lundi 23 novembre 2015

Y a-t-il un socialiste dans la salle ?



Dix jours après les attentats meurtriers de Paris et à quinze jours du premier tour des élections régionales, la séance du Conseil municipal à Saint-Quentin était attendue. Une minute de silence a honoré, au début, les victimes des tragiques événements, qui ont suscité le soutien des villes jumelées, dont le maire a lu les courriers des premiers magistrats, avant de rappeler la nécessité des mesures de sécurité, notamment aux abords des écoles. Puis la politique ordinaire a repris son cours, avec un gros morceau à l'ordre du jour : le débat sur les orientations budgétaires.

De débat, il n'y a pas eu, en réalité, mais un affrontement, parfois violent, entre l'élu communiste Olivier Tournay, plus pugnace que jamais, et le maire Xavier Bertrand. Le premier dénonce la baisse des fonds accordés aux services sociaux, le second défend sa politique d'investissement et de non augmentation des impôts. Tous les deux se retrouvent pour regretter la baisse des dotations d'Etat (mais, et là c'est le socialiste en moi qui parle, il faudrait expliquer que cette baisse est la contribution de tous, à quelque niveau que ce soit, en vue de la réduction des déficits publics, objectif gouvernemental essentiel pour l'avenir de notre pays et de son modèle social).

Sur plusieurs points, Bertrand et Tournay ont croisé le fer, par exemple la question des rythmes scolaires et le temps imparti aux activités périscolaires dans l'après-midi. Xavier Bertrand a rappelé qu'il avait déposé un projet de loi devant l'Assemblée nationale, afin que les maires aient plus de latitude pour organiser cette réforme. Là aussi, le socialiste que je suis s'est mis à bouillir devant son écran : il faudrait réaffirmer le caractère national de l'éducation. La souplesse est d'ailleurs permise par la loi, mais il serait dommageable d'attribuer des pouvoir supplémentaires, en la matière, aux maires.

L'échange le plus dur entre les duellistes Tournay et Bertrand aura concerné Habitat Saint-Quentinois. L'office a été l'objet d'une critique serré du conseiller municipal PCF. Point d'orgue de sa démonstration : les 20% d'augmentation en moyenne des loyers, que dément absolument Xavier Bertrand. Le jeune communiste réprouve les "menaces" du maire, le maire réprouve les "mensonges" du jeune communiste. Ces deux-là sont en guerre, c'est certain. Et les autres, FN et PS ? Aucune intervention. Sans doute se réservent-ils pour la prochaine séance, dans un mois environ, où il sera à nouveau question des orientations budgétaires 2016, soumises au vote cette fois.

Le Conseil municipal s'est terminé par l'intervention de Thomas Dudebout, adjoint chargé de la démocratie locale et des quartiers, qui s'est lancé dans un éloquent et enthousiaste bilan des activités des conseils de quartiers, en veillant à remercier tous ceux qui ont contribué aux résultats et aux suggestions. L'expérience n'attend pas le nombre des années : le jeune adjoint a compris qu'en politique il faut veiller à remercier les siens et à guerroyer avec les autres. Ce deuxième volet aura été illustré, ce soir, par son collègue et adversaire de gauche, Olivier Tournay.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Et quel serait le résultat du match Bertrand - Tournay ou LR - PC ?
(même si ce serait un score selon vous, arbitre "neutre" puisque PS)...

Emmanuel Mousset a dit…

Tournay a résisté et Bertrand a été mis en difficulté : c'est assez rare pour le souligner.

Anonyme a dit…

j'ai regardé le conseil municipal d'hier.quelques réflexions. PS : simple acte de présence et "suprême opposition": des mains levées en abstentionistes! l'utilité du vote soit disant "constestataire" Fhaine: absence. depuis leur compassion colombophile et l'utilisation du conseil pour défendre les intérêts personnels de la "fan" de Marine rien . le courage et la pugnacité d'olivier tournay: arguments fondés mais maladresse dans la forme. sinon j'avais l'impression que l'on parlait d'une autre ville! bref le conseil d'hier ressemblait à une auto-fellation de la majorité!!!!! excercice nécessitant une certaine souplesse.

Philippe a dit…

Le FN est là pour prendre le pouvoir par le haut, à partir de là les postes vont se redistribuer.
Ensuite les vestes se retournent en cascades.
Le raz de marée gaulliste en 1958, que j'ai connu, a été suivi d'une cascade de retournements.
A Mitterrand à qui on demandait de virer certains personnages répondait "ils vont retourner leur veste".
Les humains sont majoritairement opportunistes ... "faut bien vivre" !

D a dit…

A propos du message du 24 novembre à 17h06 : Vous avez sans doute raison dans votre observation du comportement des élus après un changement des résultats électoraux ou suite à un grave événement politique (ex : le régime vichyssois). C'est ce qui m'a amené à penser comme beaucoup d'autres avant moi et j'espère encore davantage dans le futur, que si on croit aux vertus supérieures de la république par rapport aux autres régimes possibles, il est nécessaire d'instituer le mandat unique suffisamment long mais non renouvelable. Que ce soit législatif ou que ce soit exécutif (et d'aucuns vont même à préconiser le même processus pour le judiciaire - je ne vais pas jusque cet aspect des choses).