dimanche 27 avril 2014

Ma laïcité et la leur



Le Premier ministre Manuel Valls a représenté la France à la cérémonie de canonisation des papes Jean XXIII et Jean-Paul II. Certains, à gauche, jusqu'à l'intérieur du parti socialiste, le lui ont reproché. Je suis socialiste, laïque et républicain et je trouve que Manuel Valls a très bien fait. C'était dans son rôle, qu'il a résumé d'un mot : respect. Comme il aurait été dans son rôle en assistant à une assemblée musulmane ou à un congrès de libres penseurs, dès lors que l'événement est d'importance, qu'il touche au coeur d'un grand nombre de Français. C'était le cas aujourd'hui : un rendez-vous historique, planétaire, qui implique la première communauté religieuse de France, les catholiques. Oui, respect, et Valls a eu raison d'y aller.

Pourquoi alors un certain nombre de mes camarades, certes très minoritaires, ont-il protesté de cette présence ? Tout simplement parce qu'il existe dans notre pays, historiquement, deux conceptions de la laïcité. La première, la mienne, consiste à défendre la neutralité de l'Etat et de l'école afin de préserver le vivre ensemble, pour que les différences confessionnelles ne soient pas source de conflit. C'est une laïcité qui assure la liberté d'expression, publique et privée, aux religions, sans que l'une d'entre elles soit privilégiée. C'est une laïcité de respect et de tolérance. C'est la laïcité des instituteurs d'autrefois, de Jules Ferry et de Jean Macé, des républicains et de la loi de 1905. C'est MA laïcité, et celle de la grande majorité des socialistes.

Mais il existe une autre idée de la laïcité, très différente. Elle est anticléricale et athée, elle considère que la religion est une source d'aliénation et l'église une force d'oppression, qui sont par conséquent à combattre et à éliminer. Ce sont ces laïques-là qui se scandalisent de la présence de Manuel Valls au Vatican. Idéologiquement, ils s'inspirent notamment de Karl Marx ("La religion, c'est l'opium du peuple", disait-il : il faut donc l'en désintoxiquer). Cette conception de la laïcité est liberticide et totalitaire : tous les pays communistes l'ont mise en oeuvre, fermant les églises, détruisant les objets de culte, persécutant le clergé.

Dans sa version soft, cette laïcité interdit l'expression publique de la religion, qu'elle confine dans l'espace strictement privé (un peu comme si, en politique, on ne pouvait en faire que chez soi ou dans des lieux strictement réservés). Dans notre pays, à forte tradition démocratique, ces laïques-là se contentent aujourd'hui d'ironiser sur la religion, qu'ils rabaissent à de la superstition. Ce sont des bouffeurs de curés, sans grand danger puisqu'ils n'ont plus de dents.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Surtout que personne ne s'offusque quand l'ensemble de la classe politique se rend au dîner annuel du CRIF

Emmanuel Mousset a dit…

Si, les antisémites s'offusquent.