jeudi 23 février 2017

Les dieux sont avec nous



Comment appelle-t-on ça ? La chance, le hasard, les circonstances, le flair ? Emmanuel Macron crée un nouveau mouvement, En Marche ! C'était risqué, et c'est un succès. Le ministre quitte le gouvernement, pouvant ainsi se retrouver isolé : non, il est renforcé. Si Hollande se présentait, entre Macron et lui, il y aurait eu un problème de fidélité et de cohérence : le présidence de la République renonce. Si les primaires de la droite désignaient Juppé, le centre droit échappait à Macron : c'est Fillon qui l'emporte, quelques semaines plus tard discrédité dans une affaire d'argent.

Si les primaires de gauche avaient désigné Valls, le créneau de la social-démocratie aurait été occupé. Hamon désigné, radicalisé et peu crédible, c'est du gâteau pour Macron. Et maintenant la cerise : Bayrou qui n'y va pas, qui marche avec nous, qui se range derrière Macron : inespéré ! Et pour finir ce qui n'est pas encore fini : l'écologiste François de Rugy qui se met à marcher, lui aussi, depuis hier. On dit : c'est trop beau pour être vrai. La preuve que non. On dit aussi qu'il y a un dieu pour les alcooliques. Il y en a un, ou son ange gardien, pour Emmanuel Macron.

La voilà maintenant qui se met en place, la Belle Alliance, qui n'est pas celle de Cambadélis : l'arc-en-ciel sociaux-démocrates, centristes et écologistes, que nous attendions depuis si longtemps, qui annonce le printemps de notre vie politique, comme dans d'autres pays d'Europe. Tout ça est logique : Bayrou est un Macron de droite, Macron est un Bayrou de gauche. François Bayrou a beaucoup perdu ces dernières années, mais il a encore de beaux restes. Quand on a fait 18% il y a 10 ans à l'élection présidentielle, on conserve un potentiel. Macron-Bayrou, c'est de la dynamite qui va faire exploser le système. C'est aussi le seul rempart contre le Front national.

Je retiens deux choses de Bayrou, qui provoquent ma sympathie. En 2007, il a le courage de faire campagne sur un thème impopulaire mais fondamental pour l'avenir de notre pays : le redressement des déficits publics. Hollande reprendra ce thème 5 ans plus tard. En 2012, Bayrou a le courage de rompre avec la vieille habitude centriste : il appelle à voter pour le candidat socialiste.

Dommage que François Hollande n'ait pas pris la juste mesure de cette évolution, en proposant à Bayrou d'entrer au gouvernement, en passant un accord électoral en bonne et due forme pour les législatives avec le MoDem. La recomposition politique qui n'a pas eu lieu alors se fait aujourd'hui. Face à une gauche radicale Mélenchon-Hamon qui n'arrive pas à s'entendre, qui étale en public son immaturité, qui pinaille sur un café, une lettre, un rendez-vous et un coup de fil, Macron et Bayrou, rapidement, autour d'un projet, scellent une alliance. Les dieux sont avec nous, je vous dis. Fasse qu'ils le soient jusqu'en avril, mai et juin.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Etant donné les très riches mécènes de Macron son mouvement "En Marche" (vers quoi?) ne pouvait que décoller grâce à ses relais médiatiques. Il a été lancé avant le renoncement de Hollande parce que ces mécènes avaient compris qu'il était une planche pourrie pour eux et le système oligarchique qu'ils défendent.
Le ralliement de Bayrou, celui d'un vieux politicien à un jeune-vieux Macron, vise à réaliser le projet d'un très vieux politicien, l'ancêtre Giscard, pour réaliser le vieux rêve de ce dernier de gouverner pour 2 français sur 3. Que des vieux qui défendent un vieux monde comme le vieux Emmanuel Mousset. Ils n'ont rien compris au monde en cours de gestation tel que le révèle le Brexit et l'élection de Trump quoique l'on pense d'eux. Je me souviens des propos du philosophe Alain qui disait qu'un homme qui renie le clivage droite/gauche c'est un homme de droite qui n'ose pas s'avouer comme tel.
Bayrou est l'illustration d'un principe selon lequel il ne faut jamais se fier à un centriste prêt à se rallier pour un plat de lentilles et se renier, notamment tout le mal qu'il avait dit fort justement de Macron. Il est préférable de se fier à des radicaux ou présumés tels comme Jean-Luc Mélenchon qui, s'il arrivait au pouvoir, serait obliger de composer mais pas forcément de capituler comme un centriste.

Anonyme a dit…

Ce n'est pas parce que Bayrou a fait 18% des voix il y a 10 ans dans un contexte singulier qui n'est plus de mise. Emmanuel Mousset fait une addition obsolète qui est la négation de toute réflexion politique sérieuse, en effet en politique 1+1 ne font pas forcément 2, de même que l'addition de 28 pays malades économiquement ne fait pas un supposé pays (l'UE) bien portant mais un seul pays qui tire les marron du feu UE, qui lui profite si bien parce que conçu selon ses volontés et intérêts.
Hamon comme tout dirigeant du PS et tout candidat socialiste a une posture de gauche dite radicale pour mieux ne rien en faire voire être le plus orthodoxe gestionnaire du gestionnaire du système dont Macron en est par tous ses pores la quintessence. Je pense que nous en sommes arrivés à un moment où après 5 ans de gestion socialiste Hamon ne trompera que ceux qui veulent en avoir l'illusion de se dire de gauche. Hamon, Macron, Bayrou en fait ne sont que les avatars à des degrés divers d'un même système oligarchique. L'original en est Fillon.

