lundi 11 septembre 2017

Les fainéants ne sont pas contents



L'activité politique se passe rarement d'une dose de mauvaise foi, de mensonge et de manipulation. Mais contre Emmanuel Macron, la malhonnêteté se déploie à un niveau inégalé. Son magnifique discours sur l'Europe (voir billet de samedi) a été volontairement occulté, saboté par une polémique sur les "fainéants", faisant dire au président ce qu'il n'a jamais dit. Car ce n'était évidemment pas les Français qu'il visait (il faut s'appeler de Gaulle pour les traiter de "veaux" sans que personne ne songe à s'en plaindre), mais la classe politique, cette élite qui ne supporte toujours pas qu'un homme jeune, non issu de ses rangs, ait accédé à la présidence suprême. Alors, pour le discréditer, on ment !

Ce qui est amusant, c'est que les qualificatifs de "cyniques" et d'"extrêmes", pourtant beaucoup plus cinglants, ont fait beaucoup moins réagir. La raison en est que si la fainéantise peut se cacher en faisant semblant, le cynisme et l'extrémisme explosent à la figure de ses tenants. En tout cas, Macron a fait mouche : s'indigner faussement à ce mot de "fainéant", c'est prouver sans le vouloir qu'on se sent visé. Le président de la République a fait sortir le loup paresseux du bois.

Oui, fainéantise d'une classe politique qui depuis 30 ans répète les mêmes recettes qui n'ont rien donné, qui a du mal à imaginer quelque chose de neuf. Mais fainéantise aussi de la classe médiatique, qui privilégie, BFMTV en tête, la facilité du spectacle et du commentaire, qui a tué l'information et le journalisme. Fainéantise enfin de la classe intellectuelle, qui ne produit que des penseurs secondaires : pour un Badiou et un Houellebecq, combien d'essayistes médiocres, plaisants et complaisants, que l'histoire ne retiendra sans doute pas ? Où sont les Sartre, Deleuze, Foucault et tant d'autres d'il y a 40 ou 50 ans ? Oui, fainéantise de la pensée actuelle.

Emmanuel Macron a un très grand mérite : celui du mot juste et du parler vrai. Tant pis si cela "choque" ! Le vieux monde ne se laissera certes pas faire. Il se battra tant qu'il pourra pour sauvegarder son influence, ses prérogatives, ses privilèges. Macron, tiens bon contre lui ! Vous vous souvenez de cet autre mot qui avait fait scandale : "illettrés". Eh bien, un rapport officiel vient d'être publié il y a quelques jours, montrant qu'une entreprise sur deux est touchée par des phénomènes d'illettrisme. Tenir bon, parce que la vérité, aussi dure soit-elle, doit être dite. Voilà une attitude nouvelle pour un personnage public. Je suis persuadé que les Français apprécient et que les manipulations et les mensonges échoueront.

9 commentaires:

Philippe a dit…

E.Macron applique le programme du CNPF du père du Gattaz actuel.
Ce programme consiste à détruire et non à construire.
Détruire est à la portée de n'importe qui !

Philippe a dit…

Des illétrés ont construit des cathédrales, des ponts, des aqueduc.
Ils ne savaient ni lire ni écrire mais connaissaient l'Art (art du trait (bois) ou la stéréotomie (pierre)).
Un natif d'Amiens prononcer de telles approximations en voyant tous les jours la cathédrale!

Erwan Blesbois a dit…

Je vais encore faire preuve de tartuferie, mais c'est bien le catholicisme qui a permis la constructions des cathédrales, ces merveilles des arts romans puis gothiques. La civilisation française a patiemment construit durant 1300 ans. Son territoire qui au départ des Capétiens, qui fut une renaissance vis-à-vis des Mérovingiens puis des Carolingiens qui émiettaient le territoire par leur mode de succession et de transmission du pouvoir royal, ne dépassait pas les limites de l'actuelle Ile de France. 800 ans d'efforts, d'art, de civilisation catholique, et nous en sommes arrivés à la Révolution française.
Admettons que la Révolution ait libéré surtout les esclaves noirs du joug des Hommes blancs et les femmes du joug du patriarcat, je veux bien accorder à la Révolution, ce crédit.
Mais je pense que dans le cadre d'une monarchie constitutionnelle, sans décapitation du roi, sans athéisme déicide (l'influence de Voltaire ?), on aurait pu arriver au même résultat. Je crois même me souvenir dans mes cours à la Sorbonne, que le grand Diderot lui-même en appelait à l'esprit de la religion d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, désignant par là même le judéo-christianisme, pour dénoncer le niveau potentiel d'inhumanité qu'il constatait déjà chez ses collègues philosophes et qu'il subodorait aussi dans les développement de la science, que l'on dit toujours sans conscience.
L'Histoire depuis la Révolution est celle du développement exponentiel des techno-sciences, et du déclin concomitant de la spiritualité religieuse qui était bien à la base de nos œuvres d'arts les plus remarquables.
Ce que ne savaient pas les philosophes c'est que même leur remarquable intelligence avait au fond une racine religieuse, que les Juifs ont eu le génie de ne jamais couper, alors que les Français, si ! Voyez les résultat : un peuple de fainéant, alors que Péguy le définissait, avant les ravages du modernisme dont il constatait les dégâts déjà à son époque, comme le peuple le plus laborieux du monde : quelle chute !
Et ce n'est pas Emmanuel Mousset avec ses petits bras musclés, ni même Emmanuel Macron avec ses discours stigmatisants qui inverseront la tendance, hélas, serais je tenté de dire !

