Sarkozy explosif

Invité ce matin à RTL, Nicolas Sarkozy a répété plusieurs fois le mot d'explosion, appliqué à l'insécurité. En l'entendant, on avait l'impression d'être, dans notre pays, en insécurité partout, dans les gares, sur les routes, à la maison, partout, livré sans cesse à l'explosion. J'aurais presque pris peur en allant au travail. Pour l'ancien président de la République, l'existence sous une gouvernement socialiste serait un risque permanent, qui ferait hésiter à sortir de chez soi.

Il faut dire que Nicolas Sarkozy est un expert en matière d'explosion, un fin connaisseur. En 2005, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, la France a souffert de trois semaines d'émeutes urbaines, comme on n'en avait jamais vu jusqu'alors. Il faut rappeler aussi que ses propos inconsidérés sur la "racaille" et le "karcher" ont soufflé sur les braises, et qu'il a été à la peine pour éteindre le feu.

Et puis, il y a des explosions d'autres sortes : les déficits publics, par exemple, qui ont explosé eux aussi durant son quinquennat. Ses propres comptes de campagne, lors de la dernière élection présidentielle, ont également explosé, jusqu'à dépasser la limite autorisée. Je me demande même si Nicolas Sarkozy, en se présentant à nouveau à la magistrature suprême, ne va pas faire exploser les chances électorales de la droite, dont l'électorat, peu enclin à une nouvelle malheureuse expérience, part vers le Front national.

Quant à l'explosion sociale, on ne sait plus très bien s'il faut la craindre ou y croire. Comme elle arrive une fois tous les 20 ou 30 ans, il n'est pas utile de se poser la question, on a le temps de voir venir.

Mais attention : Nicolas Sarkozy est trop spécialiste en explosion pour ne pas ignorer que le procédé, y compris en politique, a son utilité. Ne se sert-on pas du souffle d'une explosion pour éteindre un incendie, quand un puit de pétrole est en feu ? Détruire à la dynamite pour mieux reconstruite, c'est une tactique bien connue. Avec quand même un danger : que le pétard ne vous explose en plein nez. Avec Sarkozy, on n'en est pas loin.