dimanche 9 décembre 2012

André Comte-Sponville



Je participe environ une fois par an à une réunion organisée par des francs-maçons. Hier soir, c'était à Villeneuve-Saint-Germain, près de Soissons, trois cents personnes, venues parfois de Belgique ou de Strasbourg, et un invité tout à fait exceptionnel : André Comte-Sponville, philosophe à succès, médiatique depuis vingt-cinq ans et surtout mon prof quand j'étais étudiant à la Sorbonne ! Je ne l'avais pas revu depuis ce temps-là, une bonne vingtaine d'années. Il n'a pas changé, rendant claires et ordonnées des réflexions pourtant complexes, qui fait qu'on se surprend toujours à comprendre ce qu'il dit, qu'on se sent intelligent en l'écoutant. Sa conférence d'hier, sur la spiritualité laïque, l'a une fois de plus confirmé. Encore aujourd'hui, je reste marqué par son enseignement, mes cours s'inspirent en partie, dans la forme, de ses cours.

A part ça, Comte-Sponville n'est pas un type très chaleureux : il donne tout ce qu'il a pendant sa conférence (deux heures !); après, c'est un homme presque timide, pas très causant. Je lui ai dit que j'avais été son étudiant et que j'étais devenu prof de philo à mon tour ; mais il n'a pas cherché à en savoir plus. Tant mieux d'ailleurs : j'ai une sainte horreur des bavards, des expansifs, des m'as-tu vu c'est moi que vl'a. J'ai eu ma photo et ma dédicace, ça me suffit.

Pendant sa conférence, André Comte-Sponville a justifié son athéisme paradoxal, fidèle aux valeurs judéo-chrétiennes et ne voulant nullement démontrer que Dieu n'existe pas (c'est impossible, selon lui). Mais il a décliné longuement les arguments qui font qu'il n'y croit pas personnellement. Certains sont très classiques, parfois un peu faciles (c'est le seul reproche que je lui ferais). Son point de vue s'est terminé par la défense d'une certain "mysticisme", fait d'"états modifiés de conscience", tels qu'on peut en expérimenter dans le bouddhisme. Bref, André Comte-Sponville est l'illustrateur assez convaincant d'une spiritualité sans Dieu ni transcendance. Son propos est bien sûr, à plusieurs reprises, discutables, mais la philosophie n'est-elle pas faite pour ça ?

La rencontre m'a aussi permis de retrouver mes amis maçons du Grand Orient, qui ne cesseront jamais de me surprendre. Parmi les loges organisatrices, je découvre, à la tribune, que l'un des responsables est un élu saint-quentinois (et pas de gauche !). Avec les filles, j'ai un problème (pas celui que vous croyez) : dans la vie courante, on se fait deux bises, mais là c'est trois, parce que tout marche par trois chez les soeurs et les frères (petite délire dans ma tête en imaginant jusqu'où peut aller dans d'autres domaines de leur existence cette logique trinitaire ...). Or, spontanément, je fais deux bises ou, plus rarement, quatre, mais trois je ne m'habitue pas. Du coup, hier soir, soit je m'arrêtais à la deuxième et la copine était frustrée, soit je claquais la quatrième et elle était déstabilisée. Bref, je naviguais entre le trop et le pas assez. C'est compliqué, une réunion chez les francs-maçons.

Quand je les observe, j'ai toujours l'impression que les dames sortent de chez le coiffeur et les messieurs du pressing. Et puis, c'est bien le dernier endroit où l'on parle encore de religion et de théologie, où l'on cite, comme hier soir, saint Paul, saint Augustin et saint Thomas d'Aquin. Les cathos n'osent plus, ils se veulent plus modernes que ça ... Sinon, il n'y a pas plus sympa et intéressant qu'un franc-maçon. C'est quand la prochaine réunion ?

20 commentaires:

Anonyme a dit…

l èlu en question est un ancien mrc monsieur zigzag comme dirait votre ami lançon

Emmanuel Mousset a dit…

Non, si ça avait été Freddy, je n'aurais pas été surpris.

Anonyme a dit…

Bonjour Emmanuel, c'est marrant comme la Franc-Maçonnerie fait toujours fantasmer les profanes qui veulent savoir qui en est ? Notre discrétion sans doute... Mais c'est vrai que si nous avons l'air de sortir du pressing (çà nous fait toujours marrer parce que c'est vrai), en loge les diplômes, honneurs et autres métaux brillants et clinquants n'ont aucune valeur. Seul compte le travail de chacun (à son propre niveau) sur la planche. C'est ce qui nous permet de progresser. C'est quand même un peu difficile de retrouver cela dans notre société actuelle (peut-être encore dans tes cafés-philos). Quant au côté froid d'André Comte-Sponville, c'est vrai aussi, mais il a quand même envoyé un petit mot de remerciement dans la boite mail du Véné du Phare Soissonnais dans laquelle il disait qu'il était bien rentré à Paris : une rareté sans doute... En tout cas je te rassure, on pense déjà à la prochaine conférence où tu pourras nous éclairer de ton bon sens philosophique. Amitié

Emmanuel Mousset a dit…

Paradoxalement, la froideur n'exclut pas la sensibilité. Une petite anecdote : Comte-Sponville avait 38 ans quand il était mon prof. Un jour que nous dissertions sur les âges de la vie, il nous a dit que 60 ans était un âge intéressant, qu'il aimerait connaître. Aujourd'hui, c'est fait : il a eu 60 ans cette année !

