mercredi 20 septembre 2017

Nous n'irons plus à Solférino



Les mauvaises nouvelles arrivent à la nuit tombée. Quand j'ai appris hier soir, de la bouche de Jean-Christophe Cambadélis, la vente du siège du Parti socialiste, rue de Solférino, à Paris, j'ai ressenti un pincement au cœur, parce que je suis volontiers nostalgique. Solférino ! Combien de fois y suis-je allé ? Je ne sais plus. Il parait que quand on aime on ne compte pas ... Des dizaines de fois peut-être, quand j'étais secrétaire de section, puis responsable fédéral à la formation, ensuite représentant de courant. Jospin, DSK, Hollande, voilà ceux que je rencontrais le plus souvent, pour les plus importants. C'était la belle époque du socialisme !

Solférino, j'ai aimé, oui. D'abord, l'emplacement. Aujourd'hui, certains reprochent cette installation dans les beaux quartiers. Et alors ? Des socialistes n'ont pas le droit d'y séjourner ? Ce serait réservé à la bourgeoisie ? Personne n'a fait ce reproche à François Mitterrand quand il l'a acquis en 1981, pas pour la sociologie environnante, mais parce qu'il fallait être près de l'Assemblée nationale. Cet achat symbolisait ce que le Parti socialiste a cessé d'être cette année, aux dernières élections : un parti de pouvoir, un parti de gouvernement. Et puis, Solférino, c'est tout à côté du quartier Saint-Germain, de l'intelligentsia, que le PS a perdu elle aussi.

L'immeuble lui-même est magnifique, puissant, de la belle pierre. A l'intérieur, les salles sont multiples, fonctionnelles. Que de souvenirs, que de débats entre ces murs ! Solférino, c'était notre fierté. Un parti politique se juge aussi à sa façade. Se séparer de ce siège, c'est une triste fin. Quand on vend les bijoux de famille, c'est que tout va très mal. J'ai l'impression que le PS va tout lâcher, petit à petit, jusqu'à son nom, ce qu'il a déjà commencé de faire à l'Assemblée nationale, puisque le groupe socialiste est devenu "Nouvelle gauche".

Pour ne pas paraître trop dithyrambique, je vais apporter un bémol : ce que je n'aimais pas à Solférino, c'est sa grille d'entrée, qui faisait prison ou forteresse assiégée. De plus, la porte était lourde à pousser. Sinon, c'était merveilleux. Le mot lui-même me plaisait : Solférino, la grande bataille que Napoléon III remporta en 1859 sur les armées autrichiennes ! Aujourd'hui, c'est une défaite qui fait abandonner le siège. Nous n'irons plus à Solférino, mais quand nous passerons devant, au hasard de nos promenades dans la capitale, comme on visite un cimetière, nous nous souviendrons qu'a longtemps vécu en ce lieu un grand parti, une belle histoire qui ont l'un et l'autre pris fin.

3 commentaires:

S M a dit…

Solferino, c'est aussi beaucoup de tués et vous n'avez pas l'air d'avoir pour autant de commisération que pour le parti en cours de défuncter...

Anonyme a dit…

Nous n'irons plus à Solférino! merci qui? merci Hamon le zigoto qualifié a la primaire sur une idée étonnante! "travaillez moins"! Les électeurs français sont moins bêtes que les électeurs socialistes de la primaire!

Anonyme a dit…

Peut être au Musée du Parti Socialiste Français ?