mardi 28 février 2017

Hamon n'est pas socialiste



Si j'étais seul à le penser, ce serait risible. Mais qu'une figure du Parti socialiste, membre du gouvernement, le pense aussi et le déclare ce matin sur RTL, ça change tout. "Benoît Hamon, c'est un programme de rupture avec sa famille politique", a gravement affirmé Jean-Marie Le Guen, un proche de Manuel Valls et de François Hollande, un ami de Lionel Jospin, un socialiste de longue date, incontestable. Il a raison : Hamon ne fait plus partie de la famille socialiste.

Entendons-nous bien : tout dépend de la définition qu'on donne au mot. Le socialisme du PS, depuis 30, c'est la social-démocratie européenne.  Mitterrand l'a assumée depuis 1983, Jospin l'a appliquée, Hollande à son tour l'a pratiquée. Voilà avec quoi Hamon est aujourd'hui en "rupture". J'ai 20 ans de Parti socialiste derrière moi ; je ne peux pas me reconnaître dans ce candidat. Si Hamon se prétend encore socialiste, c'est comme Mélenchon l'est, qui n'a plus rien à voir avec le PS de ces 30 dernières années, devenu un parti de gouvernement.

Alors, si Hamon n'est pas socialiste, qui est-il ? Là aussi, Le Guen répond clairement : "Il s'est isolé en tenant un discours extrêmement radical. C'est un socialisme de rupture qu'il nous propose. Nous, nous sommes pour la réforme". Oui, le socialisme du PS a toujours été réformiste. Il ne peut pas se reconnaître dans la ligne politique que défend Hamon. Le Guen est encore plus précis : "Benoît Hamon ne peut pas s'adresser à 20% des Français. Nous ne sommes pas un parti altermondialiste, là pour mener la contestation sociale". On ne saurait mieux dire.

Hamon, c'est la gauche d'opposition, qui n'est pas faite ni prête pour le pouvoir. Hamon, c'est une terrible régression, qui ramène la gauche aux temps anciens où elle n'exerçait aucunes responsabilités nationales, où sa seule influence était locale et municipale, où l'espoir de gagner était nul, purement utopique. Hamon, c'est la gauche rêvée par la droite : critique mais inoffensive, puisqu'on ne l'imagine pas à la tête de l'Etat.

Enfin, Jean-Marie Le Guen souligne et dénonce "l'impasse stratégique" de cette gauche radicale représentée par Hamon (et par Mélenchon) : elle est incapable de s'unir. Pourtant, Hamon s'est fait élire sur ce mandat-là : rassembler la gauche, de Macron à Mélenchon. Il l'a promis, il ne l'a pas fait. Il a même trainé des pieds, mener en bateau les gogos. Un mois de fausse négo pour revenir au point zéro. Aujourd'hui, Hamon a le bec dans l'eau, avec Jadot pour seule prise de guerre, ce qui n'est pas très guerrier. Il conduit le PS droit dans le mur.

Jean-Marie Le Guen a annoncé ce matin que plusieurs dizaines de parlementaires socialistes ne donneraient pas leur parrainage à Benoît Hamon. C'est la fronde à l'envers, l'histoire de l'arroseur arrosé. Si ce n'était pas dramatique, on pourrait se dire que Hamon et ses copains l'ont bien mérité. Aujourd'hui, les proches de Manuel Valls se réunissent à l'Assemblée nationale, pour étudier quelle position adopter. Un seul mot d'ordre me semble valable : arrêtons le massacre !

10 commentaires:

Anonyme a dit…

d'un ex-enseignant pointilleux ( je ne dois pas être le seul),
vous écrivez:"..la gauche n'exerçait aucunes responsabilités nationales.."
l'adjectif aucun est toujours au singulier( masculin ou féminin) sauf s'il précède un nom qui lui s'emploie toujours au pluriel ( ex.: aucuns frais puisque frais s'emploie toujours au pluriel,on dit des frais, pas un frais)
dans le cas présent responsabilité peut indifféremment s’employer au singulier ou au pluriel : on peut exercer des responsabilités nationales ou une responsabilité nationale
je pense qu'il fallait écrire aucune responsabilité nationale
c'est juste pour l'anecdote en dehors du fond;qu'en pensent mes anciens collègues?

U a dit…

Depuis le temps que vous expliquez qu'il y a au moins trois tendances socialistes...
Et là vous suivez le pas de M LE GUEN pour décréter M HAMON pas socialiste alors qu'il n'y a pas bien longtemps vous ne lui contestiez pas l'appartenance...
Et que faîtes-vous du résultat de la primaire ?
Ce sont bien des socialistes qui s'exprimaient même si c'était un scrutin ouvert...

