vendredi 18 avril 2014

On carillonne à St-Quentin



Pâques, c'est la fête de la Résurrection du Christ, des oeufs en chocolat et du retour des cloches. A Saint-Quentin, celles du carillon font partie du patrimoine historique et culturel de notre ville. On les retrouve représentées dans la salle du Conseil municipal, sur la façade de l'ancien cinéma, dans les fresques du café Le Carillon et à l'entrée de la Poste. Le maître carillonneur Francis Crépin nous a offert ce soir, à la bibliothèque Guy-de-Maupassant, une belle conférence sur le sujet.

Le carillon de l'Hôtel de Ville, c'est l'identité de Saint-Quentin. Après la Grande Guerre, lorsqu'il a été rénové, une foule impressionnante s'est massée sur la place (et ce n'est pas un hasard si j'ai fait du carillon l'en-tête de ce blog ...). Pourtant, la cloche a aussi une image négative, lorsqu'on dit de quelqu'un qu'il est "cloche". On croit que l'objet est brutal, uniforme, sans finesse : erreur ! Les cloches, selon leur conception, peuvent donner des sons très différents, beaux, graves, évocateurs, spirituels. Leur seul point commun, c'est leur fonction : alerter. Un maître carillonneur suit le même cursus qu'un pianiste, précise Francis.

Mais la légende noire subsiste : "se faire sonner les cloches", ou bien la ritournelle éloquente "Maudit sois-tu carillonneur". A quand un procès contre Francis Crépin et la Municipalité pour nuisance sonore ? Ne porte-t-on pas plainte en justice contre les cloches d'église dans certaines campagnes ? (et pourquoi pas contre les cloches des vaches qui passent le matin en troupeau ?).

Les cloches sont partout, leur forme est universelle et sensuelle : cloche d'entrée, cloche d'hôtel, cloche dans les tramways, sur les bateaux, et même les cloches pour couvrir dans la cuisine les plats ! Le grelot est lui aussi de la famille des cloches, en plus petit. Je ne peux pas m'empêcher de penser que les 37 cloches de notre carillon, au dessus du laïque et républicain Hôtel de Ville, rivalisent avec, quelques centaines de mètres plus loin, d'autres cloches, celles de la basilique. Les deux édifices, qui n'ont pas le même usage ni la même symbolique, se disputent la maîtrise du temps et l'attention des Saint-Quentinois, qui ne s'en doutent pas une seule seconde.

Francis Crépin vient de publier un merveilleux petit ouvrage, Le Carillon de l'Hôtel de Ville de Saint-Quentin, Marqueur du temps et instrument de concert, au Editions du Campanaire de Saint-Quentin, dont je vous recommande vivement la lecture. Vous pourrez retrouver Francis demain après-midi, à la librairie Cognet, pour une séance de dédicaces.


Vignette 1 : la directrice de la bibliothèque, Valérie d'Amico, et Francis Crépin
Vignette 2 : une partie du public
Vignette 3 : la collection de cloches présentée et commentée par Francis

1 commentaire:

CREPIN Francis a dit…

Merci Emmanuel,

Il s'agissait pour moi de transmettre un peu de ma passion de l'Art Campanaire. "J'avais tant de choses à vous dire" à ce sujet. Merci d'avoir si bien relayé, prolongé mes propos, car ce carillon est le patrimoine de tous.