Anonyme a dit…

Vous étiez triste dans votre emplacement de sardine dans la salle des adjudications ... Rien de bien réjouissant ; pas moyen de trouver un coin pour discuter ... On est loin des autres salons du livre ...

Emmanuel Mousset a dit…

La vie des sardines n'est pas si triste. C'était une première fois, décidée assez vite. Et puis, il fallait être tout près du village de Noël, pour attirer les visiteurs. De ce point de vue, c'était plutôt réussi. La promiscuité apportait aussi une forme d'intimité, de chaleur. A réfléchir pour l'an prochain.

Anonyme a dit…

Habituée à ce genre d'évènement, ma foi, je trouve que c'était très bien organisé avec un parcours du flux des visiteurs intelligent pour une salle qui me semble être la plus grande du coin. Mais j'ignorais que c'était un salon du livre. Je pensais plutôt être à cette soirée conférence qui avait été annoncée dans la presse. Le stand (dont je ne me souviens plus du nom) était très bien achalandé. Et puis, pour discuter j'ai vu qu'il y avait le bar par exemple. Peut être était ce là que vous auriez du aller pour éponger cette tristesse que vous attribuez aux autres? Le café du Commerce n'est il pas le premier parlement du peuple ?

Emmanuel Mousset a dit…

Il n'y avait ni bar, ni grande salle, ni conférence : vous vous êtes trompé de manifestation.

Anonyme a dit…

Ben si, il y en avait un. La dame a bien vu. Moi j'y ai bu un verre avec des amis. Juste à côté des vestiaires. Il faut dire qu'avec le monde qui s'y pressait, on voyait mal le comptoir.

Emmanuel Mousset a dit…

Vous devriez surveiller votre consommation d'alcool.

Anonyme a dit…

Oui c'est vrai, mais l'état d'ébriété est le seul état qui puisse me permettre de philosopher dans ce monde actuel. D'ailleurs, vous ne pouvez qu'être d'accord avec moi, sinon pourquoi faites-vous de la philo dans des cafés et non dans des salons de thé ?

Emmanuel Mousset a dit…

Les cafés ne servent pas que de l'alcool. En ce qui me concerne, je prends toujours un jus de tomate l'hiver et un lait frais l'été.

Anonyme a dit…

Bon on va pas passer le réveillon sur une expo qui n'était pas celle de la salle des adjudications ; filez lui un alcootest qu'il nous dise si il est en permanence à 2 grammes ??

Emmanuel Mousset a dit…

Vous comprenez pourquoi je supprime la plupart des commentaires. Ils ne sont pas à la hauteur.

Anonyme a dit…

Bonjour Emmanuel.

Comment vas-tu? C'est un faux secret. Il s'agit de Monique Rio.

Amicalement,

Stéphane Monnoyer

Emmanuel Mousset a dit…

Non, il s'agissait d'un homme (mais ce n'est pas non plus un concours).

Anonyme a dit…

Ce gars est en manque de reconnaissance. S'il veut se forger une identité politique en balançant des noms faut qu'il aille à l'extrême droite. Le vide quoi... Là Emmanuel tu aurais du jouer de ton rôle de modérateur. Ou alors c'est que tu es un petit malin !

Emmanuel Mousset a dit…

Si j'étais malin, je serais élu municipal.

Anonyme a dit…

Vous avez tous ridicules et incorrigibles. On voit vraiment que l'on est à Saint-Quentin... En quoi cela est important de savoir qui est cette personne?
Vous devriez plutôt vous intéresser à des choses un peu plus culturelles -comme les cafés philo par exemple- mais, oh pardon ! C'est vrai que le mot «culture» et ses dérivés n'existent pas dans cette ville. Oh oui, quoi ! Admettez-le, la Picardie est dans même la première région de France, avec l'Aisne qui touche le fond sur le plan de la misère sociale, et les difficultés scolaires... Avec à sa tête un maire idiot, qui n'a rien dans la tête à part des discours politique lu et relu...Gewerc vaut mieux. Enfin c'est vrai, un ex-ministre vous rend tous fou-fous. Même moi je vais mieux en politique.

Bon sang, mais arrêtez de vous croire à Paris ou même dans le meilleurs des monde... Ça va quoi !
Que les élus trouvent quelque chose d'un peu plus culturel, plutôt que de faire des installations stupides, dépenser 20 millions pour un tour de France ridicule... En plus de ça, on a le droit au Courrier Picard qui est un vrai torchon.
Que la maire face quelque chose de bien au moins une fois au lieu de mettre en place des "Allo mairie?". Mais en quoi, cela va aider la population à se développer, à lutter contre la crise ? Laissez, j'ai ma réponse c'est bon.

Occupez vous de vos affaires. Non, franchement Stéphane, on voit bien que vous n'avez rien de mieux à faire... Ah....société moderne....ah, qu'elle misère... Aurait dit RQ

Emmanuel Mousset a dit…

Vous êtes excessif et injuste.