samedi 9 septembre 2017

L'Europe des peuples



Si Irma n'avait pas focalisé l'attention des médias, l'intervention d'Emmanuel Macron à Athènes sur l'Europe aurait fait l'événement. Mais voilà : un discours prête moins au spectacle qu'un ouragan. C'est pourtant un texte fondateur, qui fera date. On se souvient que pendant ses meetings de la campagne présidentielle le candidat avait mêlé drapeaux nationaux et drapeaux européens. Macron était le premier, il fallait oser, devant une opinion française plutôt antieuropéenne. La ferveur du président est demeurée intacte : c'est ce qu'il a exprimé avant hier en Grèce.

Le choix de ce pays pour une déclaration d'amour à l'Europe n'est pas anodin. La Grèce est une vieille civilisation méditerranéenne : l'orient commence chez elle. Or, l'Europe a été trop souvent conçue comme strictement occidentale, anglo-saxonne, atlantiste. Le vrai clivage est là, de nature culturelle, pas entre les tenants d'une Europe fédérale et les partisans d'une Europe des nations (débat éculé), pas entre une Europe du marché et une Europe sociale (elle est et sera les deux). Il y a une dizaine d'années, DSK avait déjà anticipé et pensé cette Europe ouverte, méditerranéenne. Pas étonnant d'ailleurs que les Anglais ne se soient jamais sentis très européens : la réticence de leur part est surtout culturelle.

Le choix de la Grèce, pour délivrer un message sur la refondation de l'Europe, est aussi motivé, selon moi, par une raison politique : ce pays a été sauvé de la faillite et de l'effondrement, il y a un an, grâce à l'Europe. Il a choisi, contrairement à la Grande-Bretagne, de rester dans l'Union européenne, par la volonté de son dirigeant, Alexis Tsipras, leader aussi admirable qu'Angela Merkel.

Du discours d'Emmanuel Macron, je relève deux propositions essentielles. D'abord, organiser dans toute l'Europe, l'an prochain, des conventions démocratiques, qui s'ouvriront à tous les citoyens, directement, pour débattre de l'Europe qu'ils veulent. Jusqu'à présent, nous avions une Europe des électeurs, certes parfaitement démocratique, envoyant ses représentants au Parlement européen. Mais il lui manquait une dimension de démocratie directe, participative : ce sera fait. L'annoncer dans le pays qui a inventé la démocratie n'est pas là non plus un hasard.

Deuxième initiative, encore plus décisive : aux prochaines élections européennes, ne plus voter pour des listes nationales, qui sont contradictoires avec la nature du scrutin, mais promouvoir des listes transnationales, sur lesquelles les nationalités seront mélangées. Voilà deux mesures concrètes, institutionnelles, qui feront avancer la construction européenne, en associant les peuples et en renforçant cette souveraineté européenne dont parle souvent Emmanuel Macron et dont l'émergence sera l'événement majeur du XXIème siècle sur le continent.

5 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

Mais que pensez-vous Philippe du discours de Macron à Athènes ? il a surtout dit qu'une partie des Français étaient des fainéants, mais il a tort, les Français qui n'arrivent pas à travailler sont souvent trop faibles psychologiquement pour supporter la pression, qui s'exerce de façon très forte dans le monde du travail, avec des phénomènes de perversion et de bouc émissarisation des plus fragiles, je le répète dans le cadre d'une sexualité qui ne découle plus d'un imaginaire religieux, mais d'une imagination où le désir et le plaisir dépendent de la réalisation du fantasme. Perversion qui constitue la norme dans un monde soumis au matérialisme pur qui prend sa source d'une spiritualité calviniste qui a perdu sa signification religieuse avec le temps, sauf peut-être pour quelques Amish qui vivent comme au XVIIème siècle, mais qui eux mêmes en réalité ont fait le schisme avec l'église réformée.
Personnellement je pense que tous les Français sont de bonne volonté quelle que soit d'ailleurs leur origine ethnique, religieuse (musulmane, chrétienne ou juive) ou culturelle, et qu'ils aimeraient tous travailler et fonder une famille, être heureux, avoir des idéaux, des projets pour leurs enfants, mais je sais bien que je demande la lune, et que la société ne permet plus ça. Qu'elle divise les Français dans le cadre d'un apartheid idéologique qui se transforme en apartheid territorial, où les Français blancs mal éduqués sont les premières victimes, où les musulmans et les noirs descendants d'esclaves bénéficient de circonstances atténuantes et sont privilégiés par rapport aux 15 millions de Français qui ont voté Le Pen ou Mélenchon au premier tour : les gueux populistes ; il bénéficient d'une virginité morale je veux parler des musulmans et des noirs descendants d'esclaves. Où les Français gagnants de la mondialisation occupent les centre villes des grandes métropoles, et où les musulmans et les noirs descendants d'esclaves occupent généralement les périphéries de ces grands centres urbains, sa première couronne, et où le personnel social et éducatif chargé d'éduquer et de soigner ces populations, n'ayant pas les moyens d'habiter les centres urbains, s'est massivement installé dans une seconde couronne de ces grands centres urbains, fuyant quand même malgré sont antiracisme militant (en réalité il s'agit d'un verni très fragile), l'islamisation des mœurs de la première couronne. En réalités dans leurs deuxièmes couronnes ils vivent entre petits bourgeois terrorisés par l'idée du déclassement et dans un état d'aliénation spirituelle et culturelle bien pire que l'état d'esprit des musulmans qui bénéficient d'une religion vivante comme demeure spirituelle, même si nombreuses sont leurs demeures matérielles dans un état de délabrement, bien que l'Etat fasse des efforts considérables pour constamment les rénover.

