mardi 11 novembre 2014

Questions sur un centenaire



Le centenaire de la Grande Guerre donne lieu, un peu partout, dans les collectivités locales, à la radio, à la télévision, dans la presse, à tout un tas de manifestations. J'ai des craintes d'overdose devant cette multitude d'initiatives, d'autant que nous sommes partis pour quatre ans. Ca ne me pose pas de problème personnel, parce que je m'intéresse au sujet. Mais notre société est tellement versatile, exigeante, vite lasse, excédée, irritée que je redoute un contre-effet. Autrefois, les distractions, les lectures, les événements étaient plutôt rares, l'attention du public était facilement soutenue et fidélisée. Pas aujourd'hui, où la soif de nouveauté est grande, où la manie du zapping est constante. A tout prendre, mieux vaudrait en faire moins sur ce centenaire, mais de façon plus concentrée.

Et puis, est-ce que la Grande Guerre nous parle encore ? Il y a un siècle, le monde était tout différent d'aujourd'hui : largement rural, encore aristocratique, ignorant le communisme, n'ayant pas vraiment développé le capitalisme, insensible à l'influence américaine pour quelque temps. Ce sont les années 20 et 30 qui vont tout changer, qui nous font entrer dans la période moderne : classe ouvrière puissante, début de la société des loisirs (les congés payés), grands mouvements de masse, américanisation progressive, etc. De ce point de vue, la Deuxième guerre mondiale est beaucoup plus parlante, plus actuelle que la Première : lutte pour la démocratie contre le fascisme, condamnation des horreurs du racisme (le Génocide), constitution d'une conscience universelle.

Que nous dit le conflit de 1914-1918 ? Quelles leçons en tirons-nous ? C'est compliqué, les messages sont divers et parfois contradictoires. Patriotisme ou pacifisme ? Vision nationale ou européenne ? Défense ou critique de l'armée ? Eloge de la République ou réserves sur l'Union sacrée ? Boucherie lamentable ou épopée glorieuse ? Politiquement, idéologiquement, il n'en ressort rien de clair, au contraire de 1939-1945. Pour les historiens et les penseurs, cette complexité est passionnante. Mais que vont en faire le grand public et les autorités officielles ?

Je n'échappe pas moi-même au phénomène d'engouement. Demain matin, je serai à l'école Lyon-Jumentier, pour animer un goûter philo sur le thème : la guerre sert-elle à quelque chose ? Dimanche, ce sera une séance de café philo à Vassogne, dans le musée, à 16h00, précédée d'une visite de l'exposition "Terres, Fêlures de la Grande Guerre", par Monsieur Bedhome, à 15h30. Le sujet du débat sera : que détruit la guerre ? Ces activités seront gratuites.

2 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

Ceci dit, je ne pratique pas le prosélytisme, je ne communie pas non plus, je ne suis absolument pas pratiquant, ni même baptisé, et tout cela n'est pas à l'ordre du jour pour moi, peut-être dans mes vieux jours. Mon adhésion à certaine valeurs est purement théorique : je ne suis pas croyant mais plutôt nihiliste. Je pense qu'il n'y a rien, que la vie est un moment fait d'émotions, qui a une certaine valeur. Comment valoriser la vie ? Le nihilisme peut déboucher sur un culte de la vie, mais sans aucune transcendance. Et pourtant je privilégie les valeurs du catholicisme : c'est un paradoxe. C'est mon histoire personnelle (immanence), qui l'explique, c'est du domaine du ressenti. J'irais même plus loin, je déteste l'église, la plupart des curés, je n'ai pas eu une bonne expérience de l'école catholique, je préfère l'école laïque ; mais ce vieux monde catholique est méchant parce qu'il est sur la défensive, il fut une époque où les valeurs qu'il proposait était positives, aujourd'hui elles sont largement négatives ; mais de l'autre côté le monde libertaire et libéral propose des valeurs de destruction, alors que choisir. La mort ou la mort ?

Erwan Blesbois a dit…

L'influence des gènes est chez l'homme moins prégnante que chez les autres animaux, en raison du langage qui modifie la donne, c'est le langage qui façonne notre cerveau beaucoup plus que les gènes.
Or la question que je me pose est : pourquoi le langage de mon père qui a structuré mon esprit était-il si mauvais ? C'est la question de l'origine, la question du mal absolu et du père forclos (Lacan): explication psychanalytique que j'ai trouvé aux écrits de Zemmour dans un des nombreux articles destiné à le décrédibiliser : Zemmour aurait eu un père qui le battait. Donc Zemmour ne s'aime pas lui-même CQFD. Autrement dit on doit fermer sa gueule si l'on ne s'aime pas soi-même : bienvenue dans le meilleur des mondes.