samedi 8 décembre 2012

La perte des symboles





Nous vivons dans une société déboussolée qui a largement perdu le sens de ses symboles. Une directrice d'école vient d'interdire l'accès de ses classes au Père Noël, "au nom des valeurs laïques". Je crois que cette dame ne comprend pas bien le principe de laïcité. Il paraît que cette décision a été prise à la demande de parents musulmans, "au nom du respect de toutes les convictions religieuses". Je crois que ces familles n'ont pas bien saisi le sens de l'Islam. Le Père Noël, malgré son nom, n'est ni anti-laïque, ni anti-musulman.

Dans les rues du centre ville d'Amiens, municipalité de gauche, je suis tombé sur une magnifique et gigantesque crèche, sur le marché de Noël et sur fond de cathédrale (vignette 1). Les laïques sourcilleux pourraient s'en plaindre. Mais que signifie-t-elle ? Prosélytisme chrétien ou élément décoratif ? Je penche pour la seconde hypothèse, et c'est moins les laïques que les croyants qui seraient en droit de se chagriner d'une telle utilisation, mercantile, de leur symbolique.

Devant l'Hôtel de Ville amiénois, c'est une autre confusion des symboles que j'ai constatée (vignette 2) : des coupoles d'églises orthodoxes qualifiées de "palais" ; à l'intérieur, les consultations gratuites d'une "diseuse de bonne aventure" (pratique strictement condamnée par la Bible !) et une référence littéraire à Michel Strogoff (ville de Jules Verne oblige). Plus personne n'y retrouve ses petits ...

Retour à Saint-Quentin, dans le magasin Cultura : on y vend, tenez-vous bien, des poupées vaudou ("pour forcer votre chance"), des pendentifs pierre de vertu (sic), des bijoux astrologiques, des cartes de Chakra, des baguettes de divination, des cristaux magiques, des pendules à la professeur Tournesol ... (j'ai noté tout ça sur un bout de papier). Entre un étalage "Esotérisme" et "Développement personnel", au beau milieu d'un établissement normalement consacré à la culture (c'est son nom), vous trouvez donc des gadgets de superstition et de sorcellerie.

Vous me direz qu'il y a plus grave dans la vie que cette perte et ce mélange des symboles. C'est vrai, il y a toujours plus grave. Mais il fallait que ce soit dit.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

la Mairie d'Amiens a t-elle voulu montrer l'absurde de l'article paru dans le Point "Dans son éditorial du «Point», le journaliste (F.O.G. )accusait la ville d'avoir gommé du nom de son marché hivernal la référence à Noël pour séduire les musulmans." (citation)!
Martine

Thierry a dit…

La cohérence de ce gloubiboulga de références religieuses, ethniques et laïques, c'est la Valeur-Reine du moment : le Profit financier.
Chacun, quel que soit sa culture, peut trouver sa "madeleine de Proust" dans cette vision syncrétique et surfaite du Bonheur Enfantin. Et cette madeleine, si on veut la consommer, il faut la payer !

Emmanuel Mousset a dit…

Le mélange des références est ancien. Autrefois, l'Eglise mêlait ses propres valeurs au paganisme.

Thierry a dit…

Oui Emmanuel, ce mélange est ancien.
A l'époque, la "nouvelle religion" englobait l'"ancienne" pour mieux la fagociter.
Aujourd'hui, c'est le commerce qui fagocite cette religion devenue vieille.