samedi 25 février 2017

Il faut que ça marche



Emmanuel Macron, fidèle à sa démarche de présentation progressive de son programme, a exposé hier ses mesures économiques et budgétaires. Le 02 mars, il dévoilera l'ensemble de son projet présidentiel. Il y a beaucoup à dire tellement la matière est riche, il faut faire des choix. Essayons de retenir les grandes lignes :

Contre le ni gauche ni droite qu'on lui attribue à tort (et qui renvoie à un centre introuvable, toujours voué à l'échec en France), Emmanuel Macron est plutôt sur une ligne et gauche et droite, retenant ce qui marche, sans a priori idéologique, préférant le clivage aujourd'hui plus pertinent entre progressistes et conservateurs.

Le programme de Macron est-il de droite ? Oui, puisqu'il supprime des postes de fonctionnaires, allège l'impôt sur les sociétés et fait 60 milliards d'économies dans la dépense publique. Le programme de Macron est-il de gauche ? Oui, lorsqu'il donne l'équivalent d'un 13ème mois aux smicards, supprime la taxe d'habitation pour 80% des ménages et rembourse à 100% les lunettes et les prothèses dentaires et auditives.

Et quand Emmanuel Macron veut recruter 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires pour la sécurité des Français, est-il de droite ou de gauche ? J'en envie de dire qu'il est des deux, la protection des citoyens n'étant pas le privilège d'un parti. Une autre mesure est emblématique du positionnement de Macron, de son mode de penser, de l'originalité de son projet : il élargit l'assurance chômage à tous les Français, pas uniquement aux salariés licenciés. Ce bouclier social est incontestablement de gauche (même les plus radicaux à gauche ne le défendent pas).

La contrepartie, c'est qu'un demandeur d'emploi ne pourra refuser qu'une seule offre ; après, il cessera d'être indemnisé. Prise en tant que telle, isolée du reste, cette disposition est de droite. C'est pourquoi les malhonnêtes, de gauche et de droite, pourront s'en donner à cœur joie, retenant du programme de Macron ce qui peut nourrir leur bile, en oubliant tout le reste. Nous les attendons de pied ferme, pour rétablir ce qu'il n'aime pas : la vérité.

On présente souvent Emmanuel Macron comme un OVNI politique. C'est totalement faux.  Son identité est très marquée, sa filiation saute aux yeux : il est dans l'héritage historique des sociaux-démocrates Tony Blair et de Gerhard Schröder, qui ont réalisé dans leurs pays respectifs de grandes et utiles réformes, en rencontrant un large assentiment des électeurs. C'est ce qu'on a pu appeler, il y a une quinzaine d'années déjà, la stratégie de triangulation ou de troisième voie.

La philosophie d'Emmanuel Macron, c'est le pragmatisme : depuis bientôt 40 ans, nous vivons dans un insupportable chômage de masse, qu'aucune solution, de gauche ou de droite, n'a su faire notablement reculer. Macron ne s'engage pas à un simple inversion de la courbe, mais à un retour à 7% de chômage à la fin de son mandat, en 2022. Droite ou gauche, droite et gauche, ni droite ni gauche, peu importe : l'essentiel est que ça marche.

Il y a une autre filiation chez Macron, qui peut paraître surprenante mais qui éclaire le sens de son projet : c'est sa fidélité à François Hollande, dont le seul reproche qu'on puisse faire à sa politique, c'est qu'il n'ait pas pu la pousser plus loin, c'est qu'il en ait été empêché par les frondeurs. Pour moi, soutenir Macron, c'est soutenir un président qui aurait dû mais qui n'a pas pu se présenter.

En revanche, voter Hamon, ce serait trahir, puisque ce candidat n'a pas cessé de critiquer la politique du gouvernement. De plus, au lieu de se rapprocher aujourd'hui du Parti socialiste dont il est censé être le candidat, il cherche à s'unir avec Jean-Luc Mélenchon, qui veut la mort du PS ! J'appelle donc mes amis socialistes à la cohérence, à la fidélité et à l'instinct de survie : votez Macron, pas Hamon !

10 commentaires:

Anonyme a dit…

"Tony Blair et de Gerhard Schröder, qui ont réalisé dans leurs pays respectifs de grandes et utiles réformes, en rencontrant un large assentiment des électeurs."

Naïveté, aveuglement ou parfaite mauvaise foi de ne pas reconnaître la faillite de la social-démocratie partout en Europe!

Emmanuel Mousset a dit…

S'il y a une "faillite" en Europe, c'est celle de la gauche radicale, qui n'arrive à se faire élire nulle part, sauf en Grèce, où elle se convertit rapidement, confrontée aux responsabilités, à la social-démocratie. Vous aussi, vous y viendrez.