P a dit…

Quand on n'a pas de chance, il arrive de dire "manque de pot"...
Quand E Macron a de la chance avec ce ralliement inespéré de F Bayrou (qui aurait pu être échaudé après son appel resté sans retour d'il y a cinq ans à préférer F Hollande) il a de quoi dire à ses marcheurs "quel coup de Pau" !

Emmanuel Mousset a dit…

1- Je ne sais pas ce que vous avez contre les "vieux". Une forme d'autodénigrement ?

2- Le rapprochement Bayrou-Macron va forcément créer une dynamique politique, tout comme le ferait un rapprochement Hamon-Mélenchon.

3- On peut parler aussi de baraka (il y a une très belle chanson d'Aznavour là-dessus).

Anonyme a dit…

On pouvait croire que le jeune Macron donnerait un coup de jeune et mettrait à la retraite tous ces politiciens genre Bayrou. Finalement Macron n'est qu'un jeune-vieux. L'illusion d'une candidature anti-système se dissipe enfin. Quant à un rapprochement Hamon-Mélenchon c'est toujours votre illusion de serviteur du système. Comptez plus sur le rapprochement en cours Hamon-Jadot, pour essayer d'éviter le naufrage du second et la 5è place du premier.

Emmanuel Mousset a dit…

Vous vous trompez, Bayrou lui aussi, avant Macron, a remis en cause le "système" droite-gauche. Car quand on parle de "système", il faut préciser lequel.

Philippe a dit…

Segolene rappelle « J'avais déjà eu cette volonté de dépasser les clivages et j'avais fait cette proposition à François Bayrou. Il a mis 10 ans de réflexion finalement, mieux vaut tard que jamais" s'amuse-t-elle. »
Je me souviens parfaitement de cet épisode ... j'avais été à l'époque déçu du refus effarouché de F.Bayrou peut être un peu misogyne d'ailleurs comme les éléphants du PS de l'époque.
Maintenant je pense qu'aux yeux des français qui hésitent massivement ces deux la vont passer pour des girouettes le jeune avec ses sorties irréfléchies qui se contredisent du matin au soir et le vieux qui a quasi injurié le jeune il y a qq semaines !!!
Des girouettes avec les vents mauvais actuels …

L T a dit…

"Comptez plus sur le rapprochement en cours Hamon-Jadot, pour essayer d'éviter le naufrage du second et la 5è place du premier."
Vous croyez ce que vous exprimez là ?
M Jadot (du 02 dont il ne relève pas le niveau de l'écoulement des eaux de pluie) tchatche avec le PS pour essayer de sauver les avantages concédés il y a un lustre par Mme Aubry aux écologistes.
C'est à dire des places ici ou là avec les émoluments et les auras allant avec ces places.
Bref M Jadot va à la soupe et M Hamon distribue ladite soupe.
Et on n'est pas à l'abri de voir M Laurent, à son tour aller à la soupe...
Tout ça parce que M Mélenchon rompt avec les habitudes et ne veut pas servir la soupe.
M'en fiche, de toute manière, je voterai trotskiste.
Au 1er tour...
Au 2ème... ?
Pas certain que j'irai voter.

Anonyme a dit…

Finalement le ralliement de Bayrou à Macron peut donner une nouveau souffle à une candidature qui patinait mais contribue à faire sortir à son détriment la campagne Macron de son ambiguïté et de son imposture anti-système. Bayrou étant un homme sans troupes seulement crédité de 5à 6% des intentions de votes de pallier l'essoufflement de Macron, seulement.
L'alliance Bayrou-Macron est l'énième tentative de Bayrou de constituer un grand pôle central de la vie politique française après de nombreux échecs de Simone Veil, Barre, Rocard, Delors qui ont pour ancêtre Giscard d'Estaing, donc une vieillerie de plus de 50 ans qui ne résiste pas à l'épreuve du système électorale bi-partisan droite/gauche en raison du mode de scrutin. Les centristes ont toujours choisi la droite et il en sera encore de même parce que leur électorat et leurs élus penchent à droite. Leur seule chance réside dans la droitisation du PS lors de l'exercice du pouvoir alors qu'il tient une rhétorique de gauche, Macron ayant le mérite de dévoiler cette imposture du PS. Cette alliance ne peut en aucune façon exprimer l'exaspération du peuple français qui ne concerne pas seulement la forme mais le fonds c'est-à-dire toujours la même classe politique qui fait au-delà des alternances factices la même et stérile politique depuis 30 ans.

G G a dit…

et il en sera encore de même parce que leur électorat et leurs élus penchent à droite...
A moins que ce ne soit plus raisonnablement une crainte, une hantise, une peur, une horreur ou une phobie de tout ce qui est marqué à gauche.
J'explique ça comme étant le résidu de la condamnation papale prononcée à l'aube naissante du siècle dernier, au moment où la république instaurait la laïcité chez nous puis des excès antireligieux enregistrés en URSS puis dans les pays de l'Est.