t-il dans 2 ou 300 autres millions d'années ?
On a finalement bien choisi en prenant un ancien lieu de culte pour ce culte nouveau qui durera ce durent les cultes et je pense là à celui de l'être suprême...
Mais comme disait ma grand'mère : "Ce n'est pas parce que vous n'aimez guère qu'il faut vous croire indispensable d'essayer d'en dégoûter les autres"...
Eh, oui, Grand'mère voussoyait ses petits enfants...

Emmanuel Mousset a dit…

Les petits hommes ne recherchent ni l'admiration, ni la vénération. Ils marchent dans l'ombre et se font discrets. Le Panthéon est un tombeau paradoxal : on descend dans l'obscurité pour y trouver la lumière.

Erwan Blesbois a dit…

Je suis absolument effrayé par mes pairs, je ne sais pas pourquoi ; j'ai l'impression que nous nous mouvons dans un monde de mort-vivants. Est-ce que cela, cette frayeur fait de moi un petit homme ,certainement. Je pense que les grands hommes sont des hommes comme les autres à qui les circonstances ont permis de sublimer cette frayeur en triomphe, comme Napoléon. Les hommes qui n'éprouvent pas cette frayeur, je ne les comprends pas, et ce sont les plus nombreux, je les envie un peu, mais ils n'ont pas conscience d'être de petits hommes qui se dévorent les uns les autres comme des mort-vivants par manque d'intimité.