Erwan Blesbois a dit…

Bref, les Français sont des fainéants selon Macron, je pense qu'une fois de plus il visait les gueux qui votent pour Marine Le Pen, les musulmans et les noirs descendants d'esclaves sont effectivement des populations intouchables (se rappeler du succès du film "Intouchables" de Nakache et Toledano, qui ne portait pas ce titre par hasard), qu'il est interdit de stigmatiser et sur lesquelles il est interdit de pratiquer l'amalgame, surtout concernant leur religion majoritaire, l'islam.
Revenons à gueux blancs, toujours suspects de fainéantise, il faut dire que cela fait 200 ans que la bourgeoisie a pris l'habitude de taper sur cette population, hier mineurs à la Germinal, aujourd'hui chômeurs, parfois alcooliques. Population massivement au chômage et pleine de ressentiment de passer après des migrants de fraîche date, qui eux bénéficient à plein pot de toutes les aides sociales, et dont les enfants vont dans de meilleurs écoles que leurs enfants, eux qui habitent des zones rurales désindustrialisées. La bourgeoisie après les avoir privé de religion catholique, leur opium, les prive de travail et de reconnaissance sociale, ces populations vivent dans la terreur de la misère et des agressions, et dans la plus totale aliénation spirituelle. Ces populations ont toujours été victimisées par la bourgeoisie perverse, qui y tire du plaisir à la voir souffrir. Pendant ce temps là, finalement, les musulmans s'en sortent pas trop mal.

P A a dit…

Deuxième initiative, encore plus décisive : aux prochaines élections européennes, ne plus voter pour des listes nationales, qui sont contradictoires avec la nature du scrutin, mais promouvoir des listes transnationales, sur lesquelles les nationalités seront mélangées. Voilà deux mesures concrètes, institutionnelles, qui feront avancer la construction européenne, en associant les peuples et en renforçant cette souveraineté européenne dont parle souvent Emmanuel Macron et dont l'émergence sera l'événement majeur du XXIème siècle sur le continent.

Et pourquoi ne pas commencer par élire nos députés tricolores de la même manière, sur des listes transcirconscriptionnelles (j'ose ce néologisme pour une nouveauté à installer) ?
Cette façon d'élire "nos" députés ferait aussi avancer l'idée française.

Sinon, pour ma part, j'approuve sauf que ce genre de liste pourrait risquer de ressembler au célèbre pâté d'alouette où une alouette se mêle à un cheval.
Du genre trente français, quarante allemands, vingt italiens etc... pour un luxembourgeois et deux ou trois portugais.

Ce n'est donc pas pour demain, tout ça !

Anonyme a dit…

" ce pays a été sauvé de la faillite et de l'effondrement, il y a un an, grâce à l'Europe"

Ce pays couillonné par les banques allemandes mais aussi françaises, dépecé par l'Allemagne qui possède maintenant les aéroports, qui a du vendre Le Pirée aux Chinois, avec Merkel, "admirable" qui ne veut pas effacer quoi que ce soit de sa dette.

Jolie manière de présenter les situations EM!

Philippe a dit…

Par sa faute et son impatience juvénile : cà démarre mal !
Fainéant etc attire en retour dans toutes les têtes .. « tu en es un autre », c’est complètement contre-productif pour réformer.
Macron dans sa diatribe se révèle être un enfant gâté qui n’arrive pas à faire fonctionner à sa guise ce qu’il croit être un jouet : le melting-pot politico-culturel à la française.
Prendre les gens à rebrousse-poil n’est jamais payant, dans aucune activité.
De Gaulle pour solutionner « la guerre d’Algérie » et Mitterrand pour faire passer le « tournant économique » n’ont pas jamais eu cette attitude infantile.
Ils utilisaient la flatterie et la vaseline pour entraîner dans les directions qu’ils souhaitaient .. avec le recul historique pour le meilleur et pour le pire !
J’ai évoqué il y a longtemps, avant son élection, l’évidente immaturité de E.Macron, hélas cela prend corps.