vendredi 28 novembre 2014

Inauguration mystère



Visite ce matin, avec la classe, du carrefour formations carrières, dans le palais de Fervaques, pour l'orientation des élèves, après leur baccalauréat. A 11h00 est prévue l'inauguration officielle, qui les intrigue : c'est quoi une inauguration ? pourquoi on ne la fait pas dès l'ouverture ? quelles sont les personnes qui prennent la parole ? est-ce qu'il y a quelque chose à manger et à boire ? Bref, les élèves ont envie d'assister à leur première inauguration, car ils n'en ont jamais vue de leur vie. Pourquoi pas : la seule contrainte, c'est le retour au lycée pour midi, où certains reprennent les cours.

Mais l'inauguration s'est fait attendre. En spécialiste de la chose, j'ai tenté de repérer l'endroit des discours, marqué par des micros sur pied, que je n'ai pas trouvés, tout simplement parce qu'il n'y en avait pas. Au pif et par expérience, je me dis que l'inauguration se fera sur les marches qui conduisent à l'étage : c'est le lieu idéal pour s'adresser à la foule. Nous occupons donc l'endroit, pour être aux premières loges. Le temps passe, les élèves s'impatientent un peu, mais ils tiennent à leur inauguration. Ils me font remarquer que des gens "importants" sont en train de se regrouper dans le hall (pour eux, les gens "importants" se repèrent à leur costume et à leur cravate pour les hommes, aux chaussures à talons hauts chez les femmes). Oui, c'est vrai, de petits groupes se forment, mais c'est pour discuter, pas pour inaugurer.

L'inauguration aurait-elle été supprimée ? C'est possible, le fait s'est déjà produit. Mais généralement non. L'espoir renaît parmi les élèves quand ils voient des jeunes presque de leur âge, tout en blanc, transporter des plateaux remplis de petites choses à manger, toasts salés ou gâteaux sucrés. C'est sûr, l'inauguration aura bien lieu, la preuve vivante défile sous nos yeux. Des élèves me demandent s'ils auront droit de boire du champagne, je leur réponds que oui, que c'est une inauguration ; mais j'aurais peut-être dû leur répondre que non, du point de vue de la déontologie.

Pour tromper l'attente (car il est 11h30), je dis à la classe que j'ai aperçu le sous-préfet, présence qui renforce l'idée d'une inauguration. Plusieurs ne savent pas quelle est la fonction de ce monsieur, une élève ose une définition : c'est celui qui est en dessous du préfet. Oui, évidemment. Je leur propose de leur faire connaître directement le "représentant de l'Etat" sur la ville de Saint-Quentin, les élèves sont aussi enchantés de cette perspective que d'assister à l'inauguration. Sauf que je cherche le sous-préfet et ne le retrouve pas. J'explique alors ce qu'est un sous-préfet (petite leçon impromptue d'éducation civique).

A 11h45, toujours pas d'inauguration en vue. J'entrevois une solution à l'énigme : les personnalités ont fait une visite des stands qui a fait office d'inauguration, sans discours officiels. Oui, mais que sont devenus les petits fours ? C'est à ne plus savoir ... Nous restons sur notre faim et sur un mystère. Toujours est-il qu'il est trop tard, qu'il faut rentrer, que les cours, eux, n'attendent pas, qu'il faut être à 12h00 dans l'établissement. Les élèves ne sauront donc pas ce qu'est une inauguration, n'entendront pas les gens "importants", ne participeront pas au "pot de l'amitié". Mais n'ont-ils pas toute leur vie pour ça ? Avant de partir, je recompte mes troupes pour n'oublier personne, et nous prenons une photo pour immortaliser cette visite (en vignette).

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