mercredi 19 novembre 2014

La défaite de la Picardie



L'Assemblée nationale examine aujourd'hui, en seconde lecture, la carte des nouvelles régions. Quelle qu'en soit l'issue, la région Picardie aura échoué. Le choix le plus probable, qui est l'hypothèse actuelle, c'est la fusion avec la région Nord, qui ne veut pourtant pas de nous. Un mariage contraint et forcé, sans consentement mutuel, ne peut rien donner de bon. Le Conseil régional de Picardie, toutes tendances confondues, a cette préférence faute de mieux, qui aurait été, selon lui, le maintien en l'état de la région picarde, autant dire le refus de la réforme territoriale proposée par le gouvernement.

Il y avait des solutions alternatives. Dès le début, j'avais eu idée d'un rattachement avec l'Ile-de-France (je raisonnais aussi en Axonais et en Saint-Quentinois). La suggestion pouvait paraître baroque, quoique sérieuse et étayée dans mon esprit. Mais quand on est seul, on croit toujours avoir tort. C'est pourquoi j'ai été heureux (et surpris) de voir Jean-Pierre Balligand défendre cette option en début octobre, alors qu'il avait toujours soutenu jusqu'à présent le rattachement de la Picardie à la Champagne-Ardenne. Pour moi, l'argument est simple : la région la plus pauvre doit s'allier à la région la plus riche.

Dans le débat sur la réforme territoriale, depuis quelques semaines, d'autres évolutions se sont produites. Yves Daudigny, qui avait gardé une prudente neutralité, se souciant surtout de maintenir l'existence du département, a finalement fait le choix de l'Est, contre celui du Nord. De plus, les départements ont obtenu le droit, sous certaines conditions, de rejoindre la région de leur choix (jusqu'à présent, les rapprochements étaient exclusivement interrégionaux). Jacques Krabal milite activement pour que l'Aisne se tourne vers Reims. L'Oise, évidemment, regarde vers Paris. Bref, l'éclatement de la Picardie est à l'ordre du jour. Pourquoi pas, d'ailleurs, puisqu'au niveau régional, la volonté politique a manqué, partagée médiocrement entre le statu quo (Picardie maintenue) et le pis aller (mariage aigre-doux avec le Nord-Pas-de-Calais).

Il n'en reste pas moins que la réforme territoriale est l'un des plus importants chantiers du quinquennat, qui modifiera durablement l'organisation du pays. La droite reproche contradictoirement une refonte des régions imposée d'en haut et une carte territoriale qui n'en finit pas de bouger. Non : le projet vient du gouvernement, ce qui est normal en matière d'institutions, y compris locales ; mais il a été largement débattu avec les élus concernés, et les parlementaires, encore aujourd'hui, ont fait leur travail.

Xavier Bertrand proposait des référendums par région : non, ça n'aurait rien donné, les Picards voulant garder la Picardie, les Bretons la Bretagne ... et les Berrichons le Berry (je suis Berrichon de naissance, mais c'est une boutade, le Berry étant une ancienne province, pas une région). La voie référendaire est praticable lorsque la question est simple et nationale. Va donc pour des Picards devenus Nordistes, à défaut d'être Franciliens : le pire aurait été, de toute façon, de rester replié sur soi. Une défaite, à la longue, peut se transformer en victoire.

1 commentaire:

Martine a dit…

Personnellement, je m'en fiche un peu, j'ai ma famille répartie dans les départements 59,62,60 et 80 et moi dans le 02 ! politiquement et économiquement je ne suis pas assez calée pour savoir ce qui est le mieux pour la Picardie donc je trouve que nous serons une grande famille géographique