jeudi 27 décembre 2012

Nom de nom !



Dans "L"Echo du Berry", je lis un article consacré aux nouveaux prénoms des enfants d'aujourd'hui. C'est dingue, écoutez plutôt : Djaôz, Loâzati, Maëlle, Elea, entte autres ... Où les parents sont-ils allés chercher des trucs comme ça ? En fait, il faut remonter près de vingt ans en arrière : la loi du 9 janvier 1993, qui autorise la liberté des prénoms. A la limite, votre gamin, vous pouvez l'appeler Ducon, personne n'y trouvera rien à redire (sauf l'intéressé, un peu plus tard, mais c'est une autre histoire ...). En tant qu'enseignant, je subis depuis quelques années les résultats de ce changement majeur : des élèves aux prénoms invraisemblables, improbables comme on dit maintenant, inconnus au bataillon, que j'ai du mal à prononcer et à mémoriser.

Les prénoms rares, sophistiqués, bricolés sont de plus en plus nombreux. Pierre, Paul, Jacques, ce sera bientôt du passé. Si on pousse la logique à bout, dans plusieurs décennies, plus personne n'aura le même prénom, comme presque plus personne aujourd'hui n'a les mêmes habits. C'est l'individualisme accompli, jusque dans la façon de nommer les gens. A quoi s'ajoutent la vanité et la préciosité : souvent, une syllabe, un accent suffisent à se distinguer ... et aussi à induire en erreur. Du coup, les gens vous font répéter plusieurs fois en vous corrigeant, car malheur à celui qui se plante ou ne se souvient plus d'un prénom ! Si vous rajoutez à ça les femmes qui prennent des noms à rallonge, tenant à leur nom de jeune fille autant qu'à celui d'épouse, beaucoup de personnes deviennent littéralement innommables !

L'identité est devenue tellement hyper-individualisée que le prénom ne permet pas toujours de repérer le sexe. A force de vouloir trop signifier, les prénoms égarent plus qu'ils ne renseignent. En vérité, c'est une vraie mutation de civilisation, contre laquelle les cathos n'ont même pas protesté, alors que c'est leur calendrier qui en a fait les frais (ils s'insurgent contre le mariage homo, autrement moins grave sur le plan théologique). Il n'y a pas si longtemps, les enfants étaient rattachés, par leur prénom, à un saint de l'Eglise. Ils étaient renvoyés non pas à eux-mêmes ou à leur famille, mais à toute une histoire collective et à des valeurs transcendantes, celles du christianisme. Aujourd'hui, à tort ou à raison (je ne juge pas, je constate), c'est fini, et cette révolution n'a pas été perçue comme une révolution, y compris par ses premières victimes, les chrétiens.

Quand on sait l'importance psychologique qu'il y a à nommer quelqu'un avec justesse et précision, quand on comprend l'influence du nom et prénom qu'on porte dans le développement de l'esprit, on se demande ce que va donner dans les têtes et les rapports humains ce changement de civilisation. Moi, personnellement, ça va : c'est Mousset, Emmanuel, ça s'arrête là et ça ne change pas, nom de nom !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

le citoyen francais voyage et ces prenoms sont des prenoms étrangers souvent anciene et communs en inde, aux philippines,au pérou, etc..
A cela s'ajoute les prénoms des enfants métissés ou d'émigrés de 2 éme ou 3eme génération qui au contraire des décennies précedentes assument completement leurs racines, on doit s'en féliciter.
Enfin ceux qui lisent ou plus banalement regardent la télévison y trouvent des prenoms par rapport a un personnage qu ils ont trouvé attachant.
tout le monde désormais à accés à toutes les télés du monde.
ca complique le travail des professeurs mais c est la mondialisation qui est en marche.
On a assez critiqué le chauvinisme.
Vous êtes conservateur ??

Anonyme a dit…

quand on découvre les prénoms des élèves on devine quelle est l'origine sociale des parents:les familles dites modestes ( souvent accros à la télé) s'inspirent des feuilletons américains et je me souviens de la floraison des sue ellen à une certaine époque; c'est un constat mais assez désolant car les pov' gamins(es) vont devoir trainer ce boulet toute leur vie