Emmanuel Mousset a dit…

1- C'est bien au pluriel que je comprenais l'expression : on parle, dans le sens que je lui donne, des "responsabilités nationales", pas de LA responsabilité nationale.

2- Le résultat de la primaire ne me concerne pas, n'ayant pas participé à cette consultation.

Erwan Blesbois a dit…

Le parti socialiste s'est coupé de sa base populaire depuis 1983, il est devenu libéral-libertaire, par opposition aux libéraux-conservateurs de droite. En étant libertaire, et en recyclant les slogans libertaires de 68 en propagande publicitaire, le PS est devenu au fond plus conforme aux intérêts du libéralisme et du capitalisme que la droite conservatrice. Macron est une caricature de cette gauche issue du tournant néolibéral de 1983. Hamon milite pour une gauche de rupture qui cherche à récupérer sa base populaire. Mais la machine à broyer néolibérale est bien huilée, et que peut un pauvre Hamon même si ses sentiments sont sincères et nobles, contre la toute puissance de la machine à broyer libérale, rien...
Et Emmanuel Mousset qui n'éprouve que mépris pour toute forme de compassion pour ceux qui sont broyés le sait bien, car c'est une forme d'impuissance si l'on est réaliste. En outre il est de ceux que l'oligarchie a fait sortir au compte goutte de ses ghettos les plus sordides : la reconnaissance pour la main du maître qui l'a nourri, et l'a parfois flatté dans le sens du poil et câliné, il appelle cela fidélité.

Anonyme a dit…

Qu'est-ce cela peut vous faire que Hamon soit socialiste ou pas? Vous qui ne l'êtes pas, vous n'avez pas à décerner le moindre brevet de socialisme. Avec Macron, le non-socialiste vous êtes passés à droite comme la plupart des gens qui se disent socialistes parce qu'au pouvoir ils font la même politique que la droite, justement comme Le Guen et sa clique droitière.
Hamon malgré les apparences reste un réformiste parce qu'il ne propose aucune rupture avec l'ordre néolibéral, et la mondialisation dite heureuse dont l'UE est la traduction. Les réformes que Hamon propose sont du même ordre que les affirmations de Hollande dans son discours du Bourget en janvier 2012.

U a dit…

2- Le résultat de la primaire ne me concerne pas, n'ayant pas participé à cette consultation.
"C'est votre dernier mot, Emmanuel ?" aurait pu vous dire un animateur télévisuel...
Et vous de répondre : "C'est mon dernier mot, Jean-Pierre !"
Argument retenu, je le retourne : puisque vous ne participez pas aux consultations FN, ce que décide le FN ne devrait pas non plus vous concerner.
Or vous ne cessez de nous mettre en garde contre le FN...
C'est que ça vous concerne.
J'en déduis donc que la candidature HAMON suite à la primaire de la belle alliance ou quelque chose ça, vous concerne aussi tant par ses candidats battus que par son candidat choisi.

M T S a dit…

Aucun (adjectif) ne peut se retrouver au pluriel que s'il se trouve associé à un nom essentiellement pluriel.
Ici, donc on accordera à M MOUSSET qu'il a associé son adjectif mis à l'index au mot responsabilité qui peut être singulier ou pluriel.
Comme il s'agit de l'état français qui comme chacun peut le penser n'a pas qu'une responsabilité à sa charge, le sens pluriel de "responsabilité" ne fait pas de doute.
Aucun (adjectif) au pluriel reste quand même à connotation plutôt littéraire qu'autre chose.
Pour conclure : l'important est davantage dans le contenu du message que dans ses formes.
Et c'est le cas notamment des dernières volontés des mourants.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Il est importante de savoir si Hamon est socialiste ou pas.

2- Le résultat de la primaire ne me concerne pas au sens où il ne m'engage pas. Mais je reste libre d'en critiquer le résultat et son candidat.

Anonyme a dit…

d'un ex-enseignant
merci à MTS du 28 février:effectivement après cette explicatiopn fort bien argumentée ,il n' y a pas d'erreur ; on apprend tous les jours et ça rassure

Anonyme a dit…

En parlant de Monsieur Mousset, pour lequel nous sommes si nombreux à avoir tant de respect : "En outre il est de ceux que l'oligarchie a fait sortir au compte goutte de ses ghettos les plus sordides : la reconnaissance pour la main du maître qui l'a nourri, et l'a parfois flatté dans le sens du poil et câliné, il appelle cela fidélité." : c'est inadmissible, vous ne pouvez pas continuer comme ça à vous laisser traîner dans la boue Monsieur Mousset ! Portez plainte au tribunal, et nous seront nombreux à vous soutenir en qualité de témoins, à charge à l'encontre de ce pédant de BLESBOIS.