Anonyme a dit…

"il faut que ça marche" ou la méthode Coué ! Le problème est que la méthode Coué ne marche pas ! Rien ne marche avec ces intentions. Le dévoilement du programme Macron comme celui que vous avez indiqué il y a quelques jours montre une profonde proximité avec les programmes habituels de la gauche et de la droite. Entre les 2 il n'y a que des différences de degrés et non pas de fonds, donc finalement une parfaite continuité avec tout ce qui a été fait depuis 30 ans. Macron-Hamon-Fillon même combat! Comme je l'ai toujours pensé, dès le début Emmanuel Macron défend un système de régression économique et sociale en conséquence des politiques économiques et sociales mises en oeuvre depuis 30 ans. C'est bien pour cela que Macron n'a qu'une posture anti-système mais il en estau fond la quintessence. Un ravalement de façade qui ne trompe que 10% du corps électoral actuel dont bien évidemment l'homme de droite qu'est, en vérité, Emmanuel Mousset comme son mentor.

Anonyme a dit…

à l'anonyme de 13:50 Les sociaux-démocrates ont fait la même politique que les droites de leurs pays respectifs c'est pourquoi ils se voient éloignés du pouvoir pour longtemps. Par naïveté et aveuglement Emmanuel Mousset ne le reconnaitra jamais.

Si la gauche radicale grecque a échoué en Grèce c'est qu'elle n'a pas bien évalué le rapport de forces vis-à-vis d'adversaires qui ne se sont jamais cachés, dès le début de vouloir écraser le gouvernement de Tsipras sous le poids d'une dette dont même le FMI reconnait qu'elle n'est pas soutenable. Il n'avait pas de plan de rechange en cas d'échecs des négociations ce qui, pourtant, était prévisible. Il n'a pas pensé que dès le début la BCE aurait une action politique hostile en refusant de fournir dès janvier 2015 la Grèce en liquidité suffisante. En conséquence il s'est mis en position de faiblesse dès le départ d'où la capitulation finale pour faire la même politique rétrograde que le parti "socialiste" grec "le Pasok". C'est pourquoi avec votre mentor Macron et votre adversaire Mélenchon vous allez contribuez à "pasokiser" le PS donc le faire disparaitre de la scène politique ou du moins le rendre très minoritaire. Ce dont je vous serai reconnaissant.

Emmanuel Mousset a dit…

1- L'essentiel est que Macron arrive largement en tête des candidats de gauche.

2- Un parti politique n'a pas besoin des autres pour disparaître tout seul.

Anonyme a dit…

Les électeurs préfèrent souvent l'original à la copie: ils préfèreront Fillon à Macron puisque tous les deux ils proposent des politiques néolibérales qui différent seulement par leur intensité, brutalité.
Un parti politique ne disparait ni seul ni par hasard, il y a toujours de bonnes raisons dont la première est de sa propre responsabilité.

Anonyme a dit…

Emmanuel Mousset étale une fois de plus son ignorance ou son esprit totalement rétrograde quand il affirme que la gauche radicale grecque s'est convertie à la social-démocratie. Il est vrai que comme entre 1940 et 1944 il préfère une Europe allemande à pas d'Europe du tout.

Emmanuel Mousset a dit…

1- A voir la droite taper sur Macron, votre hypothèse d'une complicité entre eux est peu crédible.

2- On m'a déjà accusé d'être un homme de droite. Mais nazi, c'est la première fois. Il faut bien que tout arrive.

Erwan Blesbois a dit…

On te traite à juste titre de collabo Emmanuel, pas de nazi. Collabo d'un régime néolibéral qui montrera sa profonde nocivité, au même titre que le nazisme ou le communisme. Mais y aura-t-il encore un tribunal de l'Histoire pour juger les criminels du néolibéralisme ? D'une part c'est tellement facile pour eux aujourd'hui d'argumenter "on ne savait pas", à la fois soumis et acteurs de la propagande néolibérale ? Il faut être un surhomme aujourd'hui pour résister au rouleau compresseur du libéralisme, tout en gardant sa dignité. Et y aura-t-il encore une Histoire quand tout aura été détruit, pour juger ces criminels que nous sommes tous devenus collectivement, au nom, non plus de la seule Humanité comme ce fut le cas pour les nazis et les communistes, mais au nom de l'Humanité + la biodiversité ?

citoyen a dit…

ah LE SYSTEME..et que je t'en rajoute une couche chaque jour si bien que les TOUS les partis politiques lui rentrent dedans- sans trop d'ailleurs bien définir le mot peut-être tout simplement parce qu'ils n'en savent rien sinon que ça fait moderne;rappelons quand même à ces nouveaux convertis que c'est pépé Le Pen qui l'a le premier utilisé;il doit rigoler le vieux fascho dans sa retraite dorée de Montretout..et feu Le général vilipendeur du système des partis doit l'accompagner du fond de Colombey; et vous pensez vraiment que ces diatribes vont inciter nos jeunes à aller voter? politique est un mot noble mais on on en arrive à ce que politicien le supplante:la démocratie est vraiment en danger si on continue comme ça