Tchernobog a dit…

Dieu n'existe pas mais l'IA va le créé, tout le reste n'est que gémissements inutiles et obsolètes.

Erwan Blesbois a dit…

Tchernobog, tu le sais bien, nous nous connaissons depuis l'âge de 10 ans, il y a des liens sentimentaux forts entre nous, mais nos divergences idéologiques l'ont emporté sur l'amitié, et nous sommes désormais totalement brouillés pour incompatibilité de vision du monde. Tu adhères de façon quasi fanatique, dans un réflexe de survie psychique à la formule du poète Hölderlin “Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve”. Ce qui sauve étant pour toi l'IA.
La science, mais aussi surtout nos modes de vie calqués sur l'économie libérale ont pratiquement détruit la religion chrétienne et donc le verbe pour des pans entiers de la population, et voudraient le remplacer par le calcul.
Le nouveau Dieu si il doit émerger de l'IA sera un Dieu de chiffres et de calcul. Nous sommes déjà des homos "sapiens calculants" en cours de mutation depuis 200 ans de Révolution bourgeoise déicide et régicide, et non plus "sapiens sapiens".
La vie de l'esprit s'est considérablement appauvrie, mais comme il n'y a aucun témoin survivant hormis des livres, personne ne peut témoigner de cette terrible chute spirituelle dont les classes populaires sont les premières victimes, puisque leurs savoir et sagesse étaient principalement oraux, et qu'elles ne peuvent pas se raccrocher à un savoir théorique scientifique ou philosophique, hors de leur portée intellectuelle.
Ce n'est pas pour rien que Juifs comme musulmans se raccrochent à leur spiritualité, la plupart des grands philosophes juifs modernes à l'instar de Lévinas, sont mi rabbin, mi philosophe.
Soit la matière aura raison de toute forme de spiritualité et alors disparaîtront certainement ces deux dernières formes de spiritualités résistantes que sont l'islam et le judaïsme finalement, et alors sous l'influence de l'IA et du nouveau Dieu de calcul qui en jaillira, nous deviendrons tous collectivement des robots que nous avons déjà commencé à être (lire l'œuvre de Philip K Dick), c'est-à-dire tous des homos calculants calculants.
Soit la spiritualité l'emportera sur la matière, ce que je pense être l'hypothèse la plus probable, et alors tout le monde anciennement chrétien passera sous influence musulmane, il restera probablement quelques enclaves juives, et certainement aussi bouddhistes et hindouistes, mais ce sera tout. Et le renouveau du catholicisme semble bien illusoire, tel que l'illustre l'attitude du pape actuel qui renonce à livrer bataille.

Erwan Blesbois a dit…

En réalité la christianisme risque de disparaître à cause du fait qu'il portait en lui le germe du matérialisme pur à travers la spiritualité calviniste, principe d'autodestruction en son sein, qui porte atteinte à l'ensemble de la spiritualité chrétienne, catholicisme occidental compris. Seule peut-être y échappera une forme d'orthodoxie slave et principalement russe, et peut-être aussi la chrétienté sous sa forme sud-américaine.

Tchernobog a dit…

Je n'adhère à rien, je veille et vais prochainement me retirer à la cambrousse cultiver mon jardin, seule chose qui survivra à la folie des hommes.

Erwan Blesbois a dit…

S'occuper d'un jardin, le cultiver, demande beaucoup plus de forces qu'on ne le croit, ce n'est pas donné à tous les citadins !

J H a dit…

S'occuper d'un jardin, le cultiver, demande beaucoup plus de forces qu'on ne le croit, ce n'est pas donné à tous les citadins !
Et pourtant...
Durant ce temps où vous le cultiveriez, ce jardin, suivant les préceptes émis par Voltaire, combien de logorrhées assommantes vous vous épargneriez de lire sur ce blog !