dimanche 13 avril 2014

Devoir ou travail de mémoire



Deuxième café philo de l'année à la Caverne du Dragon, cet après-midi, sur le thème : le devoir de mémoire est-il indispensable ? Cette notion est aujourd'hui admise : j'ai voulu montrer qu'elle pouvait aussi être contestée. Car le devoir de mémoire soumet l'Histoire à la morale, ce qui ne va pas de soi. Et puis, la mémoire est naturelle : pourquoi aurait-elle besoin de la contrainte d'un devoir ? Enfin, de quelle mémoire parle-t-on, qui en décide, quels événements retient-elle, quels moyens met-elle en oeuvre ? Nous avons convenu que notre société, qui passe rapidement d'une information à une autre, qui change très vite, a sans doute besoin d'une injonction mémorielle pour ne pas oublier ce qui lui semble être l'essentiel. Au devoir de mémoire, il semble préférable de défendre le travail de mémoire, qui sollicite plus la compréhension que le souvenir, qui s'exerce librement et non plus sous la pression d'un impératif.

Prochaine séance, à la Caverne du Dragon, le 11 mai, à 15h00 : la paix est-elle une utopie ?

1 commentaire:

Erwan Blesbois a dit…

La mémoire est l'élément indispensable de la construction de notre identité. Ce n'est donc pas un devoir, ni même un travail, c'est une nécessité biologique. La folie est un grave trouble de la mémoire, c'est-à-dire de l'identité. On s'accorde à dire aujourd'hui à dire que les causes de la folie sont exclusivement génétiques, elles sont bien plutôt dues à un trouble de la relation qui s'enracine dans la petite enfance. En réalité peu importe les causes, génétiques ou relationnelles, les conséquences sont les mêmes : la folie. Notre société basée sur le libéralisme, l'individualisme, et le dogme de la liberté c'est-à-dire de l'égoïsme, vise à dédouaner de toute responsabilité les éventuels coupables que pourraient être les parents. Car notre société hyper individualiste vise à dissoudre tout lien, fait éclater les familles entre parents et enfants, entre mari et femme, entre frères et sœurs. Notre société hyper compétitive fait de l'individu le centre de toute morale, et fait de sa réussite individuelle le critère de tout jugement moral. Pratiquement tout le monde est complice de cet état de fait. C'est pour cela que je dis qu'un nouveau type humain ne va cesser de croître et de se répandre dans nos sociétés libérales hyper compétitives, un individu adapté, fort au sens de Darwin : c'est le pervers narcissique. Notre monde lui